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— Est-ce qu’on a une autre piste ? La Boule n’avait pas de boulot ? De parents ? On a analysé les conversations téléphoniques et les retraits par carte bleue ?
Malin acquiesce.
— Depuis sa disparition, il n’a utilisé ni son téléphone ni sa carte bleue.
Question boulot, il travaillait comme chauffeur livreur jusqu’à il y a huit mois, mais il était négligent, toujours en retard, et j’en passe. Son contrat n’a pas été renouvelé. Par ailleurs, ses deux parents sont décédés et il n’a pas de frères et sœurs.
— On ne sait rien d’autre ? insiste Led’.
— Si, des détails de moindre importance : il est gaucher, supporter d’Arsenal, et passionné de jeux vidéo. Il aimait les comédies romantiques au cinéma, mais visiblement son romantisme s’arrêtait là.
Afficher en entierJ’entends ma mère s’affairer dans la cuisine. Quelle plaie, ma daronne ! Non seulement elle me rebat les oreilles avec ses injonctions – cherche du boulot, va à l’agence pour l’emploi, range la vaisselle et j’en passe – mais en plus elle se fait de la bile du matin au soir. Et son anxiété pénètre en moi ; tout mon corps me démange comme si des fourmis se promenaient sous ma peau.
On dirait qu’elle n’a pas pigé que je suis adulte. J’ai fêté mes dix-huit ans le mois dernier ; pourtant, elle continue de me couver comme une mère poule, à vouloir contrôler mes moindres mouvements, comme si j’étais sa mission sur cette Terre. Ça me rend dingue.
Afficher en entierJe ne me souviens pas de ce que j’ai fait ce matin-là, peut-être un peu de ménage. Mon genou me faisait terriblement souffrir et je crois que j’ai avalé plusieurs comprimés anti-inflammatoires. J’ai peut-être fumé quelques cigarettes en cachette sous la hotte de la cuisine et Nadja a regardé des dessins animés. D’ailleurs, j’avais dû augmenter le son à cause du vacarme des travaux sur l’avenue Karlavägen.
Ma fille aînée, Alba, a téléphoné depuis Paris pour m’emprunter de l’argent. Placide mais déterminé, je lui ai demandé d’en parler à sa mère : n’avais-je pas déjà rallongé de trois mille couronnes son argent de poche ? Sans oublier qu’Alexandre et Stella, son frère et sa sœur, n’avaient rien eu. Il fallait bien faire preuve d’équité, non ?
L’équité, quel drôle de concept, a posteriori.
Au bout d’un moment, Nadja, lasse de la télévision, s’est mise à chouiner, inconsolable. Je l’ai prise dans mes bras et j’ai arpenté l’appartement, tentant vainement de la calmer. Son petit corps était brûlant de fièvre et je lui ai donné du paracétamol, contre l’avis Afsaneh – une autre de nos pommes de discorde. Selon elle, on ne doit pas administrer de médicaments aux jeunes enfants, sauf s’ils sont à l’article de la mort.
Nadja a fini par s’apaiser – grâce à l’antipyrétique, à la tartine préparée par mes soins ou au bruit des travaux dans la rue qui représentait une distraction bienvenue, je l’ignore. Elle a voulu regarder dehors et je l’ai soulevée sur le rebord intérieur de la fenêtre. Elle est restée un long moment comme ensorcelée, à observer la pelleteuse creuser lentement la chaussée trois étages plus bas, tout en léchant de sa petite langue pointue le beurre de sa tartine et la morve sur sa lèvre supérieure. Nous avons discuté quelques instants de tractopelles, voitures, camions et motos – de tous les moyens de locomotion, en somme. Nadja était fascinée par les engins à moteur, surtout les plus bruyants – Afsaneh et moi l’avions déjà remarqué.
C’est sans doute à ce moment-là qu’Afsaneh a téléphoné depuis le café.
Afficher en entierNous étions une famille assez ordinaire et c’était une matinée comme toutes les autres, une matinée banale, l’une de ces journées auxquelles on n’attache aucune signification particulière avec la conviction qu’elles ne changeront pas le cours de notre vie. Simplement une journée de plus à supporter, à vivre.
Afficher en entierMünchhausen par procuration… Un individu provoque sciemment chez un autre – souvent son propre enfant – de graves problèmes de santé, puis consulte le corps médical auprès duquel il se fait passer pour le sauveur. La personne maltraitante se sent valorisée par l’attention qu’elle reçoit. Ce qui maintient et renforce le comportement pathologique.
Afficher en entierJe me suis rendu à Auschwitz l’hiver dernier : vous n’imaginez pas le nombre de personnes qui prennent des selfies ! Comme si elles avaient davantage à jouer de montrer qu’elles y étaient allées que de réfléchir à ce qui s’y est passé.
Afficher en entierMünchhausen par procuration… Un individu provoque sciemment chez un autre – souvent son propre enfant – de graves problèmes de santé, puis consulte le corps médical auprès duquel il se fait passer pour le sauveur. La personne maltraitante se sent valorisée par l’attention qu’elle reçoit. Ce qui maintient et renforce le comportement pathologique.
Afficher en entier-La société a changé, les structures sociales ont éclaté, la plus petite unité n'est plus la famille, mais l'individu. S'ajoute à cela la montée en puissance des réseaux sociaux. Plus d'un milliard de personnes se connectent sur Facebook chaque mois. Un milliard, vous imaginez? Et les autres plateformes se développent à vitesse grand V. Il y a une forte corrélation entre la dépendance aux réseaux sociaux et le comportement narcissique. Une corrélation établie par essai clinique. En réalité, ce n'est pas étonnant - l'objectif est de montrer une façade qui permet d'engranger le plus de likes, de commentaires, enfin, ce qui intéresse l'utilisateur.
Afficher en entierLe nombre de personnes narcissiques a explosé depuis les années quatre-vingt. Que les gens sont prêts à faire n'importe quoi pour avoir une reconnaissance sur Internet.
Afficher en entierJe n'ai pas l'audace de suivre le fil de mes pensées, j'ignore où peuvent me mener toutes mes idées rebelles si je les embrasse. Tout cela me fait bien trop peur.
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