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Le supplicié était suspendu à un crochet qui lui traversait le menton, comme une pauvre bête aux abattoirs. En passant à ses côtés, Nogaret pria pour qu'il fût déjà mort. Ses mains avaient été réduites à l'état de bouillie sanguinolente par la férocité des tortionnaires. Ses jambes n'étaient plus que deux moignons brûlés par les chabons ardents. L'odeur de putréfaction planait autour de ce macabre fardeau et des corbeaux faméliques volaient en cercle au-dessus de lui, impatients de se repaître des chairs molles de ses yeux.
Afficher en entier" Vous pensez à ceux qui répandent la peste ?
- Oui, maître. Les deux choses pourraient être liées. La dissidence politique et le spectre d'un fléau divin. En clair, les rebelles pourraient essayer de déclencher la guerre civile en répandant avec un soin diabolique une terrible épidémie.
Afficher en entier"Des souterrains de Notre-Dame, l'Antéchrist envahira la terre".
Afficher en entierPhilippe n'aimait personne, disait-on, pas même ses propres enfants. Il n'avait ni cœur ni passions ; chacun de ses sentiments était réservé au gouvernement de la France, un devoir qu'il interprétait la plupart du temps, dans le domaine militaire. C'était pour cela qu'on le surnommait "le Roi de marbre et de fer".
Afficher en entierCela concernait une prévision. En étudiant le cours des étoiles, Arnaud prédisait qu'une horrible calamité allait s'abattre sur la France. Il parlait de villes désertes habitées seulement par des chiens et des bêtes sauvages en quête de charognes à dévorer. Il décrivait des corps entassés dans les églises, des tas qui arrivaient au plafond. Des morts qui gisaient partout, sans sépulture, parce qu'il n'y avait plus âme qui vive pour s'occuper d'eux.
Afficher en entierL'évêque de Pamiers ne cessait de proclamer que le souverain, en contestant l'aurorité sacrée du pape, l'autorité sacrée de saint Pierre, attirait dangereusement sur le royaume de France, le fléau de la colère divine. Dieu le punirait de manière mémorable, et, avec lui, tous les Français, ses sujets. Dans ses diatribes véhémentes faites au peuple, il utilisait un ton apocalyptique, il parlait du feu et du souffre que le Seigneur ferait tomber sur la France comme il l'avait fait pour Sodome et Gomorrhe. Il évoquait les dix plaies d'Egypte et l'épouvantable mortalité qui avait décimé le peuple égyptien à cause d'un pharaon au cœur dur ; personnage derrière lequel, tout le monde le comprenait, il fallait voir Philippe le Bel. Par la diffamation, Saisser répandait un sourd ressentiment dans le cœur des gens, exacerbait les traits de caractère du souverain que le peuple aimait le moins. Il catalysait les peurs collectives en commençant par la plus grave : la peste. Il avait inventé des phrases tout en finesse et malignité qui faisaient mouche sur le petit peuple ignorant et curieux, tellement facile à manipuler. Elles courraient de bouche à oreille à travers tout le royaume : on les connaissait comme des comptines, et, pire encore, on les croyait fiables comme des proverbes.
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