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SAMARKAND

Il se faufilait sur son tapis volant à travers les ruelles obscures de Samarkand. Penché en avant, il frôlait à toute vitesse les basses arches des ponts, surgissait au milieu de nuées de chauves-souris et esquivait les tissus fatigués des stores au-dessus des balcons et des fenêtres. Le linge humide tendu entre les murs des maisons lui frappait le visage. Un chat d’humeur combative sauta du rebord d’une fenêtre sur le tapis, planta en glapissant ses griffes dans l’étoffe tissée et lui donna un coup de patte lorsqu’il le repoussa par-dessus les franges qui flottaient dans le vent.

Tarik dévalait si vite les ruelles étroites de la vieille ville qu’il lui semblait parfois que son ombre s’attardait sur les murs en pisé et les volets. Plus rapide que tout autre, plus habile, plus expérimenté. Sûr de sa victoire, sans penser une seule fois à la victoire. Calculateur, sans égard envers ses poursuivants. Fuyant devant des souvenirs auxquels il ne parvenait pas à échapper, notamment au petit matin, lorsque le triomphe de la victoire s’était estompé, lorsque les effets du mauvais vin commençaient à s’atténuer. Encore une autre course. Une autre victoire. Une autre nuit de beuveries.

La lune brillait au-dessus des coupoles des mosquées et du temple d’Arthus, s’étendait sur les toits plats des maisons et tissait une fine toile de poussière et de fumée. Les torches feulaient sous le vent de la course au passage de Tarik. Sous son corps, le tapis semblait un être vivant. Encore trois ou quatre virages et le palais de l’émir s’éléverait devant lui, le passage le plus dangereux de cette course de tapis interdite.

Tarik lui-même n’avait affronté que par deux fois cette étape, et ce uniquement lorsqu’il avait eu particulièrement besoin d’empocher le prix. Beaucoup se laissaient éblouir par une poignée de dinars, beaucoup dont les capacités n’étaient pas à la hauteur du défi et que le passage devant le palais suffisait à dissuader de prendre le départ, préférant encore recevoir des coups, ou pire encore, des mains de ceux qui avaient parié sur eux, plutôt que d’affronter la garde aux aguets sur les murs du palais : à Samarkand, voler sur un tapis ou s’adonner à la magie était puni de la peine de mort.

Le danger restait acceptable aussi longtemps que Tarik menait la course. Avec un peu de chance, le temps que les gardes le remarquent, tendent leurs arcs ou jettent leurs lances à partir du chemin de ronde, il serait déjà hors de portée. Ses poursuivants, en revanche, ne pourraient pas en dire autant – ils surgiraient au beau milieu des tirs des soldats alertés.

Tarik était le meilleur pilote de tapis volant de Samarkand. Il aurait toutefois volontiers renoncé aux courses si l’argent des primes n’était pas aussi facilement tombé dans son escarcelle. Il était le fils de Jamal al-Abbas et il chevauchait les vents depuis le jour de sa naissance. Son père avait alors emmené avec lui le nouveau-né dans les cieux au-dessus de Khorasan. Il y avait vingt-huit ans de cela.

Un autre chat rata le tapis d’une bonne longueur. Tarik l’entendit hurler de colère lorsqu’il sauta dans le vide. Le mur en pisé d’en face ne lui offrit aucune prise. L’animal glissa et tomba. Bête sans cervelle.

La dernière fois qu’il avait jeté un regard par-dessus son épaule, il avait une confortable avance sur les autres. À peine le départ avait-il été donné que Tarik avait évincé de la course plusieurs concurrents. Peu lui importait ce qu’il advenait d’eux. Tous connaissaient les risques qu’ils courraient. Il avait entendu des cris de douleur et supposait que certaines victimes de sa manœuvre avaient percuté un mur et qu’elles étaient tombées. Le plus souvent, un petit tiers seulement des participants franchissait la ligne d’arrivée. Il était même parfois le seul. Cela ne faisait qu’augmenter le montant du prix, d’où l’intérêt de se débarrasser dès le début du plus grand nombre possible d’adversaires. Quiconque se servait d’une arme était disqualifié, mais les empoignades n’en étaient pas moins très appréciées. Les blessés et les morts augmentaient les risques, et avec eux les mises et les gains. Les organisateurs érigeaient eux-mêmes des obstacles, provoquaient volontairement des collisions et plus d’un pilote de tapis marmonnait qu’avant les grandes courses on indiquait à l’Ahdath les lieux propices où monter la garde – une embuscade de la milice de la ville était encore le meilleur moyen de pimenter dangereusement une course.

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Tarik dévalait si vite les ruelles étroites de la vieille ville qu’il lui semblait parfois que son ombre s’attardait sur les murs en pisé et les volets. Plus rapide que tout autre, plus habile, plus expérimenté. Sûr de sa victoire, sans penser une seule fois à la victoire. Calculateur, sans égard envers ses poursuivants. Fuyant devant des souvenirs auxquels il ne parvenait pas à échapper, notamment au petit matin, lorsque le triomphe de la victoire s’était estompé, lorsque les effets du mauvais vin commençaient à s’atténuer. Encore une autre course. Une autre victoire. Une autre nuit de beuveries.

La lune brillait au-dessus des coupoles des mosquées et du temple d’Arthus, s’étendait sur les toits plats des maisons et tissait une fine toile de poussière et de fumée. Les torches feulaient sous le vent de la course au passage de Tarik. Sous son corps, le tapis semblait un être vivant. Encore trois ou quatre virages et le palais de l’émir s’éléverait devant lui, le passage le plus dangereux de cette course de tapis interdite.

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