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Ding dong, fait la sonnette.
Mon coeur s'arrête et dans mon esprit résonne le poème de John Donne : "ne demande jamais pour qui sonne le glas, il sonne pour toi."
Afficher en entierDe mon côté, après la perte du bébé, j'ai passé beaucoup de temps à essayer de reprendre contact avec mon corps.
Au début je me demandais constamment si c'était pour ça que tout était allé de travers. Cette distance qu'il y avait entre mon corps et mon esprit. Je savais que ce n'était pas le cas, qu'il y avait très probablement quelque chose qui n'allait pas avec le bébé, que j'étais censée appeler un embryon, et que c'est pour ça qu'il ne s'est pas développé. Apparemment, la nature gère les choses à sa manière. Et peut-être en considérant sa conception, que c'était pour le mieux. Mais, en réalité, moi, je pensais à lui ou à elle comme à un bébé, et je le voulais, je voulais quelqu'un dont j'aurai pu m'occuper, quelqu'un à aimer, et je l'ai perdu, et on ne m'a donné aucune véritable raison ni explication sur ce qui s'est passé. Ce n'était qu'un fardeau de plus à porter. Une autre cicatrice à dissimuler.
Afficher en entierJe suis assise là, défiant du regard l'homme qui a probablement assassiné Eve.µe sais qu'il va gagner. La certitude paisible dans son regard, son attitude imperturbable devant ma révélation ont confirmé ce dont je me suis rendu compte une demi-seconde après avoir révélé que je détenais les journaux : il possède la froideur nécessaire pour tuer.
Afficher en entierLe téléphone sonne à l'étage. Je veux l'ignorer, mais ça pourrait être caleb, J'ai essayé de l'appeler des milliers de fois pour lui dire de venir chercher Butch, ou de trouver quelqu'un d'autre pour le garder, parce que, dès que quelqu'un d'autre pour le garder, parce que, dès que quelqu'un s'occupera de Butch, moi je chercherai un autre endroit où vivre.
Je comprends maintenant pourquoi Jack n'a pas voulu me dire ce qui s'est passé après l'accident : ça montre qu'il ne m'aime pas vraiment. Il a agi machinalement. Sa réaction quand il a découvert que c'était moi dans la voiture et non Eve, c'était comme la différence entre l'agonie d'un membre de sa famille et celle d'un collègue t- pour l'un on donnerait tout pour qu'il aille mieux, pour l'autre on espère autant que possible qu'il aille mieux.
Afficher en entierNon, me dis-je à moi-même. Il y a des gens qui se soucient de moi, sur qui je peux compter, mais ils ne peuvent pas me soutenir parce que je ne peux pas leur raconter que je rêve d'Eve, que j'ai trouvé ses journaux intimes et que j'ai fait la plus grosse erreur de ma vie. Je n'aurais jamais dû m'approcher de Jack, et encore moins l'épouser. Il n'était pas prêt. J'ai été bête de l'accepter parce que je l'aimais. Qui a dit : "L'amour est aveugle, il est stupide", déjà ? Il avait raison. Et moi j'ai été la personne la plus stupide du monde.
"Voulez-vous que je vous adresse à une aide psychologique ?"
Je secoue la tête, essuie une larme sur ma joue.
"Je vais me trouver un psychologue privé. Je ne sais pas ce que j'ai. Ce n'est pas comme sis quelqu'un était mort.
Afficher en entierQuand j'ai commencé ma thèse, mon directeur a beaucoup soutenu le sujet que je proposais, surtout parce que cela n'avait jamais été étudié à l'université. Nous pensions tous les deux que j'allais trouver des financements extérieurs, que des compagnies seraient intéressées. Mais peu l'étaient et les quelques rares... J'ai eu un entretien avec quelqu'un d'une entreprise qui semblait enthousiaste, et il m'et arrivé la même chose qu'à Eve avec son propriétaire - je me suis retrouvée avec la main de ce type sur la cuisse. Il m'offrait tous les financements que je voulais si j'étais "gentille" avec lui.
J'ai regardé ses yeux bleu-vert, son visage - qui ne m'avait pas semblé dénué de charme au début - et ressenti une telle révulsion lorsque sa main s'est mise à remonter lentement. Dehors, derrière la porte, il y avait des centaines de gens, mais dans cette pièce, il se sentait assez sûr de lui pour se permettre ça.
"Vous êtes sérieux ? ai-je dit.
Afficher en entierLeur salon, comme toutes les autres pièces de leur maison, était immense. J'aurais pu y faire facilement rentrer deux fois mon appartement. Aux murs pâles, vert d'eau, surmontés d'un haut plafond blanc, s'alignaient vitrines, buffets et magnifiques meubles sculptés, manifestement d'époque et de grande valeur. Je savais que jack venait d'un milieu aisé, mais cette maison mettait le doigt sur nos différences et notre rapport au monde.
Je m'assis sur le canapé le plus proche de la cheminée et fus surprise de voir Jack s'installer sur l'accoudoir, déployer son bras sur le dossier et poser une main sur mon épaule. J'aimais me trouver près de lui - sa chaleur et son odeur - mais là, c'était gênant dans cette circonstance particulière. On aurait presque dit dun démonstration forcée de solidarité, comme s'il marquait son territoire tout en montrant bien que nous étions UN COUPLE. Peut-être que l'idée de notre mariage plaisait moins à ses parents qu'