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Brusquement, Helen laissa tomber la tasse. Elle demeura absolument immobile, rigide, respirant à peine. Elle SAVAIT. Elle avit compris, elle avait enfin compris! Une sorte de révélation confuse, puis très clair lui était venue soudain, une pensée nouvelle s'était mise à tourner dans sa tête :
- E-a-u! E-a-u! cette chose merveilleusement fraîche, cette chose amie, c'était e-a-u?
Helen saisit avidement la main de l'Etrangère. En tremblant, ses petits doigts épelèrent e-a-u. Elle avait à peine terminé, qu'elle sentit l'Etrangère lui tapoter l'épaule en signe d'approbation. Elle avait raison, c'était cela ! Pour la première fois de sa vie, Helen Keller venait de ça “parler” à quelqu'un. Toute sa vie, elle devait garder le souvenir de cet instant magique où le mystère du langage lui avait été révélé.
Les yeux de l'Etrangère se remplirent de larmes et elle s'écria :
– Helen, tu as compris ! tu as compris !
Helen ne pouvait pas l'entendre. Mais elle comprenait qu'elle venait de faire une découverte extraordinaire. Si ce qu'elle avait épelé à l'instant voulait dire “eau”, que voulaient dire tous les autres jeux auxquels elle avait joué souvent avec l'Etrangère ?
Elle se baissa vivement, ramassa une poignée de terre et la tendit à Ann. Immédiatement Ann répondit à cette “question” .
Helen n'aurait pas pu, en effet, lui demander plus clairement :
“Dis-moi comment ça s'appelle”. “T-e-r-r-e” épela Ann, en remuant ses doigts dans la main de la petite fille.
Ann épela le mot plusieurs fois. Helen ne perdait pas un seul de ses gestes. Elle l'imita et épela à son tour : “t-e-r-r-e”.
Afficher en entierToute la matinée, l’Étrangère avait épelé deux mots dans la main d'Helen : e-a-u et t-a-s-s-e, puis mettait une tasse dans la main d'Helen. Ensuite elle versait de l'eau dans la tasse, y trempait le doigt de l'enfant, et attendait, en espérant qu'Helen réagirait en épelant e-a-u.
Helen, qui ne comprenait pas du tout ce que lui voulait Ann, se contentait de reproduire inlassablement avec ses doigts : "tasse". Elle sentait bien que ce n'était pas du tout ce qu'Ann attendait d'elle.
Afficher en entierMAITRESSE! C'était le mot-clé qui ouvrait tout. C'était en tout cas le mot le plus beau qu' Ann Sullivan eût jamais "entendu".
Afficher en entierHelen se mit à pleurer. Elle ne comprenait pas pourquoi on la traitait si durement. Elle ne pouvait pas comprendre que, pour la première fois, on la traitait comme un être humain et non comme un petit animal pitoyable.
Afficher en entierSon esprit, en admettant qu'elle en ait un, est enfermé dans une prison. ll ne peut pas en sortir et personne ne peut lui ouvrir la porte pour l'aider. La clé a été perdue ; personne ne pourra la retrouver.
Afficher en entier"Helen voit plus avec ses doigts que nous avec nos yeux."
Afficher en entierHelen n'avait guère envie d'être patiente. Les mots étaient là, dans sa gorge, luttant pour sortir, comme des oiseaux qu battent des ailes derrière les barreaux de leur cage. Depuis l'instant où elle se réveillait jusqu'au soir, quand elle tombait de sommeil, elle ne cessait pas de s'exercer, d'essayer, de recommencer, encore, encore et toujours.
Ann Sullivan avait des crampes dans tous les muscles du visage et du cou, car Helen ne cessait de les palper, les tâter, les pincer, pour reproduire exactement tous les mouvements et pour sentir, au bout de ses doigts, comment étaient faits le son B ou le son P.
Afficher en entierAu bord du puit, le jardinier était précisément en train de tirer de l'eau. Ann conduisit Helen auprès de lui, et remit encore une fois la fameuse tasse dans les mains de l'enfant, puis elle fit couler un peu de l'eau du seau dedans.
Afficher en entierMiss Sullivan commença l'instruction de Hellen Keller le 3 mars 1887. Trois mois et demi après que le premier mot lui eu été épelé dans la main, Helen écrivit, au crayon la lettre suivante :
Afficher en entierDédicasse page 5.
"À la mémoire de Maîtresse qui entraîna une petite fille hors des ténèbres et lui donna le monde..."
Helen Keller
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