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L'OUBLI
Le temple est en ruine au haut du promontoire.
Et la Mort a mêlé, dans ce fauve terrain,
Les Déesses de marbre et les Héros d'airain
Dont l'herbe solitaire ensevelit la gloire.
Seul, parfois, un bouvier menant ses buffles boire,
De sa conque où soupire un antique refrain
Emplissant le ciel calme et l'horizon marin,
Sur l'azur infini dresse sa forme noire.
La Terre maternelle et douce aux anciens Dieux
Fait à chaque printemps, vainement éloquente,
Au chapiteau brisé verdir un autre acanthe ;
Mais l'Homme indifférent au rêve des aïeux
Écoute sans frémir, du fond des nuits sereines,
La Mer qui se lamente en pleurant les Sirènes.
Afficher en entierLes conquérants
Comme un vol de gerfauts hors du charnier natal,
Fatigués de porter leurs misères hautaines,
De Palos de Moguer, routiers et capitaines
Partaient, ivres d'un rêve héroïque et brutal.
Ils allaient conquérir le fabuleux métal
Que Cipango mûrit dans ses mines lointaines,
Et les vents alizés inclinaient leurs antennes
Aux bords mystérieux du monde Occidental.
Chaque soir, espérant des lendemains épiques,
L'azur phosphorescent de la mer des Tropiques
Enchantait leur sommeil d'un mirage doré ;
Ou penchés à l'avant des blanches caravelles,
Ils regardaient monter en un ciel ignoré
Du fond de l'Océan des étoiles nouvelles
Afficher en entierA Hermès Criophore
Pour que le compagnon des Naïades se plaise
A rendre la brebis agréable au bélier
Et qu'il veuille par lui sans fin multiplier
L'errant troupeau qui broute aux berges du Galèse ;
Il faut lui faire fête et qu'il se sente à l'aise
Sous le toit de roseaux du pâtre hospitalier ;
Le sacrifice est doux au Démon familier
Sur la table de marbre ou sur un bloc de glaise.
Donc, honorons Hermès. Le subtil Immortel
Préfère à la splendeur du temple et de l'autel
La main pure immolant la victime impollue.
Ami, dressons un tertre aux bornes de ton pré
Et qu'un vieux bouc, du sang de sa gorge velue,
Fasse l'argile noire et le gazon pourpré.
Afficher en entierA Claudius Popelin
Dans le cadre de plomb des fragiles verrières,
Les maîtres d'autrefois ont peint de hauts barons
Et, de leurs doigts pieux tournant leurs chaperons,
Ployé l'humble genou des bourgeois en prières.
D'autres sur le vélin jauni des bréviaires
Enluminaient des Saints parmi de beaux fleurons,
Ou laissaient rutiler, en traits souples et prompts,
Les arabesques d'or au ventre des aiguières.
Aujourd'hui Claudius, leur fils et leur rival,
Faisant revivre en lui ces ouvriers sublimes,
A fixé son génie au solide métal ;
C'est pourquoi j'ai voulu, sous l'émail de mes rimes,
Faire autour de son front glorieux verdoyer,
Pour les âges futurs, l'héroïque laurier.
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