Vous utilisez un bloqueur de publicité

Cher Lecteur,

Nous avons détecté que vous utilisez un bloqueur de publicités (AdBlock) pendant votre navigation sur notre site. Bien que nous comprenions les raisons qui peuvent vous pousser à utiliser ces outils, nous tenons à préciser que notre plateforme se finance principalement grâce à des publicités.

Ces publicités, soigneusement sélectionnées, sont principalement axées sur la littérature et l'art. Elles ne sont pas intrusives et peuvent même vous offrir des opportunités intéressantes dans ces domaines. En bloquant ces publicités, vous limitez nos ressources et risquez de manquer des offres pertinentes.

Afin de pouvoir continuer à naviguer et profiter de nos contenus, nous vous demandons de bien vouloir désactiver votre bloqueur de publicités pour notre site. Cela nous permettra de continuer à vous fournir un contenu de qualité et vous de rester connecté aux dernières nouvelles et tendances de la littérature et de l'art.

Pour continuer à accéder à notre contenu, veuillez désactiver votre bloqueur de publicités et cliquer sur le bouton ci-dessous pour recharger la page.

Recharger la page

Nous vous remercions pour votre compréhension et votre soutien.

Cordialement,

L'équipe BookNode

P.S : Si vous souhaitez profiter d'une navigation sans publicité, nous vous proposons notre option Premium. Avec cette offre, vous pourrez parcourir notre contenu de manière illimitée, sans aucune publicité. Pour découvrir plus sur notre offre Premium et prendre un abonnement, cliquez ici.

Livres
714 680
Membres
1 013 363

Nouveau ? Inscrivez-vous, c'est gratuit !


Inscription classique

En cliquant sur "Je m'inscris"
j'accepte les CGU de booknode

Les soeurs Belle, Tome 2 : Secrets d'hiver



Description ajoutée par Mariine 2011-02-05T14:45:04+01:00

Résumé

Madison est folle de joie. Quelle femme ne le serait pas, quand l'homme qu'elle aime la demande en mariage ? C'est un magnifique cadeau de Noël, à partager avec les enfants de cet homme, pour lesquels elle éprouve déjà tellement de tendresse ! Un superbe diamant brille à son doigt, et Madison flotte sur un nuage. Pourtant, jamais elle n'aurait imaginé que Valentin Walker devienne, un jour, l'homme de sa vie. Valentin, son voisin, que Madison trouvait tellement désagréable, tellement arrogant, en dépit du pouvoir de séduction qu'il exerçait sur elle. Valentin, qui s'est cependant révélé le plus passionné des amants et le plus tendre des pères... Alors, le lendemain de Noël, c'est légère comme une bulle que Madison s'apprête à ouvrir la porte, à laquelle quelqu'un vient de sonner : mais, sur le seuil, se tient une inconnue. Blonde. Enceinte. Et qui annonce froidement à Madison : " Je veux voir Walker. Je suis Trisha, son ex-femme. II se pourrait bien que mon bébé soit de lui... "

Afficher en entier

Classement en biblio - 11 lecteurs

extrait

** Extrait offert par Linda Warren **

Chapitre 1

D’un coup de genou, Madison Belle lança sa jument Sadie au grand galop. L’animal se projeta en avant, obligeant la jeune femme à se pencher davantage ; monture et cavalière ne formèrent plus qu’un, à l’image d’un centaure lancé à vive allure à travers la prairie, et Madison se mit à rire, le visage fouetté par l’air piquant de cette fin novembre. C’était tellement excitant ! Elle, Madison, toujours si sage, elle, la sœur à qui l’on ne pouvait jamais rien reprocher, avait aujourd’hui envie de jeter son bonnet par-dessus les moulins ! Le sang pulsait dans ses veines, son cœur battait comme un fou à ses oreilles ; chaque instant était pour elle un vrai bonheur : elle se sentait… vivante ! Depuis combien de temps n’avait-elle pas éprouvé cette merveilleuse sensation ?

De retour au ranch, elle conduisit directement Sadie à l’écurie. La jument, désireuse de continuer, releva la tête en hennissant.

Elle lui tapota l’encolure pour la calmer.

— Oooh ! Doucement ma belle. Nous en avons fait assez pour aujourd’hui. Enfin moi, j’en ai assez fait.

Les battements de son cœur lui martelaient la poitrine, et il lui fallut un certain temps pour retrouver son souffle ; galoper à travers la prairie n’était pas dans ses habitudes, elle manquait d’entraînement.

