Extraits

Curtis posa la main sur mon épaule.

-C'est notre cimetière, expliqua-t-il. Je suis désolé. Nous aurions dû te prévenir.

-Qu'est-ce que tu veux dire? demandai-je en regardant fébrilement une tombe après l'autre. Comment tous ces gens sont-ils morts?

-Je t'avais prévenu, intervint Mason. Ce collège est dangereux.

Elle essayait de se relever. Elle était plus coriace que je ne l'avais cru.

Je me levais titubant, et saisis sa main valide pour l'aider.

Quand elle fut debout, je la regardai dans les yeux et souris. Des larmes me montèrent aux yeux mais je les refoulai.

- "Qu'est-ce qu'il y a ? demanda-t-elle, la tête inclinée sur le côté, avec un pâle sourire.

- "Tu es humaine, répondis-je. J'ai vu ton os.

Sans lui laisser le temps de répondre, je l'étreignis. Elle me rendit cette étreinte avec son bras valide. L'autre pendais le long de son flanc.

Faute de m'évader, je pouvais jouer le jeu. Je n'avais aucune envie de rester deux jours sans manger.

La main crispée sur mon pistolet, je me levai d'un bond et me ruai vers les buissons de genièvre derrière lesquels Lily s'était dissimulée. Je m'arrêtai en dérapant derrière un tronc noueux et me tins prêt à l'attaque, mais je n'entendais aucun bruit.

Je chuchotai le nom de Lily. Avec son camouflage presque parfait, elle se trouvait peut-être à quelques mètres de moi. Pas de réponse.

Et merde, pensai-je.

J'attendis encore quelques minutes, à l'affût d'un mouvement ou d'un bruit, sans résultat.

Je n'avais pas encore tiré une seule fois.

Tout en priant pour ne pas saboter à mon insu une tactique de Lily (je supposais qu'elle était toujours en vie, puisque je ne l'avais pas entendu appeler le médecin), je m'accroupis et repartis. Personne ne me tira dessus.

— Tu sais, elles sont toutes pareilles – Becky, Laura, toutes les filles de La Société. Gentilles tout plein et aussi fausses que les nichons de Minnie.

Mason ricana.

— Becky a l’air sympa, observai-je.

Lily rentra ses bras sous son T-shirt.

— Ouais, elle est sympa, mais si la direction le lui ordonnait, elle t’enverrait à la chambre à gaz.

Mason éclata de rire.

— Tu exagères, fit-il.

Je cherchais un bon collège et voilà où j’avais atterri. Mrs Vaughan avait eu raison sur un point : cet établissement différait de tous ceux que j’avais connus. Je croyais qu’elle entendait par là que nous apprendrions vraiment quelque chose et que les élèves ne se feraient pas tabasser sur le parking. En fait, elle voulait dire que c’était une prison.

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Je remarquai pour la première fois depuis mon arrivée les visages pressés derrière les fenêtres de l'étage supérieur. Certains ne faisaient que me regarder, mais d'autres montraient quelque chose du doigt, gesticulaient ou criaient, même si je ne pouvais entendre. Je me retournai sans avoir la moindre idée de ce qu'ils m'indiquaient.

Je les regardai de nouveau, puis haussai les épaules. Derrière une fenêtre du deuxième étage qui était juste au-dessus du portail, une fille brune brandissait un carnet ouvert. Elle avait tracé sur l'une des pages un V géant et un OK qui remplissaient toute la feuille. Quand elle vit que je l'avais remarquée, elle sourit, me montra le V et leva le pouce.

Un instant plus tard, j'entendis un bourdonnement suivi d'un déclic, et le portail s'ouvrit. Une fille apparut dans l'encadrement, mais fut aussitôt repoussée par deux autres élèves, un garçon et une fille, tous deux vêtus de l'uniforme que j'avais vu sur le site Internet du collège, un polo rouge sur une chemise blanche, un pantalon noir ou une jupe noir. La fille, qui devait avoir mon âge ou guère plus, dévala l'escalier pour foncer derrière la voiture de Mrs Vaughan. Le gars, un grand costaud qui avait la carrure d'un défenseur de football américain, m'empoigna par le bras.

- Ne crois rien de ce que racontent Isaiah ou Oakland, dit-il fermement. On ne peut pas sortir d'ici?

Et, sans me laisser le temps de répondre, il se rua derrière la fille.