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Bien qu'incapable de se risquer sur l'eau, il aurait pu rester des heures à l'observer, prudemment, depuis le célèbre quai de Santa Monica ; à contempler avec fascination les vagues qui claquaient contre les piliers, mystérieusement attiré mais dévoré d'appréhension, sans jamais oser descendre à sa rencontre.
Afficher en entierLa Main Droite croyait à un ordre absolu, supérieur à la volonté de l'homme et ineffable, auquel il convenait de se soumettre sans condition. Or les adeptes de la Main Gauche, guerriers de la connaissance, mages, initiés, quel que soit le nom qu'on leur attribue, n'avaient d'autres règles que celles qu'ils se fixaient individuellement. Certains l'exprimaient avec violence et entraient dans la vaste partie d'échecs qu'était le Jeu Supérieur ; d'autres se retiraient du monde et vivaient dans l'errance. (p.95)
Afficher en entierQuelque part, dans ses profondeurs abyssales, la mer lui avait ravi son passé et son enfance
Afficher en entierIl lui revenait comme à une amante qui trahit mais à qui l'on pardonne tout, quand la fierté ne peut faire jeu égal avec la beauté. Elle le hantait, l'envoûtait, exerçait sur lui une attraction horrifié. Ne s'était-elle pas emparée des deux êtres les plus proches, les plus chéris ?
Afficher en entierDonner corps à une vérité née de son désir, telle était l'essence du Jeu Supérieur - et une des rares règles considérées comme cardinales par les adeptes de la Main Gauche : "Que ta volonté aie force de loi".
Afficher en entierSeuls les imbéciles cherchaient l'éclat : l'anonymat était mille fois plus commode.
Afficher en entierPromets-moi de faire très attention. La mer a des façons uniques de vous attirer à elle et de vous pousser à faire n'importe quoi. Elle est comme une femme pour qui l'on perd la tête sans s'en rendre compte. Mais tu sais mieux que quiconque combien elle est dangereuse. Tu l'as vu de tes propres yeux. Ne l'oublie pas, Michael. L'humanité n'avait pas besoin du mythe des sirènes. Pour égarer les hommes, la mer se suffit bien toute seule.
Afficher en entierIl se sentait comme au bord d'un précipice ou de la gueule d'une grande bête endormie, fasciné par le vide, avide de la chute, mais terrifié par l'impact, la douleur foudroyante de se sentir désarticulé, disloqué, un instant de supplice infini, et la désolation d'assister au délitement de sa conscience happée par la mort.
Afficher en entier[Les cauchemars] dévoraient littéralement sa conscience. Il y sombrait comme dans un puits noir et glacé, avec la certitude de ne jamais revoir le jour. Sa vie d'adulte semblait s'y abîmer, comme si c'était elle l'illusion, et que la réalité de son existence constituait un naufrage incessant, un deuil non refermé malgré les années, ou plutôt, un deuil encore à venir.
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