Extraits

17h15. J'étais dans les temps. J'avais même un peu d'avance sur mon programme. Il ne me restait plus qu'à attendre derrière ma porte fermée à double tour le retour de mes parents.

J'ai fondu d'émotion en regardant ces embrassades auxquelles les cheveux rouges de Julie donnaient un petit côté théâtral. Les coups de coude de Vague ne sont pas parvenus à m'arracher à ce spectacle. Rose de jalousie, je l'aie entendue murmurer à mémère [grand-mère du narrateur] :

- Un peu mélo comme histoire, non ?

- Oui, encore un happy end, il y a plus que ça en boutique, a répliqué ma grand-mère sur le ton de la plaisanterie.

Soudain, le sourire de Vague s'éclipsa. Il y eut comme un remous dans son oeil, la belle eau claire bordée d'écume s'assombrit d'un coup et la pupille parut un instant inonder l'iris. Elle fixait le haut du pré. Je braquai ma lunette sur l'objet de son regard.

A l'oeil nu, elle pouvait à peine distinguer la femme qui courait à flanc de montagne, mais moi, grâce à ma lunette magique, je ne voyais qu'elle. Je reconnus aussitôt Marguerite, la bibliothécaire.