Extraits

Client : Vous êtes ouverte ?

La caissière polie : Moi non, ma caisse oui.

'' J'ai laissé mes rêves sur le quai et je les ai regardé s'envoler "

Alors si vous entendez une mère dire à son enfant en vous pointant du doigt: "Tu vois chéri, si tu ne travailles pas bien à l'école, tu deviendras caissière, comme la dame", rien ne vous interdit d'expliquer que ce n'est un sot métier, que vous ne voulez pas rester au chômage et que vous avez même fait des études brillantes (Un bac + 5 ? Tout ça?)

Sinon, ne vous étonnez pas si après les enfants vous manquent de respect ou vous voient comme une ratée...

J'ai un scoop pour toutes ces personnes bien pensantes: il est loin le temps où avoir fait des études conduit à un emploi de rêve. Aujourd'hui, les diplômés universitaires occupent aussi bien souvent des petits boulots.

Merci, chers parents clients, de vous servir de nous comme épouventail pour élever vos enfants!

Réactualisez un peu votre copie.

Vous avez moins de 10 articles ?

Vous sautez de joie. Vous êtes affectée à la caisse "moins de 10 articles". Une journée tranquille en perspective. Si j'étais vous, j'attendrais avant de m’exciter ... 10 = 10 ? Pas à votre caisse. Bon courage !

10 = 20

Caissière : Bonjour, vous avez moins de 10 articles ?

Client : Evidemment !

Nombre d'articles posés sur le tapis = 20.

Caissière : Merci de vous dirigez vers une autre caisse.

Client : Feignante !

Il y a les clients faciles et les moins faciles, les riches et les pauvres, les complexés et les vantards, ceux qui vous traitent comme si vous étiez transparente et ceux qui vous disent bonjour, les acharnés qui trépignent en attendant l'ouverture du magasin et ceux qui font systématiquement la fermeture. Il y en a qui vous draguent ; d'autres qui vous insultent. Qui dira qu'il ne se passe rien dans la vie d'une caissière ?

Les yeux plein de testostérone, ils déposent sur le tapis leurs deux voire trois ou quatre boîte de capotes taille XXL. Ils n'achètent évidemment rien d'autre (ou si, à la rigueur du gel lubrifiant... ça s'explique) et attendront avec impacience que tous les clients autour d'eux (ils préféreraient du magasin entier) s'en aperçoivent et leur lançent des regard plein d'admiration (pour les filles) et de jalousie (pour les mecs). Ils vous en voudront si vous passez trop vite leurs boîtes mais vous adoreront si vous utilisez votre micro pour demander leur prix (n'oubliez pas de préciser XXL).

Et bien sûr, ils n'ont jamais de sac.

Par jour en moyenne:

-250 "Bonjour"

-250 "AuRevoirBonneJournée"

-500 "Merci"

-200 "Avez-vous la carte fidélité ?"

-70 "Vous pouvez composer votre code"

-70 "Vous pouvez retirer votre carte"

-30 "Les toilettes sont par là"

...et encore plein d'autres phrases aussi poétiques.

Vous, un robot? Mais non. Un robot ne sourit pas.

(...)

Voilà, en quelques chiffres, le métier de votre vie...

Vous en rêviez? Les grandes surfaces l'ont fait.

Cette petite histoire est révélatrice, je trouve, d'un travers de notre société. « Payer » comme la vraie et seule preuve d'amitié même entre les deux meilleurs amis du monde. Et c'est souvent pareil en amour... Je paie, donc je suis.

Le petit Richard (sept ans) vous demander, après avoir observé attentivement votre caisse :

– Il est où ton lit ?

Le petit Nicolas (neuf ans) :

– Et à moi, tu m'en donnes des sous ?

Parce que vous avez rendu la monnaie à sa mère.

La petite Juliette (six ans) :

– T'es en prison ?

Parce que votre caisse ressemble plus à une cage à lapin qu'à une caisse de supermarché.

Et bien sûr, je ne vous parle pas (si, je vous en parle, c'est trop bon !) de la tête du client dont le DVD ne passe pas, au moment précis où tout le monde entendra votre jolie voix demander : « Rayon DVD, s'il vous plaît, la caisse numéro cinq voudrait connaître le prix de Baise-moi. » Et à cet instant, moi aussi, j'aimerais bien voir votre tête.

Ah, tous les souvenirs inoubliables qui vous attendent !