Les rois malhonnêtes

Les éditions Magnard Jeunesse viennent de consacrer à deux contes arméniens, un magnifique album intitulé "Les rois malhonnêtes".

Je souhaite vous entretenir tout particulièrement de l'un de ces deux contes qui a pour titre "Ce que tu fais, c'est à toi que tu le fais".

C'est un très vieux conte, venu du fond des âges, enseveli au cours des siècles, sous les voiles de l'oubli. Il nous explique que ce que nous faisons, le bien comme le mal, nous revient à la manière d'un boomerang.

Comme des centaines d'autres relevant de la tradition orale, ce conte était voué à une inexorable disparition, jusqu'au jour où un événement inattendu et douloureux le projeta dans l'actualité.

Voici les faits, tels qu'ils m'ont été relatés par l'auteur à qui je faisais dédicacer mon livre :

Dans toutes les républiques socialistes soviétiques, l'égalitarisme était la règle de base. Le manœuvre, le plombier, le balayeur avaient un niveau de salaire quasiment égal à celui du chercheur, du savant, du médecin...

A l'éclatement de l'URSS et au passage à l'économie de marché, chacun voulut faire payer ses compétences au juste prix.

Ainsi, un chirurgien de renom n'opérait que moyennant versement préalable d'espèces sonnantes et trébuchantes, que nous appelons ici pudiquement, dépassements d'honoraires.

Pas de sous, pas de soins !

Or, il advint qu'un jour où cet homme était de garde, on lui signala l'arrivée d'un jeune garçon victime d'un accident et nécessitant des soins urgents.

- Ses parents sont-ils avec lui ? demanda le praticien, pensant à son enveloppe.

- Non.

- Eh bien qu'on les prévienne et qu'ils me payent d'abord.

Tout le temps perdu aboutit au décès du jeune garçon... qui n'était autre que le fils du chirurgien...

On dit que cet homme, fou de chagrin, cessa toute activité pour pleurer la mort de son fils dont il était seul responsable.

Cette histoire authentique fit le tour du pays et le vieux conte qui disait la vérité, refit surface dans les vieilles mémoires.

Je ne sais si les éditions Magnard avaient connaissance de cette histoire, mais elles ont été inspirées en la publiant pour rappeler à chacun que : "Ce que tu fais, c'est à toi que tu le fais".

Le second conte s'intitule « La marmite miraculeuse », il présente l'histoire d'un pauvre laboureur qui eut la surprise de découvrir, enfouie dans le champ de son propriétaire, une marmite pleine d'or...

Laboureur et propriétaire de la terre auront affaire à un roi cupide et fort avide...

Je vous recommande chaudement ce merveilleux livre d'un format généreux, format auquel je ne m'attendais pas du tout ; je pensais qu'il s'agissait d'un tout petit livre, j'ai été ravie de découvrir un joli album de 28/33 cm. A la lecture des deux contes, j'ai vraiment eu l'impression d'écouter l'auteur me raconter de vive voix ces deux récits pleins de sagesse...

De jolis dessins illustrent chacune des pages.