Extraits

24 février 1870

Ma chère Sarah,

Merci pour ta dernière lettre. J'avais le sentiment d'être près de toi et de vivre ces moments si précieux. Il me manquait juste de savoir si le vent soufflait sur tes mèches rebelles lorsque Thomas s'est décidé à te parler... Je visualisais parfaitement la scène. Le pauvre homme. C'est bien, tu as fait preuve de com- passion, et tu n'as pas été trop cruelle avec lui. Il ne fallait pas encourager ses espoirs, c'est certain, surtout que ton cœur est pris ailleurs. Heureusement que tu as su retenir tes rires! Il n'était pas nécessaire de le blesser. Il n'économise pas ses mots pour rien, en tout cas. L'espace d'un instant, j'ai imaginé votre mariage, et toi en train de lui donner coups de coude ou coups de pied pour qu'il se décide à prononcer le fameux « oui ». Ce serait très, très drôle ! Rien que pour ça, merci, ma cousine, j'ai besoin de rire en ce moment.

Hélas, on ne se marie pas pour s'amuser... Quoique cela pour- rait être un idéal de vie parfait!

Je suis rassurée, d'autre part, si tu me dis que le mystérieux rôdeur est selon toi un romantique. Vous n'avez aucun indice qui vous permettrait de l'identifier? Et si les fleurs étaient pour toi, combien de prétendants penses-tu donc avoir? Heureusement que je suis déjà mariée, sinon je serais jalouse!