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Marie ressentit une douleur. Elle connaissait cette sensation, cette chose brûlante, corrosive, qui prenait naissance dans son estomac, remontait dans la gorge, puis se répandait dans tout son corps. Dans son enfance, celle-ci survenait fréquemment lorsqu'elle se sentait désemparée et injustement traitée. Elle l'avait également éprouvée en apprenant que Paul était prisonnier en Russie. Elle avait craint alors de ne jamais le revoir.
Ce ne sont que de simples paroles auxquelles il ne faut pas accorder trop d'importance, se dit-elle. Paul était énervé. Cette idée stupide à propos de l'exposition...
Mais la douleur persistait, s'intensifiait, voulait la remplir tout entière. Elle n'avait jamais été si violente.
Qu'avait-il dit ? Qu'on devrait brûler ces tableaux ? Ne savait-il donc pas que les mots pouvaient blesser ? Tuer ? Quel amour était capable de leur résister ?
Afficher en entier— Le voilà !
Leo sursauta. C’était incontestablement la voix claire et perçante de Henni. Ah, elles étaient venues à sa rencontre. Elles avaient de la chance, il aurait pu prendre un autre chemin. Main dans la main, les deux fillettes dévalèrent le trottoir dans sa direction, Dodo avec ses nattes blondes qui voletaient, Henni dans une robe rose confectionnée par sa mère. Une petite éponge pendillait à son cartable, car elle venait tout juste d’entrer à l’école et apprenait à écrire sur une ardoise.
— Pourquoi tu regardes en l’air ? demanda Dodo lorsqu’elles furent devant lui, tout essoufflées.
— On t’a attendu pendant au moins cent ans ! lança Henni sur un ton de reproche.
— Cent ans ? Mais tu serais morte depuis longtemps !
Henni ne se laissa pas démonter. De toute façon, elle n’entendait que ce qui l’arrangeait.
— La prochaine fois, on ira sans toi.
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