Extraits

Henri Fiocca vit Nancy remonter l’allée par la fenêtre de sa chambre. Son cœur se gonfla d’une sensation familière de peur, de colère et d’émerveillement mêlés. Nancy était partie en mission le jour de son mariage ! Probablement des messages cryptés, des faux papiers pour un évadé qui voulait désespérément quitter la France, ou des pièces détachées de radio pour les cellules de la Résistance à Marseille, Cannes ou Toulouse. Nancy risquait continuellement sa vie pour transmettre de l’argent ou une lettre à l’ami d’un ami. Il détestait ça. La nature imprévisible du réseau de la Résistance obligeait Nancy à faire confiance à des inconnus, or, en ces temps troublés, on ne pouvait même plus se fier à sa propre famille. Henri était patriote – il nourrissait pour les nazis une haine si profonde qu’il proposait sa fortune et ouvrait sa table à tous ceux qui étaient prêts à repousser l’ennemi. Il aurait cependant préféré ne pas avoir à partager sa future épouse avec eux. Nancy semblait ne jamais avoir peur, alors qu’Henri connaissait trop bien ce sentiment. Son amour pour elle lui avait appris la leçon.