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Eireen était allongée dans une paille crasseuse et humide, aux relents si forts que la petite fée avait tantôt pensé y perdre l’odorat tant cette odeur pestilentielle lui était devenue commune. Ses paupières restaient statiques, asséchées comme des papillons flétris dans leurs cocons ; elle ne ressentait plus aucune douleur de ce corps anormalement maigre et décharné. Seule sa cage thoracique s’écartait encore de quelques millimètres pour laisser passer quelques gouttes d’air rance jusqu’à ses poumons mourants. Un ultime soubresaut agita faiblement son système nerveux, faisant à peine crisser la paille sous son petit corps. Elle sentit la vie quitter son être, elle qui avait jusque-là tant espérer que quelqu’un viendrait la délivrer des geôles sombres et crasseuses du palais de la Terre des Fées. Jusqu’à la fin, elle s’était imaginé les images bienveillantes de Théodran, son père de cœur, et de Luce, la jeune humaine de qui elle s’était si vite attachée, franchir les portes de ces oubliettes, descendre les marches menant aux cellules et faire sauter les barreaux solides de leurs gonds. Mais cela faisait bien longtemps que plus personne n’était descendu. Pas même les guerrières amazones de la reine, qui avaient subitement cessé de lui apporter de quoi manger et boire. Elle ne savait pas combien de temps elle avait attendu dans la moiteur de ces sous-sols, seule et délaissée de ses bourreaux.
Afficher en entierIl se détourna d’elle pour continuer le travail qu’il avait commencé avant son intrusion et s’installa à une table où l’attendait une broderie à perles qu’il continua sans s’inquiéter de la présence de l’humaine. Vanhi le suivit et s’assit en face de lui.
- Premièrement, je ne suis pas la « princesse » ! grogna-t-elle. Deuxièmement, je suis venu sur les conseils de Lilith. Elle dit te connaitre et aussi que tu es quelqu’un de fiable.
Il leva un sourcil sans la regarder, attentif à son aiguille.
- J’ai besoin de tes services.
- Je t’arrête tout de suite, lança-t-il en posant son ouvrage. Qu’y gagnerais-je à aider de quelque façon que ce soit l’humaine du dynaste, à part peut-être risquer ma vie ?
- Pourquoi y risquerais-tu ta vie ?
- Il est évident qu’il n’est pas au courant que tu te promènes dans les rues malfamées du château, seule, avec ton goût ferreux de chair humaine et ton sang de jouvencelle si parfumé ! T’adresser la parole, c’est déjà prendre le risque de me faire arracher la langue par ce fou d’humain qui nous gouverne. Alors t’aider…
- Caliel ne t’arracherait jamais la langue, maugréa-t-elle.
- Bien sûr…
- Bon, reprit-elle, agacée. J’allais te proposer quelque chose de plus précieux que l’or et la soie contre ton aide, mais soit.
Elle fine mine de partir, mais le jeune vampire l’arrêta.
- Pour simple information, qu’est-ce que tu avais à me proposer ?
Vanhi sourit et se retourna.
- Mon sang.
- Ton sang ? Il éclata de rire. Tu crois vraiment que je souhaite périr dans d’atroces souffrances, c’est ça ? Plutôt m’enfoncer cette aiguille dans l’œil que de consentir à planter mes dents dans ton joli cou de brindille !
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