Une bonne odeur de foin, de cuir et de poussière embaumait l’atmosphère paisible de l’écurie, agréable conclusion à sa petite promenade. Elle se laissa glisser à terre, mais à peine eut-elle mis le pied sur le sol que ses genoux plièrent ; elle dut se retenir à la selle pour ne pas tomber.

Bon sang ! Sa sœur Caitlyn lui avait pourtant dit qu’après une journée entière en selle on avait le postérieur endolori et les muscles en compote. Qui plus est quand on était une fille de la ville, comme elle.

Cette constatation était loin de lui plaire, mais qu’y pouvait-elle ? Elle avait été élevée par sa mère, à Philadelphie, et ne venait voir son père, Dane Belle, dans son ranch au Texas qu’aux vacances. Là, elle retrouvait ses deux demi-sœurs, Dane ayant eu trois filles de trois femmes différentes.

Caitlyn, l’aînée, orpheline de mère dès sa naissance, avait toujours vécu au High Five. Skylar, la benjamine, vivait dans le Kentucky. Les vacances étaient pour les trois sœurs l’occasion de se retrouver, et elles attendaient ces moments privilégiés avec impatience chaque année.

Retenant un gémissement de douleur, Madison ôta la selle du dos de sa jument et la jeta sur le porte-selle. Elle sentit les muscles de ses bras se gonfler sous l’effort et sourit. Pas de doute, elle devenait de plus en plus forte, et c’était un des points positifs de son séjour au High Five.

Quand Caitlyn les avait appelées à la rescousse, Skylar et elle, pour l’aider à sauver le ranch de la faillite, elle n’était pas dans une forme éblouissante et se remettait doucement d’un cancer. Depuis, elle avait repris du poil de la bête et avait recouvré la santé. Du moins, elle l’espérait…

Elle avait compté retourner à Philadelphie une fois les problèmes résolus, mais ici elle s’était sentie en paix. Et puis les choses avaient si rapidement changé au High Five !

Après quatorze ans à jouer au chat et à la souris, Caitlyn avait enfin épousé l’homme de sa vie, Judd Calhoun, et était allée s’installer dans son ranch, le Southern Cross. Il fallait bien que quelqu’un s’occupe du High Five et de grand-mère Dorie. Et, ma foi, même si elle avait tout à apprendre de la gestion d’un ranch, Madison n’avait pas hésité à se lancer dans l’aventure. Et elle ne le regrettait pas, même si elle avait les fesses en compote les trois quarts du temps !

Elle ôta son chapeau, qu’elle accrocha au pommeau de la selle, puis passa une main dans sa chevelure pour la faire gonfler. Avec la chimiothérapie, elle avait perdu tous ses cheveux, expérience traumatisante qu’elle ne souhaitait à personne. Mais ils avaient repoussé, plus épais encore qu’avant le traitement. Aujourd’hui, ils étaient même assez longs pour qu’elle puisse les attacher en queue-de-cheval ; ils avaient juste la fâcheuse tendance à refuser de rester en place.

Cela faisait trois ans qu’elle avait gagné sa bataille contre le cancer, au prix, hélas, d’un lourd tribut ; pour lui sauver la vie, le chirurgien avait été obligé de la priver de ce qui lui était le plus cher : la possibilité d’avoir un enfant.

Pendant un bref instant, elle se laissa submerger par ce sentiment d’étouffement, désormais familier, qui lui enserrait le cœur d’un étau chaque fois qu’elle y pensait. Puis, peu à peu, cela s’estompa.

Elle caressa l’encolure de sa jument.

— Tu dois avoir faim ma belle, non ?

L’animal frotta ses naseaux contre sa main en hennissant doucement, emplissant la jeune femme d’un profond sentiment de paix et de réconfort. La vie était si simple ici, si réelle ; c’était comme si rien de mal ne pouvait plus jamais lui arriver.

Cooper Yates, le régisseur du High Five, lui avait affirmé que la jument ne valait pas grand-chose. Pourtant, avec sa robe gris sombre constellée de taches, sa queue et sa crinière noires, Madison la trouvait très belle. Avec patience, elle avait fini par gagner sa confiance et, à force d’encouragements, elle était arrivée à la faire galoper comme le vent ! A contrecœur, Cooper avait bien dû reconnaître qu’elle ne s’était pas trompée, ce qu’elle n’était pas près de lui faire oublier. Elle avait toujours été persuadée que chaque être avait du bon en lui, même si, parfois, il était bien caché. Mais il suffisait de le chercher et d’y croire pour qu’il revienne à la surface.

