Extraits

Cloué au mur du parloir, un grand Christ, maigre et livide, inclinait la tête vers un piano, six chaises de paille et quatre fauteuils tapissés de velours chocolat. Le parquet luisait. La pénombre du lieu et son odeur incitaient aux conversation à voix basse.

De toute la Confession des Pêchés, elle n'avait retenu qu'un formule (…) "C'est ma faute, c'est ma faute, c'est ma très grande faute !…"

Quand on appelle le curé, c'est que le docteur ne peut plus rien faire.

A demi asphyxiée, elle balbutia: " Maman! Maman! " non dans l'espoir de rappeler celle qui avait déjà disparu, mais pour se défendre par ce mot, si intime et si chaud, contre le vide effrayant qui se creusait autour d'elle.

Le vent qui s'était tu pour reprendre haleine, se jeta de nouveau sur la maison. Au delà du cercle lumineux de la lampe, les fauteuils conspiraient accroupis, les poings sur les genoux, dans l'ombre.

Il s'acquittait de son travail avec la même adresse qu'autrefois, mais l'expression de ses yeux révélait que son esprit flottait dans une région où nul ne pouvait le rejoindre. Puis soudain, des colères le prenaient, pour un rien, ou des accès de tristesse dont il était incapable de préciser la cause.

<<Ce n'est pas trop chaud? demanda Louise.

-Non>>, dit Elisabeth.

Et elle rentra la tête dans les épaules. L'eau tiède ruisselait sur son visage, aveuglait ses yeux, enveloppait le haut de son corps d'un chatouillement agréable. Accroupie, nue, dans la grande lessiveuse, elle se retenait de respirer et de rire, tandis que la bonne tournait autour d'elle en inclinant le broc pour le vider jusqu'à la dernière goutte. Quand le flot tarit, Elisabeth réclama encore une douche, parce qu'il lui restait du savon dans les oreilles et sous les bras. En fait, elle usait de ce subterfuge pour retarder l'instant où il lui faudrait monter, seule, dans sa chambre. Louise lança un coup d'oeil soucieux à la bassine qui bouillait sur le fourneau et grogna: