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Oui elle comprenait enfin : Manolis n’avait pas été passionnément amoureux d’elle mais de l’idée d’un tel amour. À l’opposé Kyritsis donnait toute apparence de ne pas avoir conscience de ses propres sentiments. Il avait été bien trop accaparé par son travail.
Afficher en entierDe mois en mois, ils avaient dû trouver un nouveau moyen de camoufler ses taches : troquer ses culottes courtes contre un pantalon long, puis ses sandales ouvertes par d’épaisses bottines, ou lui interdire, l’été, de se baigner dans la mer avec ses amis, par crainte que les plaques sur son dos ne soient découvertes. « Dis que tu as peur des vagues ! » lui conseillait sa mère, ce qui, bien sûr, était ridicule ; tous les Crétois apprenaient depuis leur plus jeune âge à apprécier la puissance grisante des flots, et les enfants attendaient avec impatience ces jours où les vents étésiens transformaient la mer d’huile en océan déchaîné. Il n’y avait que les poules mouillées pour avoir peur des rouleaux ! Pendant des mois, le garçon de neuf ans avait vécu dans l’angoisse d’être découvert, convaincu au fond de son cœur qu’il était en sursis et finirait, un jour ou l’autre, par être démasqué.
Afficher en entierQue pourraient-ils bien se dire ? Comment se conduire ? Ils ne se touchèrent pas alors qu’ils en brûlaient d’envie. Ils se contentèrent de prononcer leur prénom, comme ils l’avaient fait des milliers de fois auparavant. Mais les syllabes leur semblaient soudain comme des sons dépourvus de signification.
Afficher en entierEn la touchant, il lui rendait la vie, et elle faillit être submergée par l'émotion.
Elle avait conscience que leurs échanges, jusque dans leurs silences, la comblaient. Elle redécouvrait la satisfaction qu'on éprouve en retrouvant une clé égarée: la sensation de paix et de plénitude après la recherche paniquée et la découverte.
Afficher en entierIls se contentèrent de prononcer leur prénom, comme ils l'avaient fait des millions de fois auparavant. Mais les syllabes leur semblaient soudain comme des sons dépourvus de signification. Giorgis regretta alors d'être venu. Pendant une semaine, il avait fait le deuil de sa femme, et voilà qu'elle se tenait devant lui, aussi vivante et ravissante que jamais, accroissant encore la douleur insupportable de leur séparation imminente. Bientôt il lui faudrait retourner à Plaka. Chacune de ses visites se terminerait par un adieu déchirant.
Afficher en entierSi, après les Vénitiens, les Turcs et les Allemands [...], les touristes apparaissaient comme les nouveaux envahisseurs [de la Crète], peu d'entre eux se donnaient la peine d'apprendre le moindre mot de grec.
Afficher en entierL'histoire de ta mère est aussi celle de ta grand-mère et de ton arrière-grand-mère. Ainsi que de ta grand-tante. Leur destin était entrecroisé... Elles illustrent à la perfection ce que nous appelons la fatalité, en Grèce. Celle-ci est bien souvent le fait de nos ancêtres, et non des étoiles. Lorsque nous évoquons l'Antiquité, nous nous reférons toujours au destin, mais nous ne parlons pas réellement d'une force incontrôlable. Bien sûr, certains évènements capitaux semblent se produire sans raison et bouleverser le cours d'une vie, mais,en vérité, notre destinée est déterminée par les actions de ceux qui nous entourent et de ceux qui nous ont précédés.
Afficher en entierSophia s'était toujours montrée très secrète sur son passé, et au fil des ans sa discrétion s'était dressée comme une barrière entre elle et sa fille. Alexis voyait une forme d'ironie à ce que l'étude du passé fût à ce point encouragée dans sa famille et qu'on l'empêche d'examiner sa propre histoire à la loupe ; cette impression que Sophia dissimulait quelque chose à ses enfants teintait leurs relations de défiance. Sophia Fielding avait non seulement enterré ses racines mais aussi piétiné la terre qui les recouvrait.
Afficher en entierEn songeant qu'elle était seule sur Spinalonga, Alexis se sentit gagnée par une vague de peur.(...)
Elle n'avait jamais connu un tel isolement, se retrouvant rarement à plus de quelques mètres d'un autre être humain et, à l'exception des moments où elle dormait, n'étant jamais privée de tout contact extérieur pendant plus d'une heure. Son absence d'indépendance lui apparut soudain comme une chaîne, et elle se secoua.
Afficher en entierNouvel extrait
Le Gouverneur engagea la conversation avec Eleni:
- Nous avons une maison pour vous, elle est libre depuis la semaine dernière.
Ce qui ne pouvait signifier qu'une chose à Spinalonga: un décès. Les malades continuaient à affluer, qu'il y eût ou non de la place, et l'Ile était surpeuplée. Puisque la politique du gouvernement consistait à encourager l'installation des lépreux à Spinalonga, il était dans son intérêt de limiter les troubles, et il fournissait donc régulièrement des fonds pour de nouvelles habitations ou des subsides pour la rénovation des anciennes. L'an passé, la crise du logement avait été évitée grâce à la construction d'un immeuble, inesthétique mais fonctionnel. Chaque insulaire avait pu retrouver un peu d'intimité.
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