Extraits

Je me suis dépêchée de rejoindre la berge et ai courut vers Bastien pour lui arracher mon manteau des mains.

- Merci, ai-je dis en frissonnant. (Je me suis emmitouflé dedans comme si c'était une couverture.) Et merci de m'avoir sorti des griffes de cet homme de Néandertal.

- Que faisais-tu ici avec lui ?

J'ai décelé de la colère dans ses yeux.

- je suis arrivée la première, et il est apparu de manière soudaine. (J'ai retiré les pans de ma veste autour de moi.) Tu m'en veux ?

- Non, mais a lui, oui. Même si je sais que tu aurais pu t'en sortir seule.

- J'étais dans une position délicate sur mon épée.

- Lui n'était pas venu sans la sienne en tout cas.

Il a éclaté de rire, les yeux brillants de joie.

- Ce n'est pas drôle.

- Gia...

Son visage est redevenu sérieux. Il s'est approché, à soulever mon menton et m'a embrassé. Mon manteau m'a échappé et s'est retrouvé à terre. Il apprécie mon corps à moitié nu contre le sien, tendu à l'extrême. Mon cœur a cogné dans ma poitrine lorsque sa langue s'est frayer un passage entre mes lèvres. Sa bouche avait un goût tiède et sucré.

J'ai rangé un manuel d'anglais dans le placard métallique qui m'était réservé, pour en extraire un livre de biologie marine remisé tout en bas de la pile.

- Alors, mon chou, tu es parée ?

J'ai sursauté.

- Lei, arrête de te glisser en douce derrière moi! Pense à mon pauvre coeur...

Elle s'est appuyée contre la rangée d'armoires.

- Désolé, mais c'est dans mon ADN, je ne peux pas faire autrement.

J'ai claqué sans ménagement la porte du meuble.

- Tu n'est vraiment pas obligée de porter ces lunettes en dehors des cours, tu sais.

- Je les aime bien. Elles me donnent un certain style, tu ne trouves pas ?

En effet, les montures rouges s'accordaient très bien à sa carnation.

Lei / Gianna au lycée

Jaran avait raison : je devais vraiment me secouer et enfin le laisser partir. Mais c’était comme demander à mon cœur de ne plus battre, à mes poumons de ne plus se gonfler d’air, à mon cerveau de ne plus penser. Je ne savais pas comment cesser de l’aimer.

"Les séances d’entraînement des semaines précédentes s’étaient avérées exténuantes. Arik me rendait coup pour coup : nos épées factices claquaient en tous sens des heures durant.

Ce matin-là, au prix d’un grand effort, j’ai esquivé une attaque portée de haut en bas. C’est alors que Carrig a sifflé pour signaler une pause… et me permettre du même coup de reprendre mon souffle.

— Tu ne peux pas me battre, Gia !

— Oh, tu crois ça ? Prépare-toi à recevoir une bonne leçon, mon pauvre ami !

Il a souri, penché vers moi.

— Vraiment… Et tu porterais une tenue d’écolière, pour cette leçon ? Parce que j’imagine très bien la scène…

— Arrête ton char, Arik, a grogné Carrig. Elle te bat quand elle veut. Maintenant, en garde.

Mon partenaire d’entraînement s’est mis en position. J’ai rivé mon regard à ses épaules, afin d’essayer de déceler d’où partirait l’attaque suivante."

(Gian et Gia page402)

-Tu es particulière, Gia. Tu as affronté l'adversité avec ténacité. Je sais que je ne montre pas facilement mes émotions…

QUE TU NE LES MONTRES JAMAIS, OUI.

Il m'a lancé un regard qui m'a fait douter : pouvait-il déchiffrer les esprits comme le faisait oncle Philip ?

- Oui, j'ai cette faculté intuitive comparable à celle du professeur auquel tu penses, avec juste ceci de différent: j'ai beau avoir l'air d'un homme de cinquante ans…

SOIXANTE, OUI.

Il a dû intercepter ma pensée car il est parti d'un grand rire, cette scène complètement inédite depuis notre arrivée dans la Somnium. L'hilarité lui allait vraiment bien.

-L'idée qu'on se fait de soi ne correspond pas toujours à celle que se font les autres, n'est ce pas ? Eh bien, j'ai quelques centaines d'années, ce qui explique que ma faculté soit encore plus développée que celle de ton professeur. D'ailleurs, ton jeune compagnon en est lui aussi doté.

-Bastien ? Il sait ce que je pense ?

J'ai jeté un regard en arrière: perché sur le rocher, il nous observait avec attention.

6il ressent des émotions, mais doute encore de la manière dont il faut les interpréter. Il est encore très jeune.

-Alors vous entendez toutes mes réflexions ?

-Seulement quand je décide d'écouter.

J'ai rougis. OUPS… A-T-IL ETE TEMOIN DE MES ATERMOIEMENTS VIS-A-VIS DE BASTIEN ?

Il a poussé un petit rire rauque.

-Ce sont tout particulièrement ce genre de pensées que je choisis d'ignorer.

Je n'avais pas besoin d'un grand frère : j'avais Nick.

- Dis tu sais que je t'aime? Ai-je dis en sortant un kebab végétarien de mon sac.

Il a retiré les croûtes de son pain de mie.

- Ouais, je crois que je t'ai dans la peau moi aussi.

– Non, ai-je répondu, décidée à jouer les innocentes. Je me faisais juste la réflexion que tu étais vraiment couvert de boue de la tête aux pieds. Un vrai rat d’égout ! D’ailleurs, tu n’occupes pas toutes mes pensées en permanence, tu sais.

Mes lèvres ont tressauté.

– Ah, ton petit tic vient de te trahir, mon amour, m’a-t-il narguée en français.

"Je déjouerai les plans de Conemar. Je sauverais Nick. Et rien ne m'arrêtera jusqu'à ce qu'il paie pour ce qu'il m'a pris aujourd'hui."

J’aurais donné cher pour le garder près de moi. C’était ma seule place sur terre. Nous formions une équipe soudée. Nous étions entraînés à nous battre ensemble, à couvrir chacun son partenaire. Nos petites dissensions ne comptaient pas. Nous avions pour mission d’arrêter l’ascension de Conemar, de détruire la Tétrade et de sauver nos deux mondes. Ou d’y laisser la vie.

"Sang du sang, chair de la chair, seul un descendant peut s'opposer aux Quatre. Qui possède le rouleau connaît son nom."