Extrait

Ian inspira profondément et se redressa. Pour la première fois depuis des années, quelqu’un avait besoin de lui. Cette responsabilité le bouleversait. Il avait l’impression d’être vivant, non pas de se traîner péniblement d’un jour à l’autre, mais de vivre avec une intensité qui le mettait en joie.

Renversant la tête en arrière, il contempla la lune et la dentelle de nuages transparents qui dérivait lentement devant l’astre lumineux. Derrière, le ciel était à la fois si loin et si proche qu’il lui sembla pouvoir y plonger la main et, en la retirant, découvrir le bout de ses doigts tachés d’encre noire. Vivant. Le loup en lui le sentait également. L’émotion, l’anticipation et une joie étonnante le submergèrent avec une telle puissance qu’il en resta pantelant. Il laissa ce sentiment croître jusqu’à ce que sa poitrine se mette à vibrer.

À titre de loup solitaire, il n’avait pas le droit de le faire. Ce faisant, il ferait part de ses intentions à l’ensemble des lycanthropes. Mais on ne pouvait réprimer des siècles d’instinct animal. Un hurlement s’échappa de sa gorge, s’éleva et retomba dans une longue vague qui annonçait son retour et clamait son amour pour une femme.