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Aislin avait repoussé son capuchon et défait son fichu, libérant un fouillis de cheveux blancs. Elle avait les caractéristiques propres aux écumeurs, des yeux éloignés l'un de l'autre, des lèvres larges et mouvantes. Particularité commune à tous les écumeurs âgés, elle avait une peau qui paraissait avoir durci, comme si – au lieu de s'affaisser et de pendre – elle s'épaississait et se rigidifiait au fil des ans. Même les volutes des tatouages dessinés sur ses joues et l'arête de son nez disparaissaient dans cette sorte de cuir comme les routes que nul n'empruntait finissaient par disparaître sous les mauvaises herbes.

« Tu veux boire quelque chose ? De quoi te réchauffer un peu ?

- Du wickeril ?

- Cette merde ? » Elle secoua la tête. « Je n'en boirais pour rien au monde. C'est bon pour les Perikalais et autres barbares. Du vin de varech noir, voilà ce qu'il nous faut ! »

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Feival s'interrompit pour faire un signe de Trois et soupirer.  « Pauvres Eddon ! Puissent les dieux leur venir en aide. A l'exception de notre bien-aimé roi prisonnier, j'ai entendu dire qu'ils sont tous morts. » Il la dévisagea longuement. « Si tu étais une des servantes du château, je comprends que tu aies pris la fuite. Les temps sont durs, là-bas. Terrifiants. Ce n'est pas un endroit pour une jeune fille.

- Fille ?

- Oui, ma douce. Tu peux tromper les autres, mais pas moi. J'ai passé ma vie à tenir des rôles féminins et je sais reconnaître les bonnes et les mauvaises imitations. Tu n'es ni l'une, ni l'autre, mais le produit authentique. Et, en tant que garçon, tu manques sérieusement de virilité. » Il tapota son épaule. « Tiens-toi loin d'Hewney, quelle que soit ton identité d'emprunt. Il aime la jeunesse et il la prend partout où il peut la trouver. »

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Qinnitan voulait hurler mais en était incapable. Elle fit un autre essai. Le son se contenta de croître en elle et lui donna l'impression qu'elle allait éclater, comme une digue emportée par une crue.

« Je suis là ! Briony ! »

Elle le sentait, comme s'il se dressait de l'autre côté du puits… et elle pouvait presque le voir, un garçon blême aux cheveux couleur de feu comme sa propre mèche, un garçon qui la regardait sans la voir, l'air hagard…

« Briony ! »

Elle était terrifiée. Les doigts humides de la chose se recourbaient sur le rebord de la margelle, alors que le garçon ne pouvait pas les voir. Elle souhaitait apprendre pourquoi il lui donnait ce nom étrange, mais lorsqu'elle recouvra l'usage de sa voix ce fut pour demander : « Que venez-vous faire des mes rêves ? »

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L'autarque prenait son bain dans une salle illuminée par des centaines de bougies. Voir son maître nu n'était pas une nouveauté, loin de là, mais Vash ne s'y était jamais accoutumé. Il eût été faux de dire que le corps de Sulepis était disgracieux, bien au contraire : il s'agissait d'un homme jeune, grand et en excellente forme physique, même s'il était un peu trop élancé au goût du ministre suprême (qui préférait les joues et les ventres rebondis plus enfantins). Non, le problème venait du fait que cette nudité, qui aurait dû évoquer pour lui de la vulnérabilité ou de l'intimité, le laissait… indifférent. On aurait pu croire que son maître n'avait un corps que pour des raisons d'ordre pratique, ou parce que son statut le réclamait, et qu'il s'en serait aussi bien porté s'il n'avait eu qu'un squelette, des chairs privées d'épiderme ou des membres de pierre de statue.

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