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Extrait ajouté par Underworld 2019-10-17T16:07:10+02:00

** Extrait offert par Sharon Kendrick **

1.

Sourcils froncés en signe d’interrogation, Xavier ramassa du bout des doigts le string de dentelle et regarda la jeune femme blonde qui se trouvait dans son bureau.

— Tu es sûre de ne rien oublier, ma belle ? murmura-t-il d’une voix grave, une voix si sexy que les gens lui demandaient souvent s’il ne faisait pas de la radio.

Xavier de Maistre n’avait bien sûr pas besoin de cela pour compléter ses revenus déjà conséquents. Une fois seulement, il avait utilisé son beau visage ténébreux et son corps musclé pour gagner de l’argent : lorsqu’il était adolescent, il avait en effet été repéré par une agence de mannequins sur les Champs-Elysées. On l’avait payé une fortune pour devenir l’égérie d’un parfum.

Il avait cependant étonné tout le monde en refusant de poursuivre cette carrière, malgré les offres alléchantes qui avaient suivi le succès phénoménal de la campagne d’affichage. Il avait préféré investir son cachet dans l’immobilier. Finalement, grâce à d’ingénieux placements, il se trouvait aujourd’hui à la tête d’un empire immobilier comptant parmi les plus importants dans le monde.

La jeune femme fit une moue.

— Tu ne veux plus jouer ? demanda-t-elle d’une voix coquine.

S’imaginait-elle que rien n’avait changé depuis la fin de leur liaison, l’année précédente ? se demanda Xavier en la regardant avec froideur. Qu’il n’était pas passé à autre chose ? Qu’il allait perdre la tête en la voyant arriver, soi-disant « juste pour prendre un petit café » ? Qu’il suffisait qu’elle laisse négligemment tomber un petit morceau de dentelle sur le parquet de son appartement ?

Il esquissa un sourire cynique. Ses ex-maîtresses étaient parfois assommantes. Quoi de moins excitant que de coucher avec une femme dont on s’était déjà lassé ?

Pourtant, quand elle lui avait téléphoné la veille, il avait volontiers accepté de la voir. Une année s’était écoulée, il avait donc estimé qu’ils pouvaient boire un verre ensemble comme des personnes civilisées.

Mais dès qu’il l’avait vue, à l’éclat de ses yeux, à sa façon provocante de croiser les jambes et de porter sa tasse de café à ses lèvres, il avait deviné ce qu’elle voulait.

Il soupira. Certaines femmes n’abandonnaient jamais…

— Il me semble que nous avons épuisé toutes les possibilités de ce jeu depuis longtemps, non ? Jolie tentative, ma belle, mais tu devrais tenter ta chance avec un homme qui saura t’apprécier à ta juste valeur.

— Xavier…

Il l’arrêta par un léger mouvement de tête.

— Ne m’as-tu pas dit que tu avais un avion à prendre ?

Xavier lut l’indécision sur le joli visage de la jeune femme. Visiblement, elle se demandait s’il était vraiment en train de refuser ses faveurs. Mais elle était assez intelligente pour comprendre qu’il était inutile d’insister. Il valait parfois mieux ne pas prononcer certains mots, afin de pouvoir partir la tête haute.

Elle haussa les épaules et récupéra son string qu’elle enfila sous sa jupe. Devant ce spectacle, Xavier faillit changer d’avis et lui demander de rester. Après tout, cela aurait été si facile… Il y avait en effet une chambre au bout du couloir, avec un grand lit et une vue imprenable sur la Seine. Xavier possédait tout l’immeuble, un hôtel particulier où il avait installé le siège de son empire ainsi qu’un luxueux appartement au dernier étage. Ses réunions de travail duraient parfois jusque tard dans la nuit, il avait donc besoin d’un endroit pour dormir et n’aimait pas vraiment les hôtels.

Il était de notoriété publique que cette « garçonnière » voyait défiler ses nombreuses conquêtes, ce qui ne faisait que renforcer sa réputation légendaire de don Juan. Mais il aimait les plaisirs de la vie et il estimait qu’il avait travaillé dur pour pouvoir se les permettre et arriver là où il était.

Il se tourna vers la fenêtre et admira la Seine étincelante sous le soleil de l’après-midi.

