Extraits

L’immense tueur surnommé Ravageur déambulait dans le hall souterrain enfumé. Il scrutait la foule de son regard cruel, les lèvres ourlées d’un sourire carnassier. Depuis le dernier des coupe-jarrets jusqu’au plus raffiné des meurtriers, les assassins de la guilde, de Phlan avaient répondu « présent ». Plus de trois cents hommes et femmes se tenaient à ses ordres. Les prêtres gâteux du temple vivaient leurs derniers instants…

Anton et Tarl aidèrent le jeune paladin à s’asseoir sur un banc de marbre. Près d’eux, Listle était mi-amusée, mi-inquiète.

— Je suis désolé que tu aies appris la vérité de cette façon, mon garçon, dit Tarl, lui agrippant l’épaule. Shal et moi voulions te la dire l’an prochain.

Alourdi par son armure, Kern descendit l’escalier principal de la tour. Étant aspirant au titre de paladin, la tradition exigeait qu’il se présente au temple de Tyr vêtu de son armure d’apparat. Cela impliquait une épaisse cotte de mailles, un plastron d’acier et des jambières assorties. Par-dessus, il portait un tabard d’un blanc immaculé, symbole des candidats à l’Ordre des Paladins ; son fidèle marteau de guerre pendait à sa ceinture.

— Je n’y comprends rien, Tarl ! rageait Shal.

Un feu brûlait dans la grande cheminée de marbre.

Kern dormait à l’étage.

— Par tous les dieux, pourquoi un rêve le blesse-t-il ainsi ?

Dans la pénombre de l’arche, le paladin respirait un air âcre. Les ruines paraissaient… déplacées. Avec leurs colonnades implantées de façon impossible… les murs saturés d’humidité donnaient une impression de mouvement. L’architecte avait-il été atteint de démence ?

D’une main qu’enserrait un gantelet, le paladin empoigna un marteau de guerre ; de l’autre, il tenait un bouclier blanc dépourvu de blason. Avant d’avoir l’honneur d’arborer un symbole, il fallait apporter la preuve de sa vaillance.

C’était l’épreuve du feu pour lui.