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Vous connaissez tous ma devise ? Elle est la même que celle des Kennedy : « ne jamais se LAISSER ABATTRE ! »
Afficher en entierC’est alors que l’arbitre descend lentement de son piédestal comme une statue blanche vaincue par des diarrhées pigeonesques : jusqu’ici je ne lui ai pas accordé attention. Il était la voix de Jupiter sanctionnant nos fautes et nos prouesses. Chaque barreau dégravi de son tabourescabeau le réhumanise. Un Jupiter à terre n’est plus qu’un quidam. Je me trouve face à un grand monsieur distingué, coiffé d’une casquette blanche à longue visière en matière plastique. II porte de grosses lunettes fumées, pareilles à des hublots à meneau. L’arbitre se débarrasse de la coiffure et de ses lunettes. Et qui reconnais-je ? Non, ne cherchez pas à deviner : vous finiriez par trouver et j’aurais l’air d’un con. Le Vieux ! Parfaitement, mes amis : le Big Boss en blanc, en personne, en vacances ! Je me frotte les yeux. Il me sourit.
Afficher en entierLa rage de mon adversaire guérirait le hoquet d’un marteau pneumatique. Je vous parie un casse-tête chinois contre un castel normand qu’il va courir s’acheter les Pensées de Mao et attraper la jaunisse. Il me tend une main frémissante de rage.
Afficher en entierDonc mon adversaire s’étonne ; et un sportif étonné est un arc qui se débande, mes gueux. Il prend du mou dans le poignet, de la langueur dans l’épaule. Sa raquette cesse d’être une bombarde pour devenir un éventail. De plus, chaque fois qu’il va engager, l’éclat farceur que je viens de vous parler ci-haut fonce automatiquement dans sa prunelle, sapant ainsi toute la précision du bellâtre. Croyez-moi ou allez vous faire toiletter les chromosomes, mais c’est le gars Bibi qui remporte le jeu.
Afficher en entierMon vis-à-vis paraît un instant dérouté. Faut reconnaître qu’il a eu jusqu’ici un service impec. Il se frotte l’œil droit pour laisser accroire qu’un grain de sable pernicieux est responsable de cette méchante balle. Le voici qui réitère son numéro d’épate avec la seconde. Tandis qu’il bobinote, je remarque une grosse pastille de lumière à ses pieds. Il s’agit d’un éclat de soleil réfracté par une surface polie. L’éclat, pareil à un scarabée de feu, grimpe le long de mon adversaire, se hisse jusqu’à son visage, contourne ses yeux et se met à trembloter sur son front. Le presque-gagnant se concentre puis étire des gestes caramelleux.
Afficher en entierIl se taquine l’impatience, se retient de gagner trop vite. Une belle éjaculation, ça se mijote ! La jouissance n’est qu’une apothéose qui précède le vide. Sa balle de match en puissance, il voudrait la lécher comme un sorbet, se la carrer dans les orifices, la refaire de ses propres mains…
Afficher en entierFaut le voir jouer avec la balle avant son ultime (il en est persuadé) service. Il la fait rebondir à plusieurs reprises sur le sol, l’essuie contre sa culotte blanche, puis la soupèse comme votre petite amie soupèse vos enjoliveurs après usage pour vous témoigner son admiration et sa reconnaissance.
Afficher en entierQuarante pour le teigneux au sourire fumigène, trente pour moi ! S’il remporte ce jeu, ce sera son sixième. Donc, balle de match dans la raquette du zouave ! La coupe m’échappe comme le fondement de la tripophage Gargamelle. Elle s’éloigne simultanément de mes lèvres et de la desserte en faux acajou véritable où ma Félicie l’aurait dévotionneusement placée.
Afficher en entierCe court de tennis est une arène où l’on perce les flancs de ton standing, San-A. Ta dignité agonise comme un taureau exsangue. Elle va trépasser dans le soleil de la Côte d’Azur et on la traînera par les cornes, comme les vieux cocus défunts, jusqu’à la fosse commune des matamores vaincus.
Afficher en entierElle est la même que celle des Kennedy : « Ne jamais se LAISSER ABATTRE ! »
Voilà pourquoi, quand ça ne va pas, je décide que tout va bien.
Mon adversaire au tennis est un vilain petit coriace dont le sourire me semble aussi crispant que la leçon de piano des mômes de vos voisins. Le genre de gars qui élabore ses deltoïdes devant une glace et qui s’écrit le soir, de la main gauche, les lettres d’amours passionnés qu’il fait lire le lendemain à ses copains.
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