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À cent mètres à ma droite, un chameau est soulevé, jeté en arrière, se renverse les quatre pattes en l'air... Deux nouveaux danseurs de poussière frénétique foncent vers nous à une vitesse folle, étonnamment symétriques, harmonieusement unis dans leurs évolutions... Rie de plus surprenant que ces soudaines apparitions de démons blancs au milieu de cet univers de rocaille brûlée.
Afficher en entierVous essayez de sauver, de changer, de tirer les ténèbres. Vous êtes gauchiste, vous détestez l'armée, la bourgeoisie, et vous avez hautement gagné ce droit, parce que vous vous êtes mis en règle avec vos idées, avec vous-mêmes. Alors, je vous l'ai écrit dans ma lettre : si vous devez nous fiche en l'air, je suis de tout coeur avec vous, parce que je sais, j'ai vu ce que vous voulez, je suis de tout coeur d'accord avec vous, même si le monde que vous voulez bâtir, ne peut l'être que sur mon dos.
Afficher en entier"J'ai erré ainsi pendant trois jours aux abords du Royaume du néant, d'où montait vers moi, aux approches du couchant, une marée mauve, rose et or, et je ne saurai jamais si cette houle de sable qui semblait esquisser vers le ciel des envols aussitôt frappés d'interdit, avait vraiment cette couleur rouge brique ou si c'était le soleil qui mourrait ainsi".
Afficher en entier"J'ai dormi avec eux, près du feu, cependant que les troupeaux nocturnes et leurs bergers aux chapeaux de bambou passaient en ombres chinoises sur la route, avec leurs ânes chargés de kat. La lune était grasse, jouant la Maja couchée de Goya sur ses coussins vaporeux".
Afficher en entierCe ne sont ni les trésors engloutis qui dorment au sein des grands fonds sous-marins que je suis allé chercher pour vous sur ces eaux que l'art des conteurs arabes a peuplé de fabuleuses histoires. Ni les perles que l'on n'y pêche plus guère, ni les rubis, émeraudes et diamants que l'eunuque Murad a jetés dit-on, dans la mer Rouge par l'ordre de son maître Ibn Séoud, afin qu'ils rejoignent dans l'inaccessible le fils préféré du dernier conquérant d'Arabie des temps modernes. Ni l'or clandestin transporté par les boutres aux mâts obliques vers les coffres des trafiquants indiens... Les trésors que j'ai ramenés de là-bas sont immatériels et, lorsque la plume ne s'en saisit pas, ils disparaissent à jamais. Le romancier que je suis, amoureux de ces diamants éphémères, parfois très purs, parfois noirs, mais toujours uniques et bouleversants dans leur mystérieux éclat, est parti à leur recherche vers cette mine de richesse et de pauvreté inépuisable que l'on appelait jadis l'âme humaine - je dis "jadis", car le mot est passé de mode, avec son écho d'au-delà.
Afficher en entierJe n'ai pas le temps de dire un mot que déjà elle est nue, assise sur le bord du lit de camp, les jambes ouvertes sur un sexe d'une noirceur qui fait pâlir la nuit...
Je demeure coi, saisi de stupeur : tout ce corps à soldat est couvert de signatures. Je dis bien de signatures : des hommes ont fait tatouer leurs noms sur cette véritable pierre tombale sous laquelle reposent les rêves des hommes sans amour. Des noms, des dates, comme sur un lieu de passage. Je lis sur le sein : légionnaire Strauss, 1965 ; caporal Bianchi, 1967...
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