Les sorcières de Vardø

Ce livre raconte un pan d'histoire intéressant et donne envie de creuser le sujet .

(lu en VO)

Le thème était très intéressant puisque cette histoire est basée sur des faits réels dont je n'avais pas bonne connaissance. L'atmosphère du récit était cependant lourde, pesante, presque suffocante: ce n'était pas une lecture agréable, et je pouvais m'imaginer facilement le désespoir dans lequel les personnages étaient plongés.

Globalement, le rythme était beaucoup trop lent et je n'ai réussi à accrocher qu'aux 3/4 du livre, et bien des fois j'ai eu envie d'abandonner la lecture. Je ne regrette pas de l'avoir fini, mais c'était une épreuve difficile dans un moment où j'aurais préféré avoir une lecture légère et amusante.

“𝜯𝒉𝒆 𝝄𝒏𝒍𝒚 𝒘𝒂𝒚 𝒕𝝄 𝒑𝒓𝝄𝒕𝒆𝒄𝒕 𝝄𝒖𝒓𝒔𝒆𝒍𝝂𝒆𝒔 𝒊𝒔 𝒕𝝄 𝒎𝒂𝒌𝒆 𝒕𝒉𝒆𝒎 𝒂𝒇𝒓𝒂𝒊𝒅 𝝄𝒇 𝒖𝒔.”

[Lu en VO]

Le thème est intéressant. L'époque, le lieu, la reconstitution historique d'événements réels sont intéressants. À la fin du roman, l'autrice fait la liste des nombreuses femmes ayant effectivement été exécutées pour soupçons de sorcellerie sur l'île de Vardø, en Norvège, entre 1662 et 1663, et on comprend que ce roman est un hommage, une volonté de montrer la vie de ces femmes plus que leur fin. Et c'est beau, c'est louable.

Oui mais… C'est lent, très lent, et la plupart des choix scénaristiques sont assez critiquables. Par exemple, le POV à la seconde personne d'Anna n'a plus tellement de sens quand elle explique au roi du Danemark (à qui elle est censée adresser ses lettres) des événements auxquels il était lui-même présent, ou quand elle fait de longues descriptions de paysages qui n'ont aucune utilité dans le rapport qu'elle lui fait des événements de Vardø. Et puis elle semble avoir des citrons à l'infini, avec tout ce qu'elle déblatère. Autre chose : le chemin des deux narratrices ne se fond qu'à partir de la moitié du roman, là où tout commence à s'accélérer, ce qui fait au moins 200 pages où il ne se passe pas grand-chose. Mais ce qui m'a le plus énervée, c'est Maren : elle passe le roman à n'en faire qu'à sa tête, à montrer clairement des signes de la "magie" que les hommes craignent tant et à affirmer haut et fort à qui veut l'entendre qu'elle est sorcière et fille de sorcière… et tout le monde la laisse tranquille ! Alors oui, je sais bien que le message c'est que les femmes peuvent être fortes quand elles arrêtent d'être terrifiées par les hommes, mais là c'est caricatural. Et la fin… la fin n'a pas tellement de sens pour Maren, d'ailleurs. Ça ne correspond pas à ce qu'on sait d'elle, à ce que son caractère laisse présager.

Le récit est quand même prenant, et on ressent surtout l'impuissance de ces femmes, qui tentent de se défendre mais n'ont en réalité aucun moyen de prouver leur innocence. L'exemple le plus marquant est toujours l'ordalie, ici de l'eau : la sorcière flotte, alors que la bonne chrétienne est censée couler. Allez essayer de couler dans les eaux bien salées de l'océan Arctique… C'est une histoire d'injustice, de superstitions, de suprématie masculine et du lien que les femmes peuvent développer entre elles quand elles sentent que tout est perdu.

Un récit mitigé, donc, mais un sujet toujours important à redécouvrir.