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Il faudrait que derrière la porte de chaque satisfait, heureux, se tienne quelqu'un armé d'un petit marteau dont les coups lui rappelleraient sans cesse que les malheureux existent, que, si heureux qu'il soit, la vie lui montrera tôt ou tard ses griffes, le malheur, la maladie, la pauvreté, les deuils viendront s'abattre sur lui, et que personne à ce moment-là ne le verra ni ne l'entendra, comme lui maintenant n'entend ni ne voit personne." (p 229)
Afficher en entierJe crois qu'elle aurait surtout voulu être quelqu'un d'autre, quelqu'un dont la légitimité n'aurait fait aucun doute, auprès de qui personne n'aurait jamais eu le loisir d'exercer la moindre pression, qui aurait suscité l'admiration bien sûr, une femme libre, inatteignable, peut-être même puissante." (p 180)
Afficher en entierElle s'arrête toujours devant les murs éventrés des maisons en démolition pour reconstituer la cuisine avec les marques des placards et de l'évier, chercher les chambres aux papiers peints déchirés où se devine la place d'un lit, d'une commode ou d'un bureau grâce aux lignes poussiéreuses, plus sombres, qui trahissent encore l'existence des meubles fantômes, puis repérer la salle de bains où luisent des morceaux de carrelages bleus ou blancs, parfois même un lavabo accroché à des tuyaux qui ne fuiront plus." (p 162)
Afficher en entierComme la Camille de Musset, je m'exerçais à travers d'autres vies à ne plus avoir peur de la mienne." (p 140)
Afficher en entierLorsque je trouve un chapitre qui ressemble à ça, une phrase limpide plus précieuse qu'un bijou, je m'endors avec, sous mon oreiller, près de mes mains, de mon visage, comme si sa substance pouvait m'imprégner pendant la nuit, me transmettre un peu de sa vérité et me protéger de l'obscurité." (p 133)
Afficher en entierPourquoi n'ai-je jamais su quitter les lieux que j'aimais ? Pourquoi est-ce si difficile de les laisser, d'accepter qu'on ne pourra pas les revoir car ils ne nous appartiennent plus, la porte s'est claquée pour toujours, le temps ne fera que nous en éloigner, à moins d'être un bon rêveur, celui qui se souvient toujours de s'y attarder encore, d'entrer à nouveau dans ces pièces de l'enfance, sans autre clé que le désir constant d'y revenir." (p 89-90)
Afficher en entierAu pied de l'arc-en-ciel se dissimule toujours un trésor", nous répétait mon père. Notre univers avait la texture d'un rêve, oui, une enfance rêvée, plutôt qu'une enfance de rêve." (p 62)
Afficher en entierIl y a des chocs silencieux, presque invisibles, qui modifient entièrement le fragile équilibre d'un être, et passent pourtant inaperçus ..." (p 38)
Afficher en entierMon récit manque d'unité, ne respecte aucune chronologie, et ce désordre est peut-être à l'image de nos vies, en tout cas de la mienne, car il existe certainement des gens capables d'ordonner la leur.
Isabelle CARRÉ, Les rêveurs, page 277
Afficher en entierPeut-être qu'une fois encore, j'ai seulement rêver de le faire? Souvent cela suffit. Lorsque quelqu'un me blesse je lui écris une lettre, que je n'envoie jamais, le fait qu'elle existe pour moi m'apaise déjà, alors à quoi bon aller au bout de mon geste?
Isabelle CARRÉ, Les rêveurs, page 246
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