Extraits

Je m’exécutai, et il remonta sa manche droite, puis s’entailla la peau, gémissant lorsque l’argent de la lame mordit sa chair. La plaie s’enflamma et s’ouvrit, devenant rouge vif, et du sang apparut lentement à la surface : quand nous étions blessés, contrairement à celui des mortels, le sang qui sortait de nos plaies était visqueux et s’écoulait au ralenti. Goutte à goutte, le liquide tomba dans la coupe, rouge et splendide. Pour moi, il avait l’odeur entêtante du vin. Je contemplai la scène, hypnotisée, tandis que Roman serrait son bras pour encourager le sang à couler davantage.

Puis, lorsque le calice fut à moitié plein, il tourna son poignet vers le haut et attendit que la blessure se referme, ce qui prit environ cinq minutes.

La décoration était simple. Une console basse était adossée au mur du fond. J’y vis une coupe transparente, un gros cierge, une petite fiole remplie d’un liquide inconnu, un couteau en argent avec un manche en os et une dizaine de roses rouges. L’éclairage était fourni par des appliques murales de forme carrée. Deux coussins étaient posés devant la console, et il n’y avait pas d’autres meubles. Une robe blanche toute simple qui ressemblait beaucoup à une tunique grecque était accrochée au mur.

Il enleva son long manteau, révélant un débardeur transparent qui ne cachait rien de ses abdominaux ciselés et de ses superbes pectoraux et biceps. Il était à tomber – on aurait dit un Hugh Jackman aux cheveux longs –, et il le savait et n’hésitait pas à s’en servir.

Et moi… comme je l’ai dit, je m’appelle Menolly D’Artigo, et je suis amoureuse d’une puma-garou : Nerissa. Je suis aussi la compagne officielle de Roman. Ce dernier est le fils de Blood Wyne, la reine des vampires.

Les chutes… Les chutes d’Erulizi étaient l’un des plus beaux endroits que j’avais eu la chance d’admirer en Outremonde. Elles n’étaient pas très hautes, mais assez larges, et cachaient une grotte dans laquelle une déesse était censée vivre. Les femmes lui apportaient des fleurs tout l’été pour qu’elle bénisse leurs maisons et leurs vies sentimentales, car Erulizi était la déesse de la passion et de la joie. L’eau qui tombait de la falaise scintillait sous la lumière du croissant de lune avant de créer des cercles concentriques qui se propageaient à la surface du lac.

Nous n’avions toujours pas arrêté les détails de la cérémonie, et il ne nous restait plus beaucoup de temps. Ce qui commençait à agacer Nerissa. Le fait que je ne sois pas capable de proposer un plan concret l’irritait. Elle en avait assez que je lui dise sans cesse que nous pouvions faire ce qu’elle souhaitait.

Mais, en vérité, je ne savais pas du tout ce que je voulais. Quand Dredge m’avait transformée en vampire, j’avais abandonné tous les espoirs et tous les projets que j’avais nourris au sujet de l’amour et du mariage et, à présent, je ne parvenais pas à me souvenir des rêves que j’avais pu avoir avant de perdre la vie.