Elle mena Sadie dans le corral. Sans hésitation, la jument trotta vers la mangeoire.

Madison soupira. Elle n’en pouvait plus et n’avait qu’une envie : se plonger dans un bon bain chaud et moussant. Elle avait mal partout, dans chaque coin, chaque recoin de son corps, dans chacun de ses muscles — et Dieu sait le nombre de muscles que possédait un corps humain ! Jusqu’à ses pieds, qui n’étaient pas encore tout à fait habitués aux bottes de cow-boy.

Elle retourna dans l’écurie et était en train de suspendre la bride de Sadie à un crochet lorsqu’un bruit la fit tressaillir. Une sorte d’éternuement. Elle jeta un coup d’œil autour d’elle. Rien d’inhabituel. Peut-être avait-elle rêvé. Dans le bâtiment, tout était ouvert. Sur la gauche, on apercevait les box pour les chevaux avec, au fond, un râtelier à foin et, sur la droite, la sellerie. Au-dessus, un grenier où l’on stockait le foin. De grandes portes à deux battants ouvraient d’un côté vers le corral, de l’autre vers le ranch.

C’était sans doute le gros chat qui avait élu domicile dans la grange, se dit-elle.

C’est alors qu’elle aperçut des pieds, sous la porte d’un des box. Deux paires de chaussures de sport, dont l’une était bordée de rose, qui n’appartenaient certainement pas au vieux matou.

Intriguée, elle s’approcha doucement et ouvrit la porte d’un coup, se trouvant nez à nez avec deux fillettes qui la contemplaient. L’une devait avoir dans les dix ans ; elle était blonde et tenait sur sa hanche un garçonnet de trois ou quatre ans, le visage enfoui dans son cou. L’autre était brune et devait avoir quinze ou seize ans ; elle était visiblement enceinte. Toutes deux étaient vêtues de jeans et de grosses parkas.

Bien. La situation semblait délicate, songea Madison, et il s’agissait de ne pas faire d’erreur.

— Bonjour. Que faites-vous là, cachés dans cette stalle ? demanda-t-elle de sa voix la plus douce.

— Nous ne nous cachons pas ! lança la plus jeune d’un ton hargneux. Nous attendons quelqu’un.

— Vous attendez quelqu’un ? Et qui donc ?

— Brian Harper, répondit la plus âgée.

Madison fronça les sourcils.

— Je ne connais personne de ce nom, dit-elle.

— Il travaille pour Mlle Belle.

— Je suis… Ah, vous voulez dire Caitlyn ?

L’adolescente acquiesça d’un hochement de tête.

— Caitlyn n’habite plus ici, lui apprit Madison.

La réponse prit la jeune fille de court, et Madison la vit brusquement pâlir.

— Mais… elle est toujours propriétaire de ce ranch ? demanda-t-elle d’une petite voix.

— Oui, elle en est copropriétaire, avec notre sœur Skylar et moi.

— Vous êtes qui ?

— Je suis Madison Belle. Et vous, comment vous appelez-vous ?

— Moi, c’est Ginny, répondit la plus âgée. Elle, c’est Haley, et lui, c’est Georgie.

Le petit garçon releva la tête.

— Je m’appelle Georgie.

— Chut, Georgie, murmura Haley en le serrant plus fort contre elle.

Le cœur de Madison se serra. Même emmitouflée dans ses gros vêtements d’hiver, la fillette lui parut terriblement fluette. C’est à peine si elle avait la force de porter l’enfant, qui se mit à pleurnicher.

— Je veux rentrer à la maison.

Haley lui frotta le dos pour le rassurer.

— Chut…

Que faisait donc ce curieux trio dans son écurie à attendre ce Brian Harper, qu’elle ne connaissait pas ? se demanda Madison. Tout cela était vraiment surprenant.

— Pourquoi tenez-vous tant à voir Brian Harper ?

— Il m’a dit que, si j’avais besoin de quoi que ce soit, il m’aiderait, répondit Ginny.

Comme pour donner plus de poids à ses paroles, elle posa les mains d’un geste protecteur sur son ventre.

— Il nous faut de l’argent pour acheter les billets d’autocar pour Lubbock, précisa Haley. Notre mère habite là-bas, nous devons y aller.

