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Les terres du couchant



Description ajoutée par _tcni 2015-08-21T14:19:05+02:00

Résumé

En 1953 Gracq entreprend un roman qui se situe comme Le Rivage des Syrtes dans cette zone rêveuse où Histoire et mythe, imaginaire collectif et destins individuels s’entrelacent.

Il y travaille pendant trois étés. Travail difficile, hésitant qu’il abandonne en 1956 pour écrire Un balcon en forêt et dont témoignent les quelque 500 pages manuscrites du fonds Gracq à la BnF. Le récit que nous publions est très proche d’une version définitive, même si pour l’auteur il n’a pas trouvé sa forme dernière. C’est dans ce dossier que Gracq a prélevé les 25 pages de La Route.

Le roman se situe à une époque la fois historique et hors de l’histoire – quelque part aux limites d’un Moyen Age barbare. Il se développe autour d’une ville assiégée aux lointaines frontières d’un Royaume finissant. De loin en loin, la place forte reçoit le renfort de quelques volontaires qui, secouant l’inertie mortelle du Royaume, prennent clandestinement la route pour lui apporter quelque secours. C’est parmi eux que se trouve le narrateur, qui évoque tout d’abord les préparatifs du voyage, les incidents et périls de la marche, les haltes, les rencontres et, surtout, les paysages traversés.

La deuxième partie s’organise autour de la vie dans la ville assiégée, avec ses plaisirs et divertissements, toujours précaires face aux signes évidents d’un imminent cataclysme : « Une ville murée pour le néant ».

Mais la substance poétique du récit naît de la description des paysages à la lumière changeante des heures. Du haut des remparts, le narrateur regarde « la steppe rousse » aux pieds de la muraille, plus loin « le lac et ses rives de paille » et au-dessus, « pareils à un rêve de neige flotté sur un aveuglant regard bleu, les linges glacés, glorieux, éblouis » de la Haute Montagne.

Un royaume sur le point d’être envahi par les barbares et qui refuse obstinément d’envisager le pire, une forteresse en flammes, « l’herbe froide et poissée » d’un champ de bataille: tout comme le Rivage des Syrtes la fiction subrepticement nous ramène à notre temps, mais c’est ici le « poète noir », qui donne le ton. La pesante « montée de l’orage » des années d’avant guerre, se résout enfin « en pluie de sang ».

On est toujours tenté de présenter la publication posthume d’une œuvre comme une découverte sensationnelle, qui change l’image établie d’un écrivain. Pourtant, ce récit ne bouleverse pas la vision que nous pouvons avoir de l'œuvre de Julien Gracq. Mais il la complète d’une manière significative et nécessaire. Il conduit à une compréhension plus intime, plus précise, de l’écrivain, des chemins qu’il emprunte, de son regard sur le monde et de son imaginaire. Et, enfin, on sait désormais quel est le paysage romanesque que traverse La Route. Surtout, ce grand récit nous offre le cadeau inattendu d’un pur plaisir de lecture.

Bernhild Boie

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Classement en biblio - 2 lecteurs

extrait

Extrait ajouté par _tcni 2015-08-21T14:20:06+02:00

En somme, nous vivions bien. Chaque saison amenait ses fruits et ses plaisirs, et la Terre du Couchant n’était pas avare. Les vices dans le gouvernement du Royaume étaient si vieux, et leurs méfaits si capricieux dans leur enchevêtrement qu’ils finissaient par participer des hauts et des bas qui donnent sa variété à tout spectacle naturel : si on formait le vœu parfois de les voir « s’arranger », c’était de la même lèvre pieuse dont on souhaite que le temps « s’arrange » après la grêle ou la gelée. Comme l’habitué des alpages a cessé de réfléchir au caractère fâcheusement raboteux des montagnes, simplement on naissait à Bréga-Vieil au cœur d’un paysage social accidenté. Le secret conseil du Royaume était l’absence complète de mouvement, et la connaissance que l’homme accroche son champ et le laboure sur des pentes dix fois plus fortes que celles qu’il supporterait d’un pont de navire, quand celui-ci va sur la mer.

Il y avait des jours encore où l’œil retrouvait sur cette terre poncée et usée par la familiarité de tant de paumes les escarres et les cicatrices du feu. Ces jours-là, comme les fantômes sortent des cimetières par les nuits de pleine lune, le regard du voyageur doué d’un pouvoir séparateur neuf découvrait les termitières de pierre des anciens calvaires basculés au creux des fourrés, pareilles aux hécatombes des grandes chasses, les tours à signaux, sombrées dans les feuilles, les châteaux de grès brut enfouis dans leur bauge de forêts, l’étang de leurs cours pavées mangées par l’herbe, et les anneaux de fer énormes scellés aux murs roussis où s’était cachée une race de chevaux d’Apocalypse. Mais le peuple du Royaume aujourd’hui consultait d’autres archives. Elles s’entassaient en liasses croûtées d’un limon de siècles aux greffes des cours de justice et aux registres des officialités, où les symboles de ce qui avait été richesse vraie se monnayaient et s’échangeaient en effigie. Quand il m’arrive de penser encore à ce temps de mon activité professionnelle, il me semble que la vie des habitants du Royaume se passait à échanger des signes authentifiés, son labeur à répertorier des pièces comptables. La fin dernière de la tenue des comptes était dans leur balancement : le Royaume inépuisablement fabriquait de l’équilibre, coïncidait sur le papier avec lui-même dans la figure de son identité.

Je me souviens pourtant combien la vie à Bréga-Vieil était douillette et confortable, ainsi que dans une maison dont on s’est résigné à condamner les pièces d’apparat. À l’orient du quartier du Bourg, s’enlevaient au-dessus des gorges de la Loesna les courtines du château des Comtes dominant les tuiles vernissées de la ville de leur pigmentation terne de rochers que n’atteignent plus les marées. À l’Ouest, la cathédrale surplombait un mamelon haut, un quartier depuis longtemps désertique, raccordé par une pente douce aux plateaux qui ceinturent la ville. Les rues coulaient, se serraient en faisceau sinueux dans l’ensellement entre les deux hauteurs, charriant avec elles une traînée de vie grasse, abandonnant les lourds vaisseaux de pierre à leur échouage sur ces parvis visités par le vent, où les après-midi d’été promenaient sans bruit de minuscules trombes de poussière. Il faut avouer que ces hauts lieux étaient devenus à Bréga-Vieil avec le temps extraordinairement inhospitaliers : un quartier claquemuré et hostile avec ses rares portes étroites, ses murs aveugles où la chaleur plaquait des essaims de mouches, – parfois une sonnette grêle au fond de ses jardins verrouillés dont les arbres pointaient à peine par-dessus le mur de clôture, un parti de soldats dans ses ruelles tournantes montant harnaché vers le château, ou la robe noire d’un prêtre battant aux murs crayeux comme une chauve-souris. À présent, quand me revient l’image de la ville, il me semble discerner qu’une espèce de torpeur faisait refluer de là la vie vers les points bas. La ville s’endormait, pesante, amarrée par les siècles aux pitons de ses roches de vigie, son poids aveugle tassé au plus creux de ce hamac avachi, dans un bruit faible de viscères satisfaits et dans la respiration assoupie des grandes chaleurs.

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Les terres du couchant

  • France : 2014-10-09 - Poche (Français)

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