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Charlotte apposa sa signature sous celle d’Alex. Et voilà, c’était fait. Elle leva les yeux vers lui et croisa les siens, rivés sur elle. La crispation de sa mâchoire indiquait une émotion sous-jacente, bouillonnant sous la surface, plus profonde que ne le suggéraient ses dehors par ailleurs impassibles.
Calmement, il tendit la main et reprit le document posé devant elle. Il y jeta un coup d’œil rapide, puis, avec un sourire tendu, annonça :
Spoiler(cliquez pour révéler)— Il semble que nous soyons désormais mari et femme.
C’était indiscutable. Mais qu’est-ce que cela signifiait ?
Afficher en entierElle est revenue.
Alex descendit les marches du parvis en direction de sa calèche, au rythme saccadé des battements de son cœur. Après deux ans d’abstinence, il avait envie… non, besoin d’un verre. D’assez d’alcool pour effacer l’image de Charlotte de son esprit. Ce qui signifiait une bouteille entière. Mais heureusement, sa demeure ne contenait pas une goutte d’alcool. Ce jour-là, il n’avait rien à craindre : toute opportunité de céder à la tentation était hors de sa portée.
Mais pas impossible à acquérir si sa volonté faiblissait, railla une voix au fond de lui. Alex la réduisit impitoyablement au silence. Il avait fait trop de chemin, fourni trop d’efforts pour se laisser rattraper par ce vice-là. Par elle.
Pourquoi diable était-elle revenue ? Une éternité d’absence, voilà qui aurait été fichtrement suffisant pour qu’il supporte de la revoir.
Est-elle revenue pour de bon ? Est-elle mariée ?
Les questions s’insinuaient parmi ses pensées, insidieuses, et le prenaient au dépourvu. Autrefois, des années auparavant, il aurait vendu son âme – et parfois, il aurait juré l’avoir fait – en échange de la moindre nouvelle de Charlotte. Combien de fois, dans son lit, avait-il prié pour qu’elle lui revienne, ou souhaité se réveiller et découvrir que le jour de ses noces n’avait été qu’un rêve ? Un cauchemar. Aujourd’hui, la pensée que quelques miles seulement séparaient leurs demeures lui glaçait le sang.
Afficher en entierAvant qu’elle puisse interroger Reeves de nouveau, un bruit de pas précipités et un cri haut perché la firent lever les yeux vers le sommet du double escalier en acajou.
Sa sœur se trouvait au milieu du palier du premier étage, agrippée à la balustrade et tendue vers l’avant, comme prête à s’envoler.
— Charlotte, est-ce vraiment vous ? s’écria Katie.
Puis, dans un tourbillon de mousseline vert pâle, elle se mit à descendre l’escalier avec la délicatesse d’un troupeau de sangliers déchaînés. Ses doigts filaient en effleurant à peine la rambarde de bois poli, tandis que sa jupe voletait et frémissait au rythme de ses pas bondissants.
Subjuguée par la vue de sa jumelle pour la première fois en presque cinq ans, Charlotte ne put ni bouger, ni parler.
Afficher en entierSa sœur était gravement malade.
Cette pensée accablait Charlotte Rutherford. La peur qui la consumait était telle qu’elle n’avait pas connu une seule bonne nuit de sommeil depuis que son ami Lucas Beaumont lui avait fait part de la nouvelle, à son retour d’Angleterre.
Les deux jours qui avaient suivi avaient été frénétiques. Elle les avait employés à organiser son passage vers l’Angleterre et à préparer sa petite maison de Manhattan en vue d’une longue absence. Elle avait ensuite enduré du mieux qu’elle pouvait les onze jours de voyage à travers l’océan Atlantique.
Livrée de force à ses réflexions solitaires, elle avait été rongée par un chagrin immense et d’amers regrets… ainsi qu’une peur viscérale que son retour n’ouvre une tout autre boîte de Pandore.
Afficher en entierUn silence feutré salua l’arrivée d’Alex Cartwright, marquis d’Avondale, dans la vaste antichambre de la cathédrale Saint-Paul.
Avec leurs redingotes bleu marine, leurs cravates soigneusement nouées et leurs pantalons bleu pâle, les vicomtes Creswell et Armstrong, de même que Rutherford, comte de Windmere, arboraient une élégance à la hauteur d’une telle circonstance. Le reste de leur allure, en revanche, ne concordait pas avec leurs tenues : ils présentaient les mines grisâtres de condamnés aux galères. Et la chevelure de Rutherford semblait avoir été labourée plus souvent qu’une catin chevronnée.
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