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Extrait

Extrait ajouté par Gruvioler 2015-04-29T18:39:24+02:00

Boum ! Je lui rentre dedans. Comme si on m’avait poussée par-derrière. Mais il ne bouge pas d’un poil. Il se contente de me prendre les épaules et attend. Peut-être attend-il que je retrouve mon équilibre. Ou que je reprenne ma dignité. J’espère qu’il a toute la journée.

J’entends des gens passer sur la promenade en bois et je les imagine en train de nous dévisager. Au mieux, ils pensent que je connais ce garçon, qu’on se fait une accolade. Au pire, ils m’ont vue tituber comme un morse éméché et entrer en collision avec ce parfait étranger, parce que je regardais la plage à la recherche d’un endroit pour poser tout notre attirail. Dans tous les cas, lui sait ce qui est arrivé. Il sait pourquoi ma joue est plaquée contre son torse nu. J’anticipe déjà l’humiliation totale qui m’attend quand je finirai par lever les yeux.

Les options défilent dans ma tête. Comme dans un folioscope.

Première option : m’enfuir aussi vite que mes gougounes à un dollar me le permettront. Le hic, c’est que mon dilemme actuel vient en partie du fait d’avoir trébuché dans mes sandales. En fait, l’une d’elles manque à l’appel, probablement prisonnière entre deux planches. Je parie que Cendrillon, elle, ne s’était pas sentie aussi idiote, mais voilà, elle n’était pas aussi maladroite qu’un morse aviné.

Deuxième option : simuler l’évanouissement. Devenir molle et tout. Baver, même. Mais je sais que ça ne marchera pas : mes yeux palpitent trop, et puis une personne inconsciente ne rougit pas.

Troisième option : prier pour qu’un éclair me foudroie. Un coup de foudre mortel, dont on pressent l’imminence à cause de l’électricité dans l’air et de la peau qui se hérisse ; du moins, selon les manuels de science. Il pourrait nous tuer tous les deux, mais sincèrement, il aurait dû prendre garde à moi, quand il a vu que je ne regardais pas du tout.

Pendant une fraction de seconde, je crois que mes vœux sont exaucés, car je suis parcourue de picotements. Puis je me rends compte que cela vient de mes épaules. De ses mains.

Dernière option : pour l’amour du ciel, décoller ma joue de sa poitrine et m’excuser pour cette agression accidentelle. Puis m’éloigner en clopinant sur mon unique sandale avant de défaillir. Avec ma chance, la foudre se contenterait de m’estropier, et il se sentirait obligé de me transporter quelque part de toute façon. Donc, je dois agir maintenant.

Je me détache doucement et lève les yeux. Mes joues en feu n’ont rien à voir avec les 31 degrés moites du soleil de Floride et tout à voir avec le fait que je viens de trébucher sur le gars le plus séduisant de la planète. Fantastiflippant.

— Euh, ça va ? demande-t-il, incrédule.

Je crois distinguer l’empreinte de ma joue sur sa poitrine.

Je hoche la tête.

— Ça va, j’ai l’habitude. Désolée.

D’un haussement d’épaules, je le fais me lâcher. Le picotement continue, comme si une partie de lui était restée sur moi.

— Seigneur, Emma, ça va ? lance Chloé derrière moi.

Le claquement calme des sandales de ma meilleure amie dément le ton inquiet de sa voix. Si elle me croyait réellement blessée, cette sprinteuse née serait déjà à mes côtés. Avec un grognement, je me tourne vers elle, aucunement surprise de la voir afficher un sourire de la largeur de l’équateur. Elle me tend ma gougoune, que je me retiens de lui arracher des mains.

— Ça va. Tout le monde va bien, dis-je.

Je me retourne vers le garçon, qui semble plus beau chaque seconde qui passe.

— Tu vas bien, pas vrai ? Rien de cassé ?

Il cligne des yeux et acquiesce d’un bref signe de tête.

Chloé appuie sa planche de surf contre la rampe de la promenade et lui tend la main. Il la prend sans me lâcher du regard.

— Je m’appelle Chloé. Voici Emma, dit-elle. D’habitude, on trimbale toujours son casque, mais cette fois-ci, on l’a laissé dans la chambre d’hôtel.

J’ai le souffle coupé. D’ailleurs, je me demande quelle sorte de fleurs je vais apporter à ses funérailles, une fois que je l’aurai étranglée. J’aurais dû rester dans le New Jersey, comme l’avait dit maman. Je n’aurais pas dû suivre Chloé et ses parents. Qu’est-ce que je peux bien trouver à faire en Floride ? Après tout, nous habitons à Jersey Shore. Quand on a vu une plage, on les a toutes vues, pas vrai ?

Mais non ! Il fallait que je vienne passer la fin de l’été avec Chloé, car ce serait notre dernier été ensemble avant l’université et patati et patata. Et la voilà qui se venge du fait qu’hier soir, je ne l’ai pas laissée utiliser ma carte d’identité pour pouvoir se faire tatouer. Mais qu’espérait-elle ? Je suis blanche ; elle est noire. Et je ne suis même pas bronzée. Je suis du même blanc que les touristes canadiens. Si le tatoueur était capable de la prendre pour moi, alors il devrait changer de métier, non ? Je ne faisais que la protéger. Mais elle ne s’en rend pas compte. Je devine à son regard — elle avait la même expression la fois où elle a substitué du lubrifiant à mon gel antibactérien — qu’elle est sur le point de piétiner violemment ce qui me reste de dignité.

— Euh, tu ne nous as pas dit ton nom. Sais-tu son nom, Emma ? me demande-t-elle, comme par hasard.

— J’ai essayé, Chloé. Mais il n’a pas voulu le dire, alors je l’ai plaqué, dis-je, en levant les yeux au ciel.

Le garçon esquisse un sourire. Cette ébauche de sourire laisse imaginer à quel point un véritable sourire serait étourdissant. Les picotements reprennent de plus belle, et je me masse les bras.

— Hé, Galen, es-tu prêt à…

Nous nous retournons vers une fille menue aux cheveux noirs, qui lui tapote l’épaule. Elle s’interrompt sitôt qu’elle m’aperçoit. Même sans la similarité de leur chevelure sombre, de leurs yeux violets et la perfection de leur teint olive, j’aurais compris qu’ils sont parents juste à leur manie de dévisager les gens.

— Je m’appelle Chloé. Voici mon amie Emma, qui semble-t-il, vient d’entrer en collision avec ton copain Galen. Nous étions en train de nous excuser.

Je me pince l’arête du nez et compte jusqu’à 10, mais vraiment, j’aurais besoin de me rendre jusqu’à 50. Cela me donnerait plus de temps afin de m’imaginer arrachant les extensions capillaires de Chloé.

— Emma, que se passe-t-il ? Tu n’es pas en train de saigner du nez, j’espère ? lance-t-elle avec jubilation.

Du bout des doigts, Galen me soulève le visage. Du coup, j’ai des fourmis au menton.

— Tu saignes du nez ? Fais voir, dit-il.

Il fait aller ma tête d’un côté à l’autre, se penchant pour bien voir.

Et j’atteins le summum de l’embarras. Trébucher est déjà gênant. Trébucher sur quelqu’un est pire. Mais si ce quelqu’un a un corps à rendre jalouses les statues grecques et pense qu’on s’est cassé le nez sur ses pectoraux, eh bien, c’est là qu’on s’aperçoit que le fait de trébucher est très loin de l’euthanasie.

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