Les Rourke, Tome 5 : Royal Player

Oscar

La conversation devient cacophonique alors que tout le monde exprime son opinion à propos de l’entreprise et de son évolution future, et je ressens une énergie telle que je n’avais plus éprouvé depuis ma blessure. Je n’ai jamais cru que le royaume aurait besoin de moi pour quoi que ce soit. Enfin, il existe un moyen pour moi de contribuer au royaume et de l’aider à prospérer.

Notre conversation est interrompue lorsque notre majordome, Nolan, se racle bruyamment la gorge et annonce :

— Sa Majesté, la Princesse Mary Louise Lyon.

Je suis irrité, parce que j’ai envie de parler business, jusqu’à ce que je tourne la tête et que je la voie pour la première fois…

Coup de foudre.

Je suis sous le choc. Ma mâchoire s’ouvre en grand alors que le sang afflue à mes veines. Je suis incapable de détourner le regard. Je ne me suis jamais senti aussi totalement ébranlé par une autre personne. C’est ça qu’on appelle l’amour au premier regard ?

Ridicule. Ce genre de truc n’existe pas.

Je me sens vraiment bizarre, mon cerveau est embrouillé et ma bouche sèche. Elle ressemble à Anna – même taille, plus grande que la plupart des femmes, mêmes longs cheveux noirs et bouclés, même visage en forme de cœur et même yeux bruns. Qu’est-ce qui peut bien la rendre aussi frappante ? Elle est incandescente, elle irradie de bonne santé et de vitalité, son sourire est grand et étincelant.

Ma réaction intense n’a aucun sens. Ce doit être du désir au premier regard. Même si je n’ai jamais ressenti le moindre désir envers Anna, qui lui ressemble. Je ne peux m’empêcher de la dévisager.

— Polly ! s’exclame Anna en se dirigeant vers elle.

Polly ouvre les bras.

— Anna !

Je peux sentir mon pouls battre dans ma gorge alors que ma conscience des choses s’affine et se met en alerte. Polly s’habille d’une façon plus conservatrice qu’Anna, elle porte une robe rose pâle à manches courtes avec des chaussures à talons assorties, comme il est approprié de le faire pour un membre de la royauté. Anna est une roturière américaine qui s’habille comme il lui plaît avec des vêtements qui lui moulent le corps et des tas de motifs léopard. Elle porte des vêtements plus conservateurs pour les occasions royales officielles. Elles se précipitent l’une vers l’autre pour s’enlacer, puis s’écartent, commentant leur apparence. Gabriel sourit. Il l’a déjà rencontrée. Polly se précipite pour l’étreindre, ce qui est surprenant parce que la plupart des gens sont trop intimidés ne serait-ce que pour toucher Gabriel, puis elle se tourne vers le reste d’entre nous, souriante.

— Bonjour tout le monde. Je suis si contente de vous rencontrer enfin ! Anna m’a raconté tant de choses merveilleuses à propos de votre famille.

Son accent est américain. Anna nous a dit que Polly avait passé une grande partie de son enfance dans un pensionnat aux États-Unis, avant d’aller à l’université là-bas.

Anna fait les présentations, à commencer par ma mère. L’enthousiasme de Polly est contagieux. Ma mère extrêmement convenable et réservée sourit. Lucas et Alice semblent sous son charme. Seul Adrian reste sur la réserve, mais il l’est souvent. Polly lui fait un clin d’œil. Adrian maintient son air impassible.

Puis, finalement, elle se tourne vers moi. Ma bouche semble remplie de sable, le moindre geste charmeur que j’aurais pu faire fuyant mon esprit.

— Voici Oscar, dit Anna. Oscar, voici Polly.

— Ravi de vous rencontrer, parvins-je à articuler.

Polly réagit à peine, me dévisageant sans ciller avant de murmurer.

— Moi aussi.

Puis elle se tourne vers Anna et demande gaiement :

— Comment te sens-tu ?

Elle ne m’a même pas regardé à deux fois. Moi ! Le plus mignon d’entre nous ! Elle a fait un clin d’œil à Adrian.

Je ne suis pas jaloux. Juste surpris.