Des bateaux glissaient sur la surface paisible de l’eau, pleins de touristes impressionnés par la multitude de monuments qui bordaient les quais de la Seine. Paris faisait cet effet. Xavier, lui, avait cette ville dans le sang, il la portait dans son cœur et dans son âme, plus lié à elle qu’à n’importe quelle femme.

Il fronça les sourcils, se demandant quand il avait fait l’amour pour la dernière fois.

Alors, pourquoi ne pas profiter de cette occasion ? souffla une petite voix tentatrice dans sa tête.

Sans doute parce que c’était trop facile. Et il n’appréciait pas ce qu’il pouvait obtenir trop facilement.

— Je suppose que je ne suis pas près de te revoir, n’est-ce pas, Xavier ?

La voix de la jeune femme interrompit ses pensées et il se retourna lentement vers elle, constatant que ses charmes ne lui faisaient à présent plus aucun effet. C’était toujours ainsi. Quelles que soient la beauté et la sensualité de ses maîtresses, il s’en lassait toujours rapidement. Peut-être son intérêt disparaissait-il une fois qu’elles étaient conquises ? Ce qui lui plaisait, c’était le défi. Et il en trouvait toujours de nouveaux à relever.

— Qui sait ? murmura-t-il en haussant les épaules. Je vais parfois à New York, nous pourrions peut-être dîner ensemble lors de mon prochain passage ?

Ils se regardèrent, sachant tous deux pertinemment que c’était la dernière fois qu’ils se voyaient.

Elle se mordit la lèvre.

— Bien sûr… Tu es un salaud, mais tu le sais déjà, n’est-ce pas ?

— Vraiment ?

C’est alors que le téléphone sonna. Xavier tourna le dos à son interlocutrice pour répondre et fronça les sourcils en écoutant ce que lui disait son assistante.

— Une personne souhaiterait vous voir, monsieur.

Xavier se figea. Cette personne n’avait pas rendez-vous et il n’aimait pas les surprises. A quoi cela servait-il qu’il paie des agents de sécurité ?

— C’est encore un de ces satanés journalistes ?

Son immeuble avait été assiégé pendant deux semaines après qu’un magazine people avait publié des photos de lui près de sa fenêtre, torse nu, mal réveillé, en train de boutonner son jean. Les clichés avaient fait sensation, et les images avaient été visionnées sur Internet par toutes les Françaises. L’affaire était à présent devant la justice.

— Non, répondit son assistante.

— Eh bien, de qui s’agit-il, alors ? Que veut-il ? demanda-t-il, agacé.

— Elle ne veut rien dire. Elle veut vous parler en personne.

— Ah oui ? demanda-t-il en baissant la voix. Est-ce que je la connais ?

— Elle dit que non.

— Je vois.

Le fait que son assistante n’ait pas mis l’inconnue à la porte n’était pas anodin. En effet, Xavier n’employait que des personnes en qui il estimait pouvoir avoir entièrement confiance.

Son regard se posa sur la jeune femme blonde qui arborait toujours une moue boudeuse et il se demanda comment il allait pouvoir se débarrasser d’elle. Cette mystérieuse inconnue était peut-être le prétexte rêvé pour se sortir de cette situation gênante.

— Dites-lui d’attendre, je descends dans un instant, dit-il avant de raccrocher.

— Tu as quelqu’un d’autre, bien sûr. Que je suis bête ! Comment ai-je pu imaginer une seule seconde qu’un an plus tard, tu serais toujours disponible, à m’attendre, prêt à reprendre là où nous nous étions arrêtés ? dit-elle avec un petit rire amer.

— Je ne t’ai jamais rien promis, Nancy. Je ne pensais pas que cela poserait un problème.

— C’est précisément là le problème ! Au revoir, Xavier, et merci pour les bons moments que tu as bien voulu m’accorder !

Sur ce, tête haute, elle quitta la pièce.

Xavier entendit ensuite le bruit de l’ascenseur qui descendait. Avait-il mal agi ? Non, c’eût été le cas s’il avait profité de son corps aujourd’hui avant de mettre de nouveau fin à leur relation. En réalité, il éprouvait une certaine frustration physique et se dit qu’un autre homme à sa place ne se serait sans doute pas posé tant de questions.

Mais Xavier était prudent. Il choisissait avec soin ses maîtresses, selon deux critères essentiels : elles devaient être très belles et il ne devait pas être question d’engagement ou d’attachement. Dès le début, il établissait clairement qu’il ne cherchait ni l’amour (sentiment qu’il ne connaissait pas) ni le mariage (qu’il ne voulait pas connaître). Et gare à celles qui tentaient de lui faire changer d’avis !

