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Extrait ajouté par siegrid 2011-11-13T20:57:12+01:00

Ce sont elles qui ont décidé. Nos mains.

Nous étions dans ce taxi qui nous emportait vers nos vies respectives. Rien ne s'était passé. Tout avait pourtant été dit par nos yeux. Quelques mots aussi qui avaient entrouvert une porte. Mais nous étions encore chacun encerclé par notre propre histoire, le corps et le cœur en quarantaine de tout ce qui n'appartenait pas à celle-ci. Voilà, nous étions toi et moi dans deux sphères clairement limitées. Par instant elles se frôlaient et là naissaient une transparence, une fluidité – comme une béance dans notre enceinte et par laquelle nous étions happés.

Nous roulions donc, encore lointains, avec au ventre des envies de collision, d'une fusion même maladroite et comptée. Or nos vies, tout près, nous attendaient et rien encore ne se passait.

Ta main, alors, sans douceur, s'est posée sur la mienne. Qui l'a aussitôt saisie, pétrie. J'étais en colère. Tu avais pénétré ma sphère et je ne pouvais faire autrement que t'y vouloir. Je te refusais mon regard en vain : je sentais nos mains en bataille achever de nous mélanger.

Cette guerre éclair nous laisserait tous deux vainqueurs et vaincus. Secrètement occupés.

Tu serais assis devant un café refroidi, le deuxième peut-être.

Dans cette brasserie bruyante d'une gare.

Je te verrais de loin.

Tu serais en train d'écrire et j'aurais tout le temps de te regarder en avançant lentement vers toi.

Je prierais pour que tu ne me remarques pas. C'est si beau un homme qui attend, qui a un peu peur, ou terriblement.

Et j'aurais peur aussi sans doute.

Donc, si tu es d'accord, tu attendrais, pour lever la tête, que je sois assise face à toi. Je pourrais alors me glisser devant tes yeux baissés.

Et tu ne verrais de moi, à ce moment-là, que ma poitrine éclatant de ce maintenant, battue de l'intérieur par une force me jetant vers toi.

Tu sourirais sans te redresser encore. De ton sourire un peu narquois qui raconte tout ce que tu sais déjà.

A mon tour je baisserais les yeux jusqu'à cette reconnaissance qu'auraient dessinée tes lèvres. Il serait temps pour nos regards de croiser d'un coup le fer et le feu.

J'aurais très probablement renversé quelque chose avant d'arriver là, heurté une chaise, fait trembler une tasse pleine. La tienne peut-être. C'est que j'aurais du mal à trouver l'équilibre au bord de ce monde où m'attendraient tes bras.

Après... je ne sais pas. Nos mains qui ne doivent pas et ne pensent qu'à ça.

Et nous ne pourrions pas. Mais si nous le pouvions, ce serait une bérézina.

Toi et moi debout en même temps, écrasant la table entre nous, l'oubliant malgré les bords dans la chair. L'oubliant à la pulvériser.

Dans ce nuage de bois défait – cette victoire – nous serions seuls enfin, enfuis enfouis l'un dans l'autre de la tête aux pieds, mains fouilleuses arracheuses heureuses, bouches effleureuses dévoreuses courageuses.

Et ce serait le sol, un lit, un mur nu ; le ciel au-dessus et au-dessous. Le ciel au-dedans de nous. Et Ce Serait.

Il y a quelque part un endroit où l'on pourra s'étendre, se serrer, se prendre. J'y serai d'abord tremblante et aveugle, le regard rivé ailleurs que sur toi pour ne pas risquer de voler en éclats, de rire ou de pleurer. Je me tiendrai là, dans cet endroit, comme une brindille au vent, avec cette sensation d'être arrachée du sol. Tu seras le plus fort de nous deux parce qu'il faudra que tu le sois. Parce que je ne saurai l'être sans toi, sans ta voix qui, seconde après seconde telles des briques érigées contre le vide, me portera. Il faudra que tu sois fort pour moi et que tu prennes le risque, toi, de voler en éclats. Parce que ce sera à toi de refermer tes bras sur ma peur.

Dans cette étreinte, enfin, c'est tout notre monde qui s'engouffrera. Il faudra s'agripper, se rattraper, s'enfoncer pour ne pas tomber. Etre cet un que rien n'atteint, que tout respecte et laisse grandir en se tenant loin. Un Point. Contenant la peau douce et les os volontaires, les paroles de soie, d'eau, de tonnerre, les gestes entrelacés.

Un point qui parce qu'il est un point ne finit pas, se suffit à son monde rond.

Il y a quelque part un point où, si tu regardes bien, nous serons.

Finalement tu appelles.

Tu as tourné autour du téléphone portable posé sur une chaise au centre de la pièce. Il est un totem tentateur et redouté. Tu l'as pris et reposé. Tu as manqué le jeter. Tu as fait apparaître le numéro, été tout près de le lancer mais ton cœur, décidément, s'emballait trop. Tu as sursauté quand il a sonné, expédié des conversations trop légères et trop lentes, éteint un peu pour respirer mieux, rallumé pour caresser encore l'idée de m'appeler.

Et puis soudain ça s'est imposé. C'était m'entendre ou ne plus rien entendre ; me lancer tes paroles comme une bouée, pour que je m'y glisse et que tu sois sauvé.

Tu appelles.

Moi je vois ton nom qui s'affiche et je pense que je vais l'ignorer. Car je crois qu'à l'instant où je laisserai pénétrer ce son-là, celui de tes mots, rien d'autre ne continuera. Rien ne vivra en dehors de ça. Puisqu'il faudra que tout se taise autour et qu'on me la laisse boire, cette musique qui m'invente ! Pourtant mon doigt presse la touche, libérant d'abord un silence dense et mouillé. Tu te tais fort et bien ; tu sais qu'il faut ce temps muet avant que nos voix ne s'enroulent. Alors ton souffle seul, au commencement, pleut sur moi, me redresse, me tend. Fleur assoiffée qui sent l'eau approcher, je suis ouverte et ne veux plus bouger. Je te reçois au creux de mon ventre et c'est de là que je te réponds.

Plus encore qu'un voyage, ce serait un morceau d'autre vie, une exception à la règle des jours.

Bien sûr, il faudrait le prévoir, le préparer, le placer quelque part dans nos existences prises. Il faudrait accepter l'idée d'être pratique, de lâcher un peu les hauteurs pour la terre ; oui, il s'agirait de fouler un sol extrêmement concret le temps d'y semer ce qui deviendrait la date, I 'occasion, la parenthèse gonflée d'essentiel.

Nous aurions à parler d'agenda, de contraintes, de toutes ces obligations qui nous lient ailleurs et que nous ne souhaitons pas rompre. Parler cru, nous qui aimons dire doux.

Mais cette audace d'être triviaux nous l'aurions comme nous aurions toutes les autres forces : pour ce moment jusque-là refusé où nous pourrions être longtemps un. Plus une femme et un homme ensemble. Une créature double et brûlante. Une molécule gorgée d'atomes avides.

Dans cette parenthèse, tu le sens, nous serions une palpitation.

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