Extraits

Et je compris alors que le cœur humain avait une capacité d'extension infinie. Et plus il était plein, plus il battait sainement et joyeusement.

Cependant, alors que nous approchions de Darwin, je sentis mon cœur bondir dans ma poitrine. J'étais à la fois émue et euphorique, comme lorsque je regardais un film exaltant. J'avais hâte de fouler cette terre rouge et désolée. Mon instinct me soufflait qu'elle faisait partie de moi. Ou, plutôt, que moi, je faisais partie d'elle.

Je n'avais jamais été très attirée par la religion, mais si j'avais dû en choisir une, cela aurait été le bouddhisme, où l'on célébrait essentiellement le pouvoir de la nature, que je ressentais comme un miracle permanent se produisant devant mes yeux.

- Alors je vais te le dire clairement. Tu as dit il y a quelques instants que, secrètement, je voulais peut-être tous ce que possède mon frère. Eh bien, tu avais raison, car il y a quelque chose que je souhaite ardemment. Lorsque j'ai fait ta connaissance à Noël, il y a maintenant plusieurs années, j'admirais ton esprits et, oui, je te trouvais belle, mais quel homme ne le trouverait pas? Tu es une femme magnifique. Puis mon frère a jeté son dévolu sur toi, et j'admets aujourd'hui que voir combien il voulait faire de toi sa femme te rendait encore plus désirable. On ne peut pas changer cette rivalité entre frères, surtout entre jumeaux. Néanmoins, si cela a commencé comme un jeu, pardonne moi, j'ai ensuite vu comment tu t'adaptais à notre famille, comme tu était patiente avec ma mère et ma tante... Tu ne te plaignais jamais, alors que ta famille devait te manquer énormément, et tu acceptais de bon cœur tout ce qui se présentait à toi. Je n'oublierai jamais ce jour où tu es montée sur le dos de cet éléphant, te fichant de ton apparence ou de ta pudeur. C'est à ce moment là que tout a changé. Car j'ai alors vu ton âme; j'ai vu qu'elle était libre comme la mienne, affranchie des conventions. J'ai vu une femme que je pouvais aimer.

— C'est très simple : l'idée de te quitter m'est insupportable. Je risque de pleurer comme un enfant devant toi si tu insistes pour rester avec mon frère, commença Drummond avec un faible sourire.

— Qu'est-ce que tu proposes, alors ?

— Que Charlie, toi et moi, nous nous enfuyions.

— Où ça ?

— Sur la lune, de préférence, mais étant donné que c'est encore plus loin que ma ferme et qu'il nous faudrait des ailes pour y arriver, Kilgarra est sans doute la meilleure option.

— Bonsoir, Andrew, et merci pour mes superbes boucles d'oreilles. Je les porte ce soir.

— Je suis heureux de constater qu'elles s'accordent à ravir avec votre jolie robe. Puis-je vous offrir un petit verre de sherry pour célébrer Noël ?

— Miss McBride ne boit pas d'alcool. Pas même une goutte, n'est-ce pas ? murmura Drummond près d'elle.

Tandis qu'il s'éloignait, Kitty se demandait combien de temps elle résisterait avant de le gifler pour effacer son petit sourire satisfait.

Ce soir-là, tout en se préparant pour le dîner, Kitty s'émerveillait encore du fait qu'à l'autre bout du monde, sur une terre d'autochtones barbares, elle ait à la fois accès à l'électricité et à une baignoire qu'elle était libre de remplir quand bon lui semblait.

Ce genre de choses me mettait hors de moi ; la Terre et ses beautés avaient été créées pour que tout le monde puisse en profiter, elles n'étaient pas réservées aux plus riches.

Elle ferma alors les yeux et sourit.

- J'ai fait de mon mieux.

- Tu sais ce qui empêche tout être humain de réaliser son plein potentiel ?

- Quoi donc ? [...]

- La peur. Tu dois te débarrasser de ta peur.