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L’impression ressentie à l’extérieur se confirma dans le hall voûté. Les tapisseries, les vestales de bronze et la majesté de l’escalier évoquaient plus à nos yeux la réception d’un palace au faste poussiéreux qu’une habitation privée, et nous étions trop éblouis pour percevoir les vibrations de l’endroit. Cette disposition indispensable à qui entend sentir une bâtisse, avoir une vague idée de son histoire, de la nature de ses habitants successifs et des événements qui s’y sont déroulés. Mais le décor agissait tel un rouleau compresseur sur toute autre sensation plus subtile que celle d’écrasement.
Et cette vieille femme aux ongles noirs et au visage éprouvé qui derrière son regard farouche n’était qu’indifférence. Elle, au moins, contrairement au lieu, dégageait quelque chose, un mystère, une hostilité peut-être aussi, que venait contrebalancer la sympathie du chien grattant le tapis à ses pieds.
— Je suis Mme Virail, nous apprit-elle d’une voix gutturale. M. Wolf m’a chargée de vous accueillir.
— Il n’est pas là ? s’étonna le Docteur.
— Il ne vous recevra pas avant la fin de journée. Mais il a dit que vous devriez savoir quoi faire, ajouta-t-elle avec un mépris évident.
En la détaillant à la dérobée, je me demandais si ce mépris nous était destiné ou s’il englobait la situation. Elle dégageait une telle familiarité avec cet endroit qu’elle devait l’occuper depuis bien avant la naissance de son patron, que ça lui conférait une autorité évidente. Contrairement à nous autres, la démesure du lieu l’indifférait. Elle n’y accordait aucune importance. Elle pouvait très bien désapprouver l’initiative du nouveau propriétaire consistant à faire appel à un médium pour traquer un fantôme qui ne l’avait jamais dérangée… Ou ne pas y croire et nous prendre pour des clowns ou des escrocs. Sentant une présence sur ma gauche, je détournai la tête.
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