— Maman…, pleurnicha Georgie.

L’histoire se corsait.

— Oui, je comprends, dit Madison en regardant tour à tour ses deux jeunes interlocutrices. Mais dites-moi, je suppose que vous avez de la famille à High Cotton ?

— Ça ne vous regarde pas ! riposta aussitôt Haley, sur la défensive.

— Si, cela me regarde, dans la mesure où vous êtes venus vous cacher dans mon écurie.

Avant que les enfants aient pu trouver une réponse, un bruit de sabots attira leur attention. Cooper Yates et Rufus Jones firent leur apparition, suivis de près par les chiens de troupeaux, Boots, Booger et Bo. Les deux cow-boys sautèrent de leurs montures, et Rufus, fidèle à sa philosophie de ne s’occuper que de ses affaires, se mit à desseller les chevaux et à les panser sans prêter la moindre attention à la scène qui se déroulait non loin de lui.

Cooper et lui étaient les seuls cow-boys à travailler au ranch. Tous deux avaient passé du temps en prison, ce qui n’empêchait pas Caitlyn de leur accorder une confiance sans limites. Au début, Madison ne comprenait pas pourquoi, mais, après avoir pu apprécier leur honnêteté et leur dévouement, elle ne se posait plus de question.

Rufus devait avoir dans les soixante-dix ans. Toute sa vie, il avait travaillé au High Five. Sa femme, Etta, y était cuisinière et gouvernante. Bien des années plus tôt, en voulant porter secours à une jeune femme malmenée par son petit ami, il avait envoyé ce dernier valser à l’autre bout de la pièce d’un violent coup de poing. En retombant, l’homme s’était fracassé le crâne sur le rebord d’une table et était mort sur le coup. Rufus avait écopé de trois ans de prison ferme pour homicide involontaire. En sortant, il avait retrouvé Etta et le High Five, où il menait depuis une vie irréprochable.

Quant à Cooper, c’était un ami de classe de Caitlyn. Passionné de cheval, il était incollable sur tout ce qui concernait le bétail et les chevaux, et c’est tout naturellement qu’il était devenu cow-boy, travaillant dans les ranches. Alors qu’il était employé dans un élevage de pur-sang, plusieurs chevaux étaient morts, empoisonnés par de l’insecticide contre les charançons mélangé par mégarde à leur nourriture. Le propriétaire s’était empressé de l’accuser. Furieux, Cooper, qui n’y était pour rien, s’en était pris à lui et l’avait frappé, aggravant son cas. L’homme avait porté plainte, et Cooper avait été condamné pour coups et blessures, ainsi que pour empoisonnement ayant entraîné la mort. Il avait passé six mois en prison avant que la vérité n’éclate enfin au grand jour : c’était le propriétaire lui-même qui avait préparé le mélange, dans le but de toucher la prime d’assurance. Si Cooper avait été aussitôt libéré, sa réputation, en revanche, avait souffert et, malgré l’injustice de sa condamnation, les gens le regardaient encore de travers. Pour tous, il demeurait coupable. Pour tous, sauf pour Caitlyn et Dane Belle, qui eux, lui avaient accordé leur confiance en l’embauchant au High Five.

Cooper lança à Madison un regard interrogateur.

La jeune femme toisa les enfants d’un regard sévère.

— Ne bougez pas d’ici, je reviens, dit-elle d’un ton sans réplique.

Puis elle se dirigea vers Cooper, qui ôta son chapeau et le frappa contre sa cuisse pour le dépoussiérer, tout en jetant un coup d’œil vers les visiteurs.

— Qu’est-ce qui se passe ? demanda-t-il.

— Elles cherchent Brian Harper. Tu vois qui c’est ?

— Il a travaillé un temps ici, le printemps dernier, avant de partir dans les champs de pétrole.

— Tu saurais le retrouver ?

— Moi, non. Cait peut-être.

Son regard se posa sur Ginny.

— Bon sang, cette gamine est enceinte ! Quel âge peut-elle bien avoir ?

— Aucune idée. J’ai cru comprendre que Brian Harper était le père.

— Ce gamin n’a jamais eu qu’une idée en tête, se faire plein de fric. Si elle s’imagine qu’il va faire face à ses responsabilités, elle se trompe lourdement.

— Tu crois qu’il va se défiler ?

