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Déconcerté, il regarda autour de lui, écouta. Plus un son. L'impression inquiétante que la forêt s'était tue. Le babil des oiseaux, le passage des petites bêtes timides, même la brise agitant les ramures, tout s'était tu. Un silence anormal planait, lourd de menaces, oppressant.
Afficher en entier« Et par-dessus le crépitement des flammes, les pleurs, les plaintes, les gémissements, les hurlement. Et les appels au secours. Le craquement des meubles qui éclataient, le choc sourd des armes improvisées. Une radio dont le son avait été poussé par erreur, qui continuait de vociférer une rengaine sentimentale distillée par la voix sirupeuse du dernier chanteur à la mode.
Sous les yeux médusés des policiers, c’était partout l’horreur, l’horreur toujours renouvelé. A la fin leur esprit se ferma, refusant d’en voir d’avantage ; et c’est dans un décors brouillé qu’il se lancèrent à l’attaque. Comment chercher à viser quoi que ce soit dans cet épouvantable enchevêtrement ? Ils tirèrent donc dans le tas, indistinctement. Les rats arrivaient par centaines, par milliers. Les hommes démunis de pistolets se servaient de ce qui leur tombait sous la main, arrachaient de bouts de palissade, des piliers de porche, tout ce qui pouvait faire office de gourdin. Pour une meilleure protection, ils essayaient de se grouper, mais tant d’hommes tombèrent sous la multitude des rats que les groupes de combattants se réduisirent de plus en plus… »
Afficher en entier« La souffrance semblait l’avoir abandonné depuis quelques instants, à moins qu’elle n’ait atteint une intensité subliminale ? Pourquoi s’interrogeait-il encore ? Pourquoi les questions, pourquoi les doutes encore ? En un moment pareil, il devait bien y avoir une réponse ? Mais non, rien, aucune révélation. Une seule certitude, on le mangeait. Il comprit enfin que son corps était bel et bien mort. Seules survivaient ses pensées. »
Afficher en entierPROLOGUE
Il y avait cinq jours que le rat était prisonnier de la cave. C’était une femelle. Elle était allée se cacher dans un coin, derrière de vieilles étagères, pour mettre bas puis, quand elle avait voulu répondre à l’appel qui s’était mis à résonner dans sa tête, elle s’était trouvée coincée par une lourde porte de fer. Le son n’avait pas cessé pendant cinq jours. Lancinant, monotone, étale, il avait presque rendus fous la mère et ses petits. Mais ils avaient trouvé de quoi se nourrir en abondance car les habitants de la maison avaient contrevenu aux ordres du gouvernement en gardant des provisions et en fermant leur cave qui, ainsi, ne put être nettoyée. Ils avaient prévu – c’était de petits commerçants avisés – qu’au retour de la population, il y aurait de gros problèmes de ravitaillement pendant les quelques premiers jours, avant que les choses ne reviennent à la normale et ils comptaient bien s’enrichi avec un peu de marché noir. Les rats se gorgèrent de nourriture. Les petits grandissaient et grossissaient chaque jour. Ils étaient déjà brun foncé, presque noirs. A l’exception d’un seul. Seuls quelques poils blancs piquaient son corps rose, presque blanc. Apparemment, il dominait les autres qui lui apportaient sa nourriture et se relayaient pour maintenir la chaleur de son corps en l’entourant du leur. Adjacente à sa tête, juste devant le garrot épais, une étrange excroissance, comme une bosse, avait fait son apparition.
Patiemment, ils attendaient le retour de la population.
Afficher en entierParadoxalement, le soulagement s’installa vraiment lorsqu’on découvrit le premier rat brun. Ennemi juré du rat noir commun qu’il avait toujours dominé jusque là, il avait été évincé par cette nouvelle espèce de rattus rattus, ce rat noir géant beaucoup plus puissant que lui, et tellement plus rusé. Le retour du rat brun signifiait donc que ce fameux rat noir était définitivement vaincu. Quant aux espèces de plus petite taille, il était bien sûr plus facile de s’en débarrasser
Afficher en entierA l’époque de la Peste noire, comme l’avait baptisée la presse, Pender était un entomologiste attaché à une société spécialisée dans la protection du bois. Pour le prestige, il écrivait des articles variés sur la vie des insectes, et pour le profit, participait à l’édition d’une encyclopédie. Sa société étant implantée loin de Londres, il avait eu la chance d’échapper au cauchemar de son invasion, puis de son évacuation. On avait finalement réussi à tuer ces rats par le gaz – c’était une espèce nouvelle d’un rat noir géant. Il avait fallu les extraire de leurs repaires souterrains à l’aide d’engins émettant des ultrasons ; ensuite, si l’on exceptait quelques accrochages sans gravité avec certains sujets ayant survécu au gaz, la menace avait paru jugulée. Il était cependant difficile d’accréditer ce fait auprès du public, quand la maladie transmise par la morsure des rats avait causé la mort de centaines de personnes. Et comment effacer le souvenir des malheureux qui avaient péri déchiquetés
Afficher en entierL’entrée des laboratoires n’était plus très loin. Le conducteur réduisit progressivement sa vitesse, en décélérant plutôt qu’en se servant des freins. La voiture quitta la route parsemée de feuilles mortes et s’engagea dans l’allée qui serpentait au milieu des arbres vers l’imposante construction de brique rouge. Ici, les feuilles habillaient le sol d’un véritable tapis
Afficher en entierNormalement, on ne voyait pas de cerfs dans cette partie de la forêt, puisqu’ils vivaient de l’autre côté, près du bois de Theydon, dans une réserve spéciale où ils étaient à l’abri des voitures et des touristes. Leur existence était précieuse pour la forêt, en ce moment surtout, à la saison du rut. Ces cinquante dernières années, leur population avait tellement décru qu’il avait fallu prendre des mesures radicales pour la protéger. Il était donc singulier de voir un cerf en liberté dans ces parages, mais l’apparition de celui-ci était plus étrange encore : car il y avait trente ans qu’on n’avait vu un mâle blanc à Epping. Superstitions et folklore de la forêt étaient trop bien implantés en Denison pour qu’il n’en éprouve pas un sentiment de malaise. Il savait que l’apparition soudaine d’un cerf blanc était de mauvais présage
Afficher en entierIls quittaient à toute allure le couvert des arbres ; grâce à Dieu, soupira le cavalier, une prairie s’ouvrait devant eux. Sortant du chemin, le cheval s’élança dans la luxuriante verdure, et le garde pria le ciel qu’il ne rencontre ni trou ni ornière où se casser la jambe, et peut-être le cou. Il tira de nouveau sur les rênes ; en rase campagne, l’agitation de sa monture faiblissait, il le sentait. — Ho, ma grande, arrête-toi ! Ho, Bettina ! ordonna-t-il d’une voix qui se voulait égale, bien qu’il fût difficile en ces circonstances de ne pas céder à la panique
Afficher en entierMais l’animal se mit à sauter d’un pied sur l’autre, en lançant la tête en arrière, loin du fourré pourtant désormais silencieux. Il fallait regagner le sentier, l’éloigner du sous-bois menaçant : le cavalier lui pressa le flanc du genou gauche tandis qu’il tirait sur la rêne droite. Ce fut alors que la jument prit le mors. En l’absence de toute autre manifestation de bruit ou de mouvement, simplement parce que la tension intérieure avait eu raison de sa résistance, elle s’enfuit au grand galop par le sentier, dans le tonnerre de ses sabots qui faisaient voler de grosses mottes de terre
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