Extraits

"La nuit c'est le droit au malheur le droit d'être faible et nu dans les draps

Comme un immense linceul qui couvre votre vie et votre tête

Dans la veille ou le rêve enfin le droit de ne plus faire semblant"

"Laissez venir cette mer haute et lente

Laissez grandir en vous comme une plante

Ce doux bonheur facilement brisé

Laissez la force aboutir au baiser

Laissez former le chant dans votre bouche

La main frémir de la main qui la touche

Et regardez dans vos miroir troublés

Lever en vous la jeunesse du blé"

"Ta poésie où donc as-tu la tête Va

Tu ne seras jamais qu'un peintre du dimanche dans le meilleur des cas

Triste comme un peintre du dimanche

Mal réveillé de sa semaine et qui retrouve sèches les couleurs d'il y a huit jours

Égaré comme un peintre du dimanche

Qui ne peut mettre la main ni sur ses pinceaux ni sur sa pensée

Consterné devant la toile ébauchée où il croyait avoir fixé l'invisible

Malheureux comme un peintre du dimanche qui mesure sa journée

Et tu ne peux te débarrasser de ta semaine qui te suit comme une ombre dans le dimanche"

Que le ciel pour lui se fit lourd

Il s’assit dans cette campagne

Et ferma les yeux pour toujours

L’avoine en ses bras bleus de longues veines vertes

Et comme un violon violemment ouvertes

invincible comme la douleur et comme la douleur insurmontable une voix à ce point charnelle qu’on l’entend saigner