— Comme deux et deux font quatre ! C’est monsieur Moi-Je. Quant aux autres, ils peuvent bien crever.

Madison fronça les sourcils, soucieuse. Cette gamine était beaucoup trop jeune pour avoir un bébé et, visiblement, elle n’était pas tellement entourée.

— Essaie d’appeler Walker, suggéra Cooper.

— Walker ? Pourquoi ?

— Parce que ce sont ses gosses.

— Quoi ?

Walker était le chef de la police de High Cotton. Elle l’avait rencontré une fois, à une soirée au Southern Cross, le ranch des Calhoun, et elle n’avait pas du tout apprécié qu’il lui ait dit qu’elle avait l’air aussi jeune que sa fille. Aucune femme n’avait envie d’entendre, de la bouche d’un homme, qu’elle ressemblait à une gamine. Ce qui, pour elle, était une insulte était toujours bien présent à son esprit, et l’idée d’avoir affaire à ce Walker ne l’enchantait pas du tout.

— Les trois sont ses enfants ? demanda-t-elle, mal remise de sa surprise.

— Non, seulement les deux plus jeunes, Haley et Georgie.

Elle repensa soudain à ce que lui avait dit Haley à propos de sa mère et du fait qu’elle voulait aller la retrouver.

— Où est la femme de Walker ?

Cooper haussa les épaules.

— Tout ce que je sais, c’est ce que l’on raconte. Et tu sais, les rumeurs…

— Dis-moi quand même.

— On dit qu’elle est partie avec un autre homme.

— Et ses enfants ?

— Elle les a laissés à Walker.

Elle était partie en abandonnant ses deux enfants ? songea Madison, horrifiée. Mais comment une femme pouvait-elle agir de la sorte ? C’était impensable !

Cooper posa un doigt sur son front, la ramenant à l’instant présent.

— Quand tu es en colère, tu as des petites rides, là et tout autour des yeux.

— Mais non, ce n’est pas vrai ! protesta-t-elle en relevant le menton d’un air de défi.

— Si tu le dis…

Il avisa le petit groupe, qui attendait et n’en menait visiblement pas large.

— Bonne chance, Maddie.

Puis il sortit d’un pas nonchalant, les chiens sur les talons.

Elle allait devoir trouver une solution.

Elle retourna vers les trois enfants.

— Venez à la maison avec moi, leur dit-elle. Je vais vous donner du lait et des gâteaux et j’appellerai ma sœur Caitlyn.

— On n’en veut pas, de vos gâteaux ! s’écria Haley en la fusillant du regard.

Georgie releva la tête, vivement intéressé par la proposition.

— Moi, j’en veux, des gâteaux.

— Alors, tu auras un petit gâteau, lui répondit Madison en tendant les bras vers lui. Tu viens avec moi ?

— Non, il…, commença Haley en tentant de s’interposer.

Mais le petit garçon s’était déjà dégagé de l’étreinte de sa sœur et s’élançait vers Madison qui, émue, le prit dans ses bras. Le poids de ce petit fardeau lui fit monter les larmes aux yeux. Contenant son émotion, elle se dirigea vers la maison. Les deux filles n’eurent pas d’autre choix que de lui emboîter le pas.

*

* *

La cuisine était chaude et accueillante. Etta, qui s’affairait devant le fourneau, jeta un œil par-dessus son épaule en les entendant entrer.

Ouvrant des yeux effarés en apercevant les trois enfants, elle se précipita vers Ginny tout en s’essuyant les mains sur son tablier.

— Mon Dieu, mon Dieu, Ginny Grubbs ! Regardez-moi ça ! Mais tu es enceinte jusqu’aux oreilles !

— Oui, madame.

Ginny ôta sa parka et se glissa aussitôt sur une chaise, espérant sans doute que la table dissimulerait un peu son gros ventre.

Etta allait se lancer dans un de ses interminables discours, mais l’entrée de Dorothea dans la cuisine l’en empêcha. Madison sourit ; l’arrivée de sa grand-mère provoquait toujours un petit temps d’arrêt, comme un silence respectueux. Dorothea Belle, d’apparence délicate, presque éthérée, donnait plus l’impression de flotter que de marcher lorsqu’elle se déplaçait. Ses cheveux, d’un blanc immaculé, étaient retenus en chignon sur sa nuque. Mais, derrière son aspect fragile, la vieille dame possédait une force intérieure rare et un certain caractère qui en avait surpris plus d’un, y compris ses petites-filles.

