Extraits

- Qu'est-ce que tu veux de moi, Magnus ? souffla-t-il d'une voix accablée.

Je n'osais pas faire un geste de peur que cela le fasse fuir.

- Toi, dis-je honnêtement. C'est toi que je veux, Dante.

Il ferma les yeux, comme s'il souffrait, et son visage s'assombrit. J'ignorais pourquoi ce n'était pas la réponse qu'il voulait entendre. C'est pourtant la seule que j'avais à lui donner. Je n'allais pas le faire flipper non plus en parlant d'avoir une relation, même si je savais au fond de moi que c'était ce que je désirais. Je souhaitais avoir l'occasion d'explorer les sentiments qu'il éveillait en moi. J'espérais avoir la chance de connaître le vrai lui... celui dont je n'avais eu que des aperçus.

Conscient que c'était le moment de jouer à quitte ou double pour nous, je ne comptais pas édulcorer les choses dans l'optique qu'il reste.

- Mais c'est le véritable toi que je veux, poursuivis-je. Pas cette version que tu montres à tout le monde.

Je pris le risque d'avancer d'un pas, bien qu'au moins cinq mètres nous séparaient encore.

- Tu ne voudrais pas du vrai moi, rétorqua-t-il faiblement, d'une voix qui perdait toute émotion.

- Teste-moi, et tu le sauras, suggérais-je en m'approchant plus près.

- Le chauffeur de taxi m'attend.

- Il peut patienter un peu.

Je lui avais simplement dit « salle de bain du haut », et il avait hoché la tête avec tant d’excitation qu’il avait ressemblé à un homme venant de gagner à la loterie. Donc la pipe aurait vraiment dû être meilleure. Ou bien j’aurais au moins dû regarder ses cheveux bruns plutôt que de penser à des mèches noires entrecoupées de fils d’argent. Je n’aurais pas dû espérer que ce seraient de magnifiques yeux bleus qui se lèveraient vers moi pendant la fellation. Putain de Magnus DuCane. Je l’avais rencontré le jour où j’avais été assigné à la surveillance extérieure de la chambre d’hôpital de son petit-fils. Le petit Matty Travers subissait des chimiothérapies à l’hôpital pour enfants de Seattle, et j’étais chargé de le protéger après que Tate, son père, et Hawke, mon ancien collègue, s’étaient trouvés aux prises avec des trafiquants de drogue. Heureusement, personne n’était venu s’en prendre au petit garçon. J’étais content qu’il soit sorti de l’hôpital, même s’il allait me manquer. Ce qui n’allait pas me manquer en revanche, c’était les regards dédaigneux que m’adressait Magnus chaque fois qu’il me voyait. Comment aurais-je pu deviner qu’il n’était pas gay ni même bi ?

"– Le plat principal, Dante, c’est toi.

Le sexe est juste le dessert."