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Extrait

Extrait ajouté par Estard 2016-02-23T02:05:24+01:00

Première rencontre avec Ian:

Au téléphone, je n’avais pas demandé à Ian comment j’allais le reconnaître, mais j’étais prête à parier qu’il serait le seul vampire des lieux. Dans le cas contraire, autant dire que j’allais au-devant de problèmes bien plus graves que son anonymat. Finalement, non, il était là. Je le vis à travers la vitre et le reconnus avant même de l’entendre ou de sentir son odeur. Ça devait tenir à son maintien parfait (chose rare chez les hommes de nos jours) ou peut-être à la manière dont ses longs cheveux gris étaient savamment disposés sur ses épaules. Ses fins doigts pâles enserraient le pied d’un verre à vin avec une délicatesse dont nous, vampires, savons faire preuve lorsque nous tenons un objet fragile. Parfois, nous ne connaissons pas notre propre force.

Je m’engouffrai à l’intérieur et passai devant une serveuse à qui j’adressai un hochement de tête indiquant que j’allais me débrouiller seule. À moins que mon geste ne lui ait signifié que je n’étais qu’une sale conne agressive et impatiente. Peu importe, je n’avais pas besoin d’aide pour trouver ma table. Mon rendez-vous professionnel portait des lunettes. Pas vraiment des lunettes de soleil, mais elles étaient teintées en bleu. Les verres ne masquaient pas ses yeux et je me demandai donc pourquoi il prenait la peine d’en porter.

— Madame Pendle ? (Il ajouta un point d’interrogation superflu après mon nom alors qu’il se levait de sa chaise pour me saluer. Il me tendit sa main, que je serrai.) Monsieur Stott. Ou Ian, comme vous préférez.

Il me fit signe de m’asseoir face à lui. Alors que je m’installais, il poursuivit :

— Vous êtes pile à l’heure. Je vous remercie de me rencontrer si rapidement.

— Je suis toujours à l’heure, minimisaije, et généralement en avance. Et je vous remercie d’être resté hors de mon appartement.

Il fronça légèrement les sourcils derrière sa monture cerclée.

— Je vous demande pardon ?

— Vous savez manifestement où j’habite, mais vous vous êtes donné la peine de rester discret à ce sujet. Pour vous dire la vérité, je ne sais toujours pas trop comment le prendre. D’habitude, on me contacte par le biais d’une tierce personne.

Je suspendis négligemment ma veste au dossier de ma chaise et posai mon sac sur le sol, près de mes pieds.

— Oh.

Il prit une gorgée de vin et une serveuse remarqua que je n’avais pas été servie. Je commandai un verre de blanc non pétillant et lorsque la serveuse se fut éloignée, je répondis :

— Oh ? C’est tout ce que vous trouvez à dire ? Si j’étais une femme d’un autre genre, j’aurais sans doute perçu votre invitation comme une menace.

...

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