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La nuit était claire, dégagée, les pentes vertigineuses du Krakgard seulement éclairées par la lumière bleutée des étoiles. Fenris pouvait être d’une beauté prenante quand elle le voulait, peut-être aussi magnifique que n’importe quel autre monde de l’Imperium.
Mais Ove-Thost n’avait vu aucun autre monde. Tout ce qu’il avait connu depuis sa naissance, c’était ce froid à vous geler les os, le feu soudain lorsque la planète crachait subitement son cœur incandescent, les océans glacés. Et encore, jusqu’à trois jours plus tôt, il avait même oublié tout cela.
Trois jours plus tôt, il n’avait été qu’une bête, la bouche trempée de salive. Il avait couru à quatre pattes, rampant parmi les crevasses grises, hurlant sa douleur aux cieux vides. Il avait combattu d’autres bêtes durant tout ce temps. Énormes, recouvertes de fourrures, des griffes et des crocs longs comme des poignards. Ils lui avaient lacéré le dos et il leur avait ouvert la gorge de ses dents.
Ove-Thost n’avait plus que de vagues souvenirs de ces combats, désormais, mais il en gardait les blessures en témoignage. Des traînées de sang gelé marquaient sa peau tendue sur ses muscles. Quand il les regardait, maintenant que ses sens humains lui revenaient, il voyait des poils épais et roux sur le dos de ses bras, sa poitrine et ses jambes. Il fit courir ses doigts, d’où ne dépassaient plus que de longs ongles, sur la tignasse sur sa nuque, et sentit les mèches rebelles se dresser sous sa main.
Il courait désormais comme il se devait d’un homme, debout, même s’il avait toujours tendance à trop se pencher en avant et à haleter. Il errait dans une neige qui lui arrivait aux genoux et qu’il déblayait devant lui en donnant de grands coups de pied rageurs. Sa respiration était hachée, tirée de poumons remplis de sang et qui lui donnaient l’impression de le brûler comme de l’huile bouillante.
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