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Les deux heures qui suivirent lui parurent une éternité.
Après avoir fait du lèche-vitrine dans la galerie marchande du centre commercial voisin, elle s'installa avec Emily dans un box, sur les banquettes recouvertes de Skaï rouge du Palais de la Pizza. La fillette fit son choix en un éclair et Julianne ne put s'empêcher de rire.
— Tu entends manger tout ça ? demanda-t-elle après avoir écouté la commande qu'Emily passa à la serveuse.
— J'ai faim ! Et puis, si je mange beaucoup, je deviendrai vite grande et je pourrai aller chercher papa.
Afficher en entierIl avait échu à Sam, le fils aîné et héritier de la dynastie, mais Julianne n'avait jamais pu y voir un foyer chaleureux. Sam avait insisté pour qu'ils y emménagent après leur mariage, son père gardant l'appartement de Central Park. Julianne avait obtempéré parce que Sam aimait la maison. Mais maintenant qu'elle y vivait seule, pourquoi y rester ? Ses moyens ne lui permettaient pas de l'entretenir et elle ne voulait plus que la société Baker supporte les coûts exorbitants qu'entraînait cette trop grande demeure. Si elle parvenait à trouver du travail, elle déménagerait et s'installerait avec Emily dans une petite villa dont elle serait capable d'assumer les charges. Pourvu que Bill Martin lui trouve quelque chose ! Elle avait besoin de travailler. Pour gagner son indépendance financière, et pour donner un sens à sa vie qui, depuis quatre mois, n'était que peine et frustration.
Non. C'était faux. Il y avait aussi cette merveilleuse enfant qui, à l'instant précis où elle venait de se garer devant le perron, dévalait les marches à sa rencontre.
Afficher en entierUn long soupir de tristesse s'échappa de sa poitrine. A quoi bon ressasser sa peine ? Il fallait qu'elle regarde l'avenir en face. Et l'avenir immédiat exigeait qu'elle allât acheter une pizza pour le dîner d'Emily, puisqu'elle lui en avait promis une.
Elle démarra donc, la gorge serrée de chagrin. Emily ressemblait tellement à son père… Comment pouvait-il négliger sa fille unique ? L'enfant souffrait de cette absence, et Julianne s'efforçait de combler le vide dans son petit cœur de six ans. Mais elle n'était pas du tout certaine d'y réussir. Elle ne s'était jamais vraiment préparée à une rupture avec son mari et ignorait quels mots elle aurait dû prononcer pour consoler Emily. Oh, bien sûr, il lui était arrivé d'envisager qu'un jour Sam et elle se sépareraient. Rien n'était jamais définitivement gagné dans la vie, et elle avait imaginé, sans y croire vraiment tant leur amour était fort, qu'un jour ils divorceraient. Cette terrible éventualité avait traversé son esprit. Mais que Sam la quittât ainsi, sans un mot d'explication, non, elle n'y avait pas songé une seconde et s'en trouvait totalement désemparée.
Afficher en entierElle avait menti et se le reprochait. Mais comment aurait-elle osé expliquer à M. Martin que son mari était recherché par la police pour le meurtre de son père ? Et qu'elle était sans nouvelles de lui depuis quatre mois ?
La tête basse, elle songea que la démarche qu'elle venait d'accomplir sonnait le glas de son mariage avec Sam. Pour la première fois depuis sa disparition, elle admettait qu'il avait disparu pour de bon. Et entamait des démarches pour refaire sa vie, seule avec sa fille Emily.
Afficher en entier— Ne vous faites pas de souci, madame Baker : nous vous trouverons un emploi en moins de temps qu'il ne faut pour le dire ! lui assura le directeur du bureau de placement.
Julianne se leva et tendit la main à son interlocuteur par-dessus le bureau.
— Je vous remercie, monsieur Martin. J'attendrai votre appel avec impatience.
— Je vous en prie, appelez-moi Bill, dit-il en souriant. Et ne restez pas postée à côté du téléphone : je passerai chez vous dans la soirée avec une liste de postes à pourvoir. Nous réfléchirons ensemble à celui qui est susceptible de vous convenir.
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