Passant une main dans ses cheveux, il sentit son désir s’apaiser progressivement. Il aurait vite oublié Nancy. Il allait demander à son assistante de lui apporter un café, et écouter ce que cette mystérieuse visiteuse avait à lui dire.

Ensuite, il rentrerait chez lui et prendrait une longue douche brûlante avant de sortir dîner. Il adressa un sourire à son reflet dans le miroir.

La liberté n’était-elle pas la chose la plus délicieuse au monde ?

* * *

Juchée sur l’accoudoir d’un canapé dont le rouge écarlate contrastait avec le tailleur qu’elle portait et auquel elle n’était pas encore habituée, Laura regardait autour d’elle.

Ces dernières semaines, elle avait mis le pied pour la première fois dans le monde du luxe, allant jusqu’à faire un séjour dans un palais au cœur d’un pays digne des Mille et Une Nuits. Elle avait cru qu’une telle opulence était inégalable, mais les bureaux de Xavier de Maistre soutenaient la comparaison.

L’immense espace ressemblait plus à une luxueuse habitation qu’au siège d’une compagnie florissante, avec ses murs couleur crème et son somptueux mobilier. Un grand chandelier étincelant au plafond et des peintures à l’huile d’un style très classique représentant des chevaux et des paysages de rivières créaient une atmosphère traditionnelle et masculine.

Laura lissa sa jupe de soie sur ses cuisses, peu habituée au contact sensuel de cette matière sur sa peau.

Elle se sentait nerveuse, même si elle se savait prête pour cet entretien. Une bonne préparation était la règle numéro un dans sa profession. Elle avait connu peu de succès dans les autres domaines de sa vie, mais elle avait travaillé dur et était devenue une bonne avocate.

Elle passa en revue ce qu’elle savait sur Xavier de Maistre. C’était un homme d’affaires international et un play-boy notoire. C’était aussi un homme puissant avec une solide réputation dans le monde de la finance. Il possédait un important parc immobilier dans Paris ainsi qu’à Londres et à New York. Les journaux évoquaient même le possible rachat, prochainement, d’une compagnie aérienne.

Il ne serait donc pas forcément intéressé par ce qu’elle avait à lui annoncer et par le bénéfice financier qui pouvait en découler. L’argent n’avait d’importance que lorsqu’on en manquait, songea-t-elle.

Elle entendit les portes de l’ascenseur s’ouvrir et se redressa. Ce ne fut pas Xavier de Maistre qui apparut mais une jolie jeune femme blonde qui lança à Laura un regard de compassion mêlé de jalousie.

— Je vous donne un conseil, ma chère, lui lança l’inconnue. Xavier est un très bon amant mais n’espérez rien d’autre de lui !

— J’en prends bonne note, répondit poliment Laura, tout en essayant de dissimuler sa nervosité.

L’assistante qui avait téléphoné pour annoncer sa présence se leva aussitôt de son siège et sembla sur le point de sauter à la gorge de la jeune femme blonde, mais celle-ci passait déjà la porte à tambour. L’employée leva les yeux au ciel d’un air indigné et se rassit.

Laura cligna des yeux. Elle n’était pas habituée à ce monde où les femmes sortaient en furie de bureaux luxueux en donnant leur opinion sur les prouesses sexuelles du propriétaire des lieux !

— Je tombe peut-être à un mauvais moment ? demanda-t-elle, gênée, à l’assistante.

— J’imagine que cela n’a pas vraiment d’importance à vos yeux, fit une voix suave derrière elle, puisque vous débarquez sans prévenir et que vous exigez de me voir, comme si j’étais à votre disposition.

Laura se leva et fit volte-face, ouvrant la bouche pour prononcer les excuses qu’elle avait préparées. Mais aucun mot ne passa ses lèvres. Bien sûr, les play-boys légendaires étaient toujours beaux à tomber par terre, et la réputation de celui-ci était connue, mais voir Xavier de Maistre en chair et en os était époustouflant… Elle cligna des yeux, comme si elle n’avait jamais vu un homme auparavant. Aucun homme comme lui, en tout cas !

Les jambes légèrement écartées, les mains posées avec arrogance sur les hanches, tout en lui exprimait l’assurance, le sex-appeal et l’autorité.