Madison l’embrassa sur la joue.

— Bonjour, grand-mère. Nous avons de la compagnie.

— Je vois.

Elle jeta un regard pénétrant sur chacun des trois enfants avant d’ajouter :

— Etta, s’il te plaît, pourrais-tu nous apporter du lait et des petits gâteaux ?

— Tout de suite.

— Il faut que j’appelle Cait, dit Madison en posant Georgie par terre. J’en ai pour une minute.

Elle se pencha vers sa grand-mère pour lui murmurer à l’oreille :

— Tu veux bien les surveiller ?

La vieille dame acquiesça d’un clignement de paupières et débarrassa le petit garçon de son anorak.

Dès qu’elle fut dans son bureau, Madison s’empressa de faire le numéro de sa sœur. Au bout de deux sonneries, Judd répondit.

— Salut Judd. Est-ce que je pourrais parler à Cait, s’il te plaît ?

— Attends, je te la passe, elle est juste là.

Des murmures et des rires étouffés lui parvinrent. Puis un long silence. Elle sourit. Sa sœur et Judd n’étaient-ils pas des jeunes mariés ? Caitlyn prit enfin le combiné et lança d’une voix essoufflée :

— Salut Maddie ! Ça va ?

— Rassure-moi, il vous arrive de vous arrêter de temps en temps, tous les deux ?

— Non !

— Profites-en bien.

— Oh ! Ne t’en fais pas pour moi. Tu m’appelles pour une raison précise ?

— Oui. Ecoute, je suis bien embarrassée. J’ai trouvé trois enfants cachés dans l’écurie. D’après Cooper, deux seraient ceux de Walker. La troisième, c’est Ginny Grubbs. Je ne sais pas quel âge elle peut avoir, seize ans à peu près, et elle est enceinte. Elle cherche Brian Harper. Tu saurais où le trouver, toi ?

— Brian ? Je n’en ai pas la moindre idée. Je ne l’ai pas vu depuis le printemps dernier. Comment ont-ils fait pour arriver jusqu’au ranch ?

— Je ne sais pas.

— Il faut que tu appelles Walker immédiatement. Il doit se faire un sang d’encre pour ses enfants.

— Tu as son numéro ?

— Attends. Je vais le chercher.

Madison soupira ; elle se serait bien passée de ça… Elle pianota nerveusement sur le bureau tout en repensant à cette fameuse soirée où elle avait rencontré Walker. Après l’avoir vexée avec sa remarque, il lui avait proposé de danser, ce qu’elle s’était empressée de refuser. Et, comme pour enfoncer le clou un peu plus, Skylar avait accepté l’invitation, racontant à Walker toutes sortes d’inepties à son sujet que Caitlyn et elle ne la sortaient du grenier que pour les grandes occasions, par exemple. Il avait dû penser qu’elle était complètement folle !

Ses doigts se mirent à pianoter de plus en plus vite.

Dès qu’elle eut noté le numéro, elle prit congé de Caitlyn.

Elle contempla le combiné pendant quelques secondes puis, après un profond soupir, prit son courage à deux mains et composa le numéro de Walker.

*

* *

Walker posa sur sa tante un regard lourd de reproches. D’accord, il n’avait aucune illusion sur ses qualités de baby-sitter, mais, vu sa situation actuelle, il n’avait pas vraiment le choix et était bien obligé de lui confier ses enfants plus souvent qu’il ne l’aurait souhaité. Ils avaient hérité tous les deux de la quincaillerie générale de High Cotton et vivaient dans des maisons voisines. Nell Walker, qui ne s’était jamais mariée, avait des méthodes bien à elle de s’occuper des enfants, qu’elle n’aimait pas particulièrement d’ailleurs.

— Comment ça, tu ne sais pas où ils sont ? s’écria Walker. Est-ce que Haley est descendue du bus scolaire ?

— Evidemment !

Nell enregistra une vente et rendit sa monnaie à Dewey Ray.

— Elle a emmené Georgie dans la pièce, derrière, pour faire ses devoirs, et, quand je suis allée voir si tout allait bien, ils avaient disparu. C’est pour ça que je t’ai appelé. Je fais de mon mieux, Walker. N’oublie pas qu’ils sont sous ta responsabilité. J’essaie juste de te rendre service.

La clochette de la porte tintinnabula, et Frank Jessup pénétra dans le magasin.

— Salut Walker !

