Extrait

Elle leva la tête tout à coup et croisa le regard d'Andréas qui se figea tandis que le sang se glaçait dans ses veines.

— À quoi pensez-vous, monsieur Merrick ? s'enquit-elle en repoussant une mèche rebelle.

— À rien.

Comme elle se penchait au-dessus de son bureau pour tenter de voir ce qu'il faisait, il ramena ses papiers vers lui comme pour les cacher.

— La sécurité du pays et la stabilité de la monarchie sont en danger ? s'amusa-t-elle.

— Non !

— Vous mettez la dernière main à de nouveaux modèles de sous-vêtements féminins, alors ?

— Non !

— C'est dommage ! Je suis certaine qu'ils seraient ravissants et conçus de façon très pratique, insinua-t-elle avec un regard moqueur, le menton dans la main.

— Pardon ? Ça suffit ! Asseyez-vous ! intima-t-il comme elle se levait pour se pencher plus avant au-dessus de leurs deux bureaux.

Mais enfin, que lui arrivait-il ? Voilà qu'il se conduisait comme un gamin affolé.

— Vous voulez voir à quoi je travaille ? reprit-elle, pratiquement couchée sur le bureau.

— Non.

— Je veux bien vous le montrer.

— Ce n'est pas la peine.

— Il n'y a rien de plus excitant que les dessous féminins. Sauf les dessous masculins, peut-être.

— Vous vous sentez bien ? s'inquiéta-t-il.

— Votre pudibonderie est une source d'étonnement constant pour moi, vous savez. Il suffit pourtant de regarder par la fenêtre pour voir les gens du quartier s'adonner à toute sorte d'activités dont on réserve généralement le spectacle à la plus stricte intimité. J'imagine que vous êtes trop occupé pour remarquer ce qui se passe à votre porte, au vu et au su de tout un chacun. C'est très instructif, croyez-moi.

— Vous allez compromettre votre réputation ! s'alarma-t-il.

— Vous croyez que c'est contagieux ? Vous tenez donc tellement à ma vertu ?

— Bien s.... Je m'en moque éperdument !

— Dans ce cas, cela n'a aucune importance.

— Vous n'avez qu'à ne pas regarder par la fenêtre ! Ou partir ! Allez ailleurs, à la campagne, ou dans n'importe quel endroit sûr.