Extraits

À l’aube, Kozah, le dieu des vents, eut enfin épuisé son courroux. La tempête mourut, cédant la place à une étouffante sérénité. Un voile de poussière toujours en suspension filtrait les rayons matinaux d’At’ar.

Ruha savait qu’il faudrait plusieurs jours pour que les stigmates de Kozah disparaissent du ciel.

Dans le lointain, une tempête de sable ravageait le désert…

Alors qu’At’ar brillait de plus en plus, la peau de Ruha se parchemina. Elle avait mal à l’estomac et à la tête. Des points noirs dansèrent devant ses yeux…

Elle avait du mal à les distinguer des vautours qui planaient toujours en silence…

Dans un ciel bleu profond, At’ar l’impitoyable brillait de tous ses feux.

Accroupie au sommet d’une dune à quelques pas de l’oasis, Ruha avait l’impression que rien ne bougeait sous l’écrasant regard jaune de la déesse. Même les enfants de N’asr, les grands vautours à la barbe blanche qui transportaient les esprits dans le Camp des Morts, planaient sans oser faire un mouvement.

Dans sa seizième année, Qoha’dar mourut. Plusieurs mois durant, la jeune fille solitaire étudia le grimoire laissé par la sorcière. Mais sans l’aide de la vieille femme pour interpréter les runes, ses efforts furent vains.

Ruha s’éveilla en sursaut sans savoir ce qui avait perturbé son sommeil. Allongée près de son mari, elle se tourna pour observer son visage tanné par le soleil. Ajaman avait la peau rugueuse et l’épaisse moustache d’un homme mûr. Mais sur son torse glabre jouait la musculature d’un jeune garçon.

Tandis que Ruha observait son époux, sa vision se troubla. Un instant plus tard, elle redevint normale et la jeune mariée se retrouva face à un autre homme.