Extraits

Malgré les gouttes de pluie qui tombaient autour d’eux pour éclater sur la roche moussue et descendre sous forme de bruine de la ramure des arbres les surplombant tels des vieillards réprobateurs, le prince n’essayait même pas de s’abriter. Les gouttes rebondissaient sur son front et ruisselaient sur son visage, mais il cillait à peine. En le regardant, Ferras Vansen se sentit plus seul que jamais.

« Qu’est-ce que je fais ici ? Nulle puissance des cieux ou de la terre n’aurait dû pouvoir me convaincre de retourner au cœur de cette folie. » Mais un mélange dévastateur de honte et de désir s’était de toute évidence révélé plus puissant que les dieux, car il avait de nouveau franchi la Ligne d’ombre pour s’égarer dans une forêt impie de feuilles en croissant et de lianes incurvées par le poids d’étranges fleurs noires et ruisselantes, redoutant de perdre Barrick et de plonger une fois de plus la famille royale dans l’affliction… et tout particulièrement la sœur de ce jeune homme, la princesse Briony.

- Sont-elles vraiment magiques ?

Il leva sur elle des yeux dans lesquels elle lut de l’amusement. « Aucune arme ne fera d’un balourd maladroit un combattant habile, mais l’acier bien trempé et travaillé servira fidèlement celui qui le manie. Sauver sa vie ou prendre celle d’un adversaire, n’est-ce pas la plus grande magie qu’on puisse imaginer ? »

Briony était toujours un peu essoufflée, et que Shaso, habituellement taciturne, s’exprime comme un poète, la déstabilisait. Elle suivit du bout de l’index une des lames les plus courtes, pointue comme une aiguille. « Elles sont magnifiques…

- Et redoutables. »