Elle avait vu une série de photos de lui et avait remarqué son nez droit et sa bouche à la fois sensuelle et cruelle, ainsi que sa peau mate. Mais elle ne s’était pas attendue à une présence aussi troublante.

Il était vêtu avec élégance d’une chemise blanche mettant en valeur son teint mat, d’un costume à la coupe impeccable assortie à une cravate de soie. Mais il se mouvait avec une telle aisance naturelle que son corps puissant semblait presque trop sauvage pour être dissimulé par des vêtements. Il aurait dû porter quelque chose de plus dépouillé ou bien même…

Laura réalisa avec effroi qu’elle était en train de l’imaginer nu.

Mais comment en était-elle arrivée là ? Elle n’était pas du genre à se laisser aller à de telles pulsions ! Elle était choquée par ses propres pensées mais incapable de détourner le regard.

Xavier de Maistre semblait dominer l’espace de tout son être, mais c’étaient surtout ses yeux noirs brillants qui la clouaient sur place… Les yeux les plus froids et les plus cruels qu’elle ait jamais vus.

— Vous ne répondez pas ? J’aurais pensé que quelqu’un qui fait preuve d’autant de témérité aurait une multitude d’arguments convaincants à déployer.

« Mais vous êtes trop occupée à me dévorer des yeux », ajouta intérieurement Xavier, amusé.

Laura fit un effort pour ramener son esprit au but de sa visite.

— Je reconnais que mon approche est un peu incongrue…

Xavier perçut son accent britannique.

— Ce genre d’euphémisme est typique de votre pays, observa-t-il. Qu’avez-vous à me vendre ?

Laura n’en revenait pas. Avait-elle l’air d’une représentante dans ce tailleur qui avait coûté plus cher que ce qu’elle gagnait d’ordinaire en un mois ?

— Rien.

Xavier l’observait d’un air narquois, tout en se demandant s’il l’avait déjà vue quelque part. Non, il s’en serait souvenu. Il la détailla de la tête aux pieds. Pourtant, quelque chose en elle le rendait perplexe. Elle était… différente.

Ses cheveux peut-être, masse sombre aux reflets roux qui rendait son teint presque diaphane ? Ou bien ses yeux, sans doute les plus beaux qu’il ait jamais vus ? De grands yeux verts semblables aux émeraudes que l’on pouvait admirer dans les vitrines des joailliers de l’avenue George V, à deux pas de son hôtel particulier.

Sa silhouette était élancée mais d’une féminité intemporelle, avec une poitrine ronde et une taille fine qui soulignait la courbe de ses hanches. Elle savait manifestement s’habiller pour se mettre en valeur. Elle portait un tailleur champagne qui n’avait rien de strict, avec de délicats escarpins en daim dont les hauts talons attirèrent son regard sur ses fines chevilles. Il se surprit à imaginer ses longues jambes enroulées autour de son dos nu…

Il déglutit et se reprocha de ne pas avoir satisfait son désir sexuel tout à l’heure, quand il en avait eu l’occasion. Mais ne s’était-il pas toujours targué de ne pas être à la merci de ses pulsions ?

— Vous n’avez donc pas entendu parler du téléphone ? dit-il d’un ton railleur. Ne vous est-il pas venu à l’esprit de respecter la procédure normale pour obtenir un rendez-vous avec moi ?

— Si, bien sûr, mais j’avais de bonnes raisons pour préférer cette approche inhabituelle.

— Vraiment ? Comme c’est intrigant.

Il plissa les yeux. Quelque chose dans l’attitude de la jeune femme le perturbait. Peut-être parce qu’elle ne posait pas sur lui un regard plein d’adoration comme le faisaient les femmes d’ordinaire ? Parce qu’elle ne faisait pas preuve de la déférence à laquelle il était habitué ?

— Qui êtes-vous ? demanda-t-il.

Son regard noir semblait passer sur Laura comme une traînée de feu et, soudain, elle se mit à douter. Son esprit si bien entraîné à analyser et compartimenter les informations n’était plus qu’un amas confus de pensées.

Elle était sous l’emprise de son regard magnétique, de la puissance que dégageait son corps et de l’effet qu’il semblait produire sur elle, lui donnant envie de…

Mais elle était là pour affaires.

Enfin… pas tout à fait. Car elle savait que ce qu’elle était sur le point de faire aurait un impact plus personnel que professionnel sur sa vie.

