Les Survivants de l'Au-delà

Où est-ce que je suis ?

Ce n’est qu’au prix d’un effort immense que je réussis à ouvrir les yeux.

Je me découvre allongé, à même le sol, replié dans la pause foetale et le corps écrasé de douleur. Je halète, mes poumons sont en feu.

Je me renverse face au ciel, un ciel bleu sans nuage au milieu duquel trône un soleil immense, comme un bouclier dans une forge.

Je suis vivant !

Mais alors ? La mort de Cathy… la mienne ? Ai-je rêvé ? Et pourtant le souvenir, en moi, est bien réel et toujours aussi vivace. Que s’est-il passé ?

Je réalise, alors, que je ne porte aucun vêtement à part le pagne étroit, serré sur mes reins. Etoffe grossière, incolore, maintenue par une fine ceinture végétale. Mais qui a donc pu…

Je m’assois, je me redresse, mais une douleur aiguë à la jambe droite m’oblige à me rasseoir. Ma blessure est certainement sans gravité mais le sang coule. Comment ai-je donc pu me faire ça ?

Et c’est alors que je découvre l’homme qui se tient devant moi, agenouillé à même le sol et tenant dans ses mains une jarre emplie d’une sorte de brouet qu’il me tend, d’ailleurs, avec une muette insistance. Comme quelque monstre à la fois plein d’audace et de timidité. Pour toute vêture il ne porte qu’un pagne pareil au mien.

— Qui êtes-vous ?

Il me regarde d’un œil vide, éteint. Aucune intelligence dans son regard, ni dans son visage fermé et dénué de toute expression. Obstinément, il continue à me présenter le brouet.