Ajouter un extrait
Liste des extraits
- S'il vous plaît...
- Attendez un peu! Je pense que ce que vous décrivez, cet instrument que je qualifierai d'impossible, avec votre permission, et qui est censé, par une méthode dépassant notre entendement, faire imploser notre conception actuelle de l'univers pour créer une théorie capable de répondre à toutes les questions , en commençant par "comment" et en terminant par le bien plus délicat "pourquoi"... Cet instrument miraculeux, donc, n'est ni plus ni moins qu'une divinité faite maison. Vous voulez vous fabriquer une machine qui vous rendra omnipotent, Vincent? Vous voulez devenir Dieu?
- Pas moi, non, pas Dieu...
- Savoir tout ce qui est, tout ce qui fut et tout ce qui pourrait être...
- C'est le but de la science! Une arme à feu n'est pas dangereuse en soi, ce sont les hommes qui en font un mauvais usage...
- Ah, dans ce cas, tout va bien! Donnez donc l'omnipotence à l'humanité!
- "Dieu" est un terme si emphatique...
- Vous avez raison, aboyai-je plus sèchement que je l'avais voulu. Appelez plutôt ça "miroir quantique", et personne ne soupçonnera l'étendue de votre ambition.
Il haussa les épaules.
- Dans le fond, peut-être que c'est ça. Peut-être que Dieu n'a jamais été autre chose qu'un miroir quantique.
Afficher en entierJe demandai :
- Me laissez-vous un peu de temps pour réfléchir?
- Bien sûr, répondit-il aimablement.
- Ça vous ennuie si je garde mon arme? ajoutai-je.
- Pas du tout. Et vous, ça vous ennuie d'attendre dans une cellule? Il y a ici beaucoup d'équipement fragile que vous risqueriez d'éclabousser de votre sang si vous veniez à vous faire sauter la cervelle.
- Ce serait très frustrant, en convins-je. Je vous suis.
Afficher en entierPouvait-on sauver même un homme tel que Richard Lisle?
La voix de Vincent, mon étudiant d'autrefois, alors que nous buvions du whisky dans mon bureau à Cambridge :
"La question que vous devez vous poser, c'est : le bien que vous ferez à autrui en l'aidant à résoudre son problème, quel qu'il soit... Mettons par exemple qu'il souffre de la goutte. Le bien que vous lui ferez en l'aidant à se soigner, donc, compensera-t-il la fatigue et le dégoût que vous endurez en l'aidant? Je sais que ça n'a pas l'air très noble, Harry, mais vous faire du mal dans l'intérêt d'autrui ne l'est pas non plus. Car en vous efforçant de réparer ce mal, vous risquez de nuire à quelqu'un d'autre. C'est une spirale infernale. Et, à la fin, tout le monde est plus mal en point qu'avant."
Il avait marqué une pause pour méditer ses propres paroles avant d'ajouter :
"Et puis la goutte? Allez-vous vraiment aider quelqu'un à soigner sa goutte?"
Deux semaines plus tard, je suivis Richard Lisle jusque chez Rosemmary Dawsett. Il resta une heure et ressortit plus débraillé, mais l'air assez satisfait. Debout sur le seuil, elle lui sourit tandis qu'il s'éloignait dans la nuit.
Le lendemain, j'achetai une arme.
Afficher en entierSa moustache avait cessé d'être à la mode le lendemain de l'invasion de la Tchécoslovaquie par Hitler, et la seule chose sensée que je l'aie jamais entendu dire, c'est :
- Docteur August, il n'est pas de plus grande solitude que celle qu'un homme peut éprouver au sein d'une foule. Il peut bien hocher de la tête, sourire et dire ce qu'on attend de lui : en faisant semblant, il éloigne encore davantage son âme de la fraternité des hommes.
Je lui demandai dans quel biscuit chinois il avait trouvé cette citation. Perplexe, il me demanda ce qu'étaient les biscuits chinois, et s'il y avait du gingembre dans la recette.
Afficher en entierJe pourrais dire que j'avais perdu la forme, mais cela impliquerait que je l'aie eu à un moment donné (...)
Afficher en entier– Puis-je vous offrir un thé ? proposai-je.
– Non, merci. Je ne peux pas être vu fraternisant avec l’ennemi sans nécessité.
– Vous venez de dire que je n’étais pas l’ennemi.
– Vous êtes idéologiquement corrompu mais inoffensif, rectifia-t-il.
Sur ces mots, et sans cesser de s’incliner à profusion, il s’apprêta à prendre congé.
Afficher en entierIl n’y a qu’une seule règle gravée dans le marbre : vous pouvez faire ce que vous voulez, à condition de ne pas foutre le bordel. Donc, pas question de lâcher une bombe atomique sur New York ou de descendre Roosevelt, fût-ce dans un dessein expérimental. Nous avons autre chose à faire que gérer ce genre d’âneries.
Afficher en entierLe second cataclysme se déclencha durant ma onzième vie, en 1996. Je mourais comme d’habitude, m’enfonçant dans la brume tiède de la morphine, lorsqu’elle m’interrompit tel un glaçon qui aurait glissé le long de ma colonne vertébrale.
Elle avait sept ans et moi soixante-dix-huit. Ses cheveux étaient blonds et raides, attachés en une longue queue-de-cheval dans son dos. Les miens, du moins ceux qui me restaient, avaient viré au blanc neigeux. Je portais une blouse d’hôpital à l’humilité stérile et elle, un uniforme d’écolière bleu vif et un béret.
Elle se percha sur un côté de mon lit, les pieds pendant dans le vide, et me regarda droit dans les yeux. Examinant le moniteur cardiaque relié à ma poitrine, elle constata que j’avais déconnecté l’alarme, chercha mon pouls et dit :
– J’ai failli vous rater, Docteur August.
Afficher en entier- C'est une question de complexité, repetai-je fermement. Vous et moi ne sommes que des individus. Nous ne pouvons pas contrôler des événements socioéconomique à une si vaste échelle. Vous pourriez essayer, mais le fait d'altérer un seul fait, fut-ce de la facon la plus insignifiante en apparence, risquerait d'invalider tous les autres événements que je vous ai décrits.
Afficher en entier- La seule chose qui me surprenne encore, avait-elle déclaré, c'est ce que les gens avouent quand ils sont soûls.
Afficher en entier