Extraits

- Ne pas me parler de ton passé ne me protège pas. Ca ne fait que m'éloigner de celui que tu es vraiment.

Il y eut un silence.

- Tu as peut-être raison, dit-il lentement, d'une voix de plus en plus pâteuse. Mais le passé est immuable. Seul l'avenir peut-être écrit.

Je laissai surgir mes crocs, bloquai mes genoux afin de les empêcher de trembler et me campai sur mes jambes en arborant l’expression la plus impitoyable dont j’étais capable. Ce qui ne voulait pas dire que je n’étais pas effrayée ; je me trouvais face à une voiture à je ne sais combien de chevaux conduite par un individu visiblement déterminé. Mais la peur, je le savais depuis longtemps, ne justifiait pas l’inaction.

Tout comme ma vie ne constituait pas un prétexte suffisant pour que le chauffeur s’arrête. Il me fonça dessus, et je me forçai à rester immobile, alors même que mon cœur battait la chamade et que j’imaginais déjà le choc qu’allait provoquer l’impact.

Mais je ne comptais pas le laisser passer.

Il approcha si près que je vis le blanc de ses yeux, puis il braqua le volant sur le côté et donna un brusque coup de frein, projetant vers moi une gerbe de gravier en même temps que des vagues de magie.

Une fois que tout le monde se fut glissé à l’intérieur, Max leva brièvement les pouces tandis que les portes se refermaient, puis la cabine s’ébranla.

Un air enjoué de musique pop accompagna notre ascension, égrenée par une succession de chiffres lumineux sur le panneau situé au-dessus de la porte.

— Alors, les Cubs ont été bons, cette année ? demanda Ryan en se grattant distraitement l’épaule.

Ethan me donna un léger coup de coude.

— Oh. Oui, plutôt. On a une super équipe,« en ce moment. Vous êtes fan des Yankees ?

— Allez les Yankees, lança Ryan.

— Les Yankees sont les meilleurs, scanda Cord sur un ton militaire.

Je secouai la tête.

— Juste au moment où je commençais à vous apprécier…

Je profitai du trajet pour appeler Jonah.

— Salut, répondit-il sur un ton réservé. C’est gentil de me téléphoner, Grand-mère. Attends juste une minute .

Cet accueil surprenant, ainsi que les paroles étouffées que j’entendais en fond sonore, m’intrigua, mais je tâchai néanmoins de rester concentrée sur la route.

— J’attends, et je suppose que tu vas m’expliquer ce qui se passe.

— Absolument, Grand-mère.

Il y eut de nouveaux sons assourdis, suivis par un grincement de chaise et un bruit de pas. Les raisons de son mensonge m’apparurent brusquement.

— Tu as un rendez-vous !

— Je suis désolé de ne pas avoir pu venir à ton anniversaire, Grand-mère. Je suis content que tu appelles.

— Est-ce qu’elle est mignonne ? Oh, c’est une humaine ? Une nymphe ?

D’accord, c’était immature, mais le taquiner me procurait un plaisir immense.

Un grand sourire s’étira sur mes lèvres.

— Tu m’as appelée « Grand-mère ». Ce qui m’amène à conclure que tu as rendez-vous avec une humaine, étant donné que tu n’as à ma connaissance aucune famille en vie.

— Premier rendez-vous, admit-il. J’ai appris qu’il valait mieux éviter d’annoncer d’emblée aux filles que j’étais un vampire.

— L’effet Twilight ?

— L’effet Twilight. Elles sont déçues quand elles découvrent que je n’ai pas les cheveux bruns, le teint pâle, un air boudeur et que je ne scintille pas.

J'y lis tant de choses. L'honneur. Le dévouement. L'amour.

PLUS ON EST DE NYMPHES, PLUS ON GLOUSSE

Ça devra attendre que nous arrivions là-bas, conclut mon grand-père en soulevant son téléphone avant de s’adresser à Catcher. Nous avons deux minutes pour régler les détails. Ensuite, nous irons chercher ta Mallory. Car c’est notre Mallory à tous.

L’adrénaline afflua dans mes veines, et le temps sembla soudain s’écouler au ralenti, chaque mouvement exagéré, les sons et les odeurs exacerbés. Je scrutai la foule à la recherche d’un éclat métallique, d’une trace de danger, d’un élément susceptible d’expliquer le frisson glacé qui me parcourait l’échine.

— Ethan, l’avertis-je silencieusement en me glissant devant lui.

Je sentis sa magie s’élever tandis que l’athlète se muait en Maître vampire et qu’il balayait à son tour le public des yeux. Je décelai également une pointe d’irritation. Le mâle dominant en lui était agacé que je me sois interposée pour le protéger.

— Une menace ? s’enquit-il.

— Je n’en sais rien.

Ça devra attendre que nous arrivions là-bas, conclut mon grand-père en soulevant son téléphone avant de s’adresser à Catcher. Nous avons deux minutes pour régler les détails. Ensuite, nous irons chercher ta Mallory. Car c’est notre Mallory à tous.