Ce qu’elle allait révéler à Xavier de Maistre n’allait-il pas changer son existence ? Elle savait qu’elle devait agir avec précaution car le sujet était aussi délicat à manipuler que de la dynamite.

Elle lui tendit la main en affichant un sourire engageant, espérant ainsi dissimuler son trouble et ses craintes.

— Je m’appelle Laura Cottingham.

— Laura, répéta-t-il de sa voix suave, donnant à son prénom une connotation incroyablement érotique.

Il serra sa main et son pouce vint glisser sur son poignet.

— Est-ce que je vous connais ? Votre visage ne m’est pas familier, or je n’oublie jamais un beau visage.

« Belle », elle ? Le relooking qu’on lui avait offert préalablement à cette mission inhabituelle la mettait certes à son avantage, mais elle ne s’était jamais considérée comme « belle ». Elle avait passé sa vie à s’efforcer de devenir quelqu’un, jusqu’à ce qu’une histoire d’amour ratée achève de lui faire perdre le peu de confiance qu’elle avait en elle.

Elle sentait la chaleur de sa peau, la caresse subtile de ses doigts sur sa main. Elle retira celle-ci précipitamment.

— Non, répondit-elle dans un souffle. Nous ne nous sommes jamais rencontrés.

— Alors, que faites-vous ici ? Pourquoi hésitez-vous à m’exposer votre cas alors que la plupart des gens auraient déjà tout déballé de peur que je ne les fasse jeter dehors par un des vigiles ? Vous m’intriguez, miss Cottingham, et cela n’arrive pas souvent à un homme comme moi.

« Un homme comme moi » : décidément, il était l’arrogance en personne ! pensa Laura. Certes, il possédait suffisamment de charisme pour se le permettre. On devait tout pardonner à ces yeux noirs brûlants…

Laura jeta un regard en direction de l’assistante qui ne perdait pas un détail de la scène, tout en faisant semblant de vaquer à ses occupations.

Bien, surtout ne pas se laisser déconcentrer…

— Je préférerais vous parler en privé, dit-elle.

Et pourquoi donc ? se demanda Xavier. Pensait-elle que sa beauté l’autorisait à imposer ses conditions ? Une autre éventualité, plus désagréable, lui vint alors à l’esprit. Si c’était ce à quoi il pensait, elle n’était pas la première à essayer.

— S’agit-il d’une demande de reconnaissance de paternité ? Etes-vous ici de la part d’une de mes ex ?

— Non, non, pas du tout ! répondit précipitamment Laura, en secouant la tête.

Xavier de Maistre n’était pourtant pas si loin de la vérité, réalisa-t-elle, gênée.

— Je pense simplement qu’il vaut mieux que nous ayons cette conversation en privé, insista-t-elle.

Il l’étudia longuement, comme pour essayer de décrypter ses pensées. Quand il détourna enfin le regard, Laura avait l’impression qu’il venait de la déshabiller.

— Très bien, allons dans mon bureau. Mais j’espère pour vous que cela en vaut la peine, car je déteste qu’on me fasse perdre mon temps.

Il se dirigea vers une porte à l’extrémité du vaste hall. Laura saisit sa serviette en cuir et le suivit, au comble de la nervosité.

— Fermez la porte, dit Xavier en se retournant pour admirer le balancement des hanches de la jeune femme.

Avait-elle délibérément choisi cette jupe aussi serrée et ces talons hauts, sachant que cela lui donnerait une démarche à laquelle aucun homme normalement constitué n’aurait pu résister ?

Laura poussa la porte et lui fit face, soudain intimidée par le fait qu’elle se trouvait seule avec lui. Il ne lui avait pas proposé de s’asseoir, elle resta donc debout dans la grande pièce, tenant sa serviette comme une voyageuse qui aurait manqué son train.

— C’est très aimable à vous de me recevoir aussi rapidement, monsieur de Maistre.

— Je vous assure qu’il ne s’agit pas d’amabilité mais de commodité. Voyez-vous, miss Cottingham, vous m’avez fourni un prétexte pour échapper à une situation qui devenait assez… ennuyeuse.

Il s’attendait à ce qu’elle montre de la curiosité, comme toute femme ayant l’occasion de marquer des points sur une rivale. Mais elle ne releva pas son sous-entendu. Elle lui accorda juste un sourire froid, presque glacial, attitude à laquelle il était peu habitué.

