Commentaire de bigbadniger

Il faut s'accrocher pour lire ce bouquin. Au début, on ne comprend pas très bien ce qui se passe. L'action est circonscrite à deux personnages: un écrivain râté, névrosé et sa mécène, une dame de la haute, maigre, aigrie. Le temps parait s'écouler très lentement, comme figé, mais c'est probablement parce que ce temps là est en dehors du monde, c'est un temps virtuel, intellectuel, occupé aux correspondances et aux petites préoccupations individuelles. Petit à petit, au travers de leur relation pleine d'amertume, de regrets, s'ajoutent les personnages, et les différentes intrigues, comme au cinéma, le gros plan s'élargit pour montrer l'ensemble de la scène.

Cet élargissement fait entrer un nouveau rythme dans le roman, car soudain on se rend compte que ce monde de dehors est en pleine action, en plein mouvement: la société change et ce changement donne des stigmates aux personnages, des stigmates de l'aliénation. Finalement, au travers de ces portraits, et de ces histoires psychologiques, l'auteur nous livre la fresque d'une société corrompue par les vices et la folie. Une société avec des hommes possédés par leurs désirs, idées, quotidiens qui les entraînent lentement mais surement se consumer et au malheur. Oeuvre magistrale, pas facile d'accès, mais à partir de la moitié du premier tome tout s'ouvre, tout prend un sens et nous laisse bouche bée.