Extraits

Angélique Arnaud, abbesse de Port-Royal, morte le 6 août 1661, passe devant la fenêtre du bureau où j'écris.

Ce n'est pas compliqué d'écrire : il suffit d'y donner chaque seconde de sa vie.

Il n'y a aucune différence entre croire et vivre.

Ce matin j'ai pris une douche de clavecin.

La poésie dispute ses proies aux ténèbres. Tout ce qu'elle touche s'enflamme.

Ma mère avait une machine à coudre dont le mécanisme était mis en marche par une pédale et qui, travail accompli, rentrait en basculant à l'intérieur d'un meuble verni. Il y a la même machine cachée dans la musique de Bach. On peut entendre dans ses airs le cliquetis de l'aiguille sur l'étoffe du silence, tandis que les pieds de l'ange actionnent rythmiquement la pédale. Le travail des mères comme celui de Bach rafraîchi les tempes de Dieu et apaise le diable, ce pauvre enfant que tout panique.

Dans le petit bois nommé "La solitude" les soeurs de Port-Royal se réunissent en cercle. Assises sur des bancs de pierre elles prient tout en filant. Dieu connait alors ce fragile bonheur du petit enfant près de sa mère qui coud.

Quelle que soit la personne que tu regardes, sache qu'elle a déjà plusieurs fois traversé l'enfer.

Les bonds de l'écureuil égaré au carrefour de la Croix Menée étaient ceux de l'âme fuyant les écrasements du monde, loin de la forêt d'enfance.

Le soleil aux abois s'était blotti contre une fenêtre de Saint-Sernin quand les chasseurs l'ont trouvé.

...tous nos malheurs venant de ce qu'une part de notre âme errait dans le passé tandis que l'autre titubait dans l'avenir,il suffirait d'habiter l'instant présent dans sa plénitude pour que la mort ne trouve plus notre porte-- la profonde constance d'être vivants nous rendant éternels.(p159)

La vie a besoin de livres comme les nuages ont besoin de flaques d'eau pour s'y mirer et s'y connaître.

Le Bien finit toujours par perdre, c'est sa manière de gagner.