Walker, rongé d’inquiétude, lui répondit d’un hochement de tête.

— Vous avez reçu la pièce que j’avais commandée, Nell ?

— Oui, elle est arrivée. Je vais vous la chercher.

Walker fusilla sa tante du regard ; elle ne savait pas où étaient Haley et Georgie, et elle continuait à servir ses clients comme si de rien n’était ! C’était plus qu’il ne pouvait en supporter. Il fonça vers la sortie, furieux.

Une fois dehors, il fit quelques pas, essayant de réfléchir et, surtout, de se calmer. En vain. Bon sang ! Il était incapable de s’occuper de ses enfants ! Il avait cru qu’en revenant à High Cotton tout allait s’arranger. Mais Haley détestait la petite ville et elle n’avait pas réussi à se faire d’amis, à part la petite Grubbs, qui était beaucoup plus âgée qu’elle et avec laquelle elle traînait la plupart du temps au lieu d’aller à l’école.

Il était temps que tout rentre dans l’ordre.

Mais comment faire ? Il était pratiquement impossible d’établir un dialogue avec Haley. Il y avait tant de colère enfouie en elle que chaque tentative se soldait invariablement par un échec. Quant à Georgie, cela ne valait guère mieux. Le petit garçon pleurait sans cesse et réclamait sa mère. Ah, si par malheur elle se retrouvait sur son chemin, celle-là, il aurait du mal à se retenir de l’étrangler ! Qu’elle le quitte, il pouvait le comprendre, mais qu’elle abandonne ses enfants sans leur dire quoi que ce soit, c’était une tout autre paire de manches.

Il s’arrêta de marcher, respira à fond et tenta de mettre un peu d’ordre dans son esprit. High Cotton était une petite ville, une bourgade d’à peine cinq cents habitants. Quelqu’un avait dû les voir. Pour commencer, il allait rendre une petite visite à Earl Grubbs, le père de Ginny. Depuis que Ginny était enceinte, elle était la risée de tous les enfants, à part Haley, bien sûr, qui avait trouvé en elle une compagne de souffrance.

Au moment où il sortait son portable de sa poche pour prévenir ses collègues de sa destination, celui-ci se mit à sonner.

— Oui ?

— Vous êtes bien Walker ? s’enquit une voix féminine.

Une voix féminine qu’il aurait reconnue entre mille. Madison Belle. Son cœur fit un bond dans sa poitrine.

— C’est moi. Que puis-je faire pour vous, mademoiselle Belle ?

Il y eut un silence.

— Allô ?

— Oui. Je voulais vous dire que vos enfants étaient ici, au High Five.

— Quoi ?

— Haley, Georgie, ainsi qu’une jeune fille qui répond au nom de « Ginny », sont chez moi.

— Comment ont-ils fait pour aller jusque-là ?

— Je ne sais pas, j’imagine qu’ils ont dû marcher. Il faudrait peut-être un peu mieux les surveiller, vous ne croyez pas ?

Les mains de Walker se crispèrent sur son téléphone.

— J’arrive ! lança-t-il d’un ton sec. Surtout, ne les laissez partir sous aucun prétexte !

Ravalant un juron, il raccrocha et s’engouffra dans sa voiture.

Il ne manquait plus que ça ! Dès leur première rencontre, Madison Belle l’avait pris en grippe. Et voilà qu’il allait devoir lui faire face et voir, dans ses yeux bleus, tout ce qu’elle pensait de son incapacité à assumer son rôle de père…

Afficher en entier

Ajoutez votre commentaire

Ajoutez votre commentaire

Commentaires récents

Diamant

lu aussi je suis fan pourtant en temps normal je ne lis jamais les romances ou les femmes sont steriles ou encore les histoires ou il y a adoption mais j'ai adoré celle la il est a lire

Afficher en entier

Dates de sortie

Les soeurs Belle, Tome 2 : Secrets d'hiver

  • France : 2011-02-01 - Poche (Français)
  • USA : 2009-10-13 - Poche (English)

Activité récente

Titres alternatifs

  • Madison's Children - Anglais
  • Madison's Children (The Belles of Texas #2) - Anglais

Les chiffres

lecteurs 11
Commentaires 1
extraits 2
Evaluations 1
Note globale 7 / 10

Nouveau ? Inscrivez-vous, c'est gratuit !


Inscription classique

En cliquant sur "Je m'inscris"
j'accepte les CGU de booknode