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A Pâques, le soleil des vacances se leva. Grâce à M. Tailpied qui demanda à chaque employé d’indiquer sous quarante-huit heures la date de son départ et celle de son retour. Comment, à Pâques, savoir ce que l’on fera trois mois plus tard ? « Mettez n’importe quoi » conseillaient les chefs de service sournois. Aussi indiquait-on des dates au petit bonheur, quitte à les modifier dix fois par la suite. A chaque changement, M. Tailpied s’indignait. Depuis quinze ans, il passait son congé en Bretagne du premier au quinze juillet et du premier au quinze août. Il ne comprenait pas cette inconstance dans nos projets.
Finalement quatre-vingt-dix jours n’étaient pas de trop pour régler ce problème des dates de vacances. Tout le monde voulait partir au même moment. L’une invoquait son mari. On ne pouvait tout de même pas l’empêcher de prendre son congé en même temps que lui. L’autre avait un fils permissionnaire. Celle-ci, une cure et un hôtel retenu à Vichy. Il n’y avait plus d’amie qui comptait. Chacun pour soi. Certains services travaillaient (malgré tout il fallait bien continuer à travailler) dans une atmosphère de soufre et de lave. L’ordre finit par se rétablir. L’ordre finit toujours par se rétablir. Le tout est que cela soit en temps voulu. Priorité fut donnée à la hiérarchie : chef de service d’abord. Puis l’ancienneté, avec préférence, en cas d’ex-aequo, aux mères de famille. Ensuite intervinrent les accords privés : « Vous partez et rentrez une semaine plus tôt pour que je puisse m’en aller le 15 août ». – « Cette année, vous prenez vos vacances en juillet et moi en août ; nous ferons le contraire l’an prochain ». – « Vous rentrez le 21 ? Quel dommage, j’ai une occasion de voiture le 19. Mme Couriot, vous serez bien d’accord pour que je parte le 19, malgré tout ? M. Piedagnel me laissera toutes ses recommandations sur un petit papier et M. Ripaux, le garçon de bureau donnera bien un coup de main si on le lui demande », etc., etc.
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