Laura savait qu’elle n’était pas en position de faire un quelconque commentaire sur son arrogance ou sur la « délicatesse » avec laquelle il s’était débarrassé de la jeune femme blonde. Cependant, elle éprouvait soudain de la compassion pour cette inconnue qui était sortie en trombe du bureau de Xavier de Maistre. Il était sûrement facile pour une femme de le désirer et tout aussi difficile de le quitter quand il décidait de mettre un terme à la relation.

— J’aurais pris rendez-vous à une autre date si vous n’aviez pas pu me recevoir aujourd’hui, dit-elle d’une voix calme en ouvrant sa serviette. Mais j’ai reçu pour instruction de vous parler en personne.

Son ton et ses mots éveillèrent la méfiance de Xavier. Sa première impression se confirmait : quelque chose dans le comportement de cette jeune femme était suspect.

D’ordinaire, les gens venaient vers lui parce qu’ils voulaient quelque chose. Or, Laura Cottingham était certes aimable mais professionnelle et efficace, froide même, comme quelqu’un qui n’avait pas besoin d’obtenir une faveur mais qui au contraire se trouvait en position de force.

— Vous avez reçu des instructions ? demanda-t-il.

— Oui.

— Seriez-vous avocate ?

— Oui.

— Je ne fais pas confiance aux avocats, sauf s’ils travaillent pour moi.

— C’est sans aucun doute un réflexe très sain.

Elle s’attendait sans doute à ce qu’il rie, mais Xavier n’en fit rien. Il riait rarement, et de façon toujours contrôlée. Selon lui, le rire était une preuve de vulnérabilité.

— Pourquoi n’avez-vous pas contacté mes avocats s’il s’agit d’une question juridique ?

— Parce que… parce qu’il s’agit d’une affaire délicate qui ne regarde que vous.

— Que de mystères ! Dites-moi, vous aimez jouer ? Au lit aussi ? Allez-vous enfin cesser de minauder et m’en dire plus ?

Laura rougit à cette allusion ouvertement sexuelle, mais elle ne pouvait pas se permettre de s’en aller en claquant la porte. La meilleure attitude était donc de l’ignorer.

— Certainement, monsieur de Maistre, répondit-elle sèchement. Je suis ici pour représenter les intérêts de mon client, le cheikh Zahir du Kharastan.

Xavier se figea. Il se laissait rarement surprendre, mais cette femme y était parvenue. Un cheikh ? Sa société n’avait pourtant aucun intérêt financier dans cette région du monde.

— Je ne comprends pas.

— C’est normal. Mais je vais essayer de vous expliquer, dit-elle en prenant une profonde inspiration. Vous avez peut-être entendu parler du Kharastan ?

— Je connais de nom la plupart des pays, en effet, dit-il, peu décidé à se montrer coopérant.

— Savez-vous que c’est un Etat montagneux extrêmement riche qui jouxte le Marhaban ?

— Je n’ai pas besoin d’une leçon de géographie, merci. Je vous accorde un peu de mon précieux temps, ne le gaspillez pas ! Soit vous me dites ce que vous faites ici, soit vous prenez la porte.

Laura avait prévu d’aborder le sujet en douceur, mais devant l’impatience dont Xavier de Maistre faisait preuve, elle comprit qu’elle n’en avait plus le temps.

— Je suis ici pour vous parler de votre père.

A ces mots, Xavier se raidit, et Laura sentit qu’elle venait de s’aventurer sur un terrain interdit. Il fit un pas vers elle.

— Comment osez-vous aborder un sujet aussi personnel ? murmura-t-il d’un ton menaçant. Vous, qui n’êtes qu’une étrangère ! Comment osez-vous ?

Laura ne broncha pas devant l’accusation. Il avait le droit d’être en colère, n’importe qui l’eût été à sa place.

— Je ne fais qu’exécuter des ordres, répondit-elle, consciente de la responsabilité qui pesait sur elle.

— Quels ordres ? Dites-moi ce que vous savez !

A cet instant, Laura se rendit compte qu’il n’existait aucun moyen d’adoucir la vérité. Xavier de Maistre avait besoin d’entendre les faits dans toute leur simplicité implacable.

— Je suis ici car nous avons de fortes raisons de croire que vous êtes le fils du cheikh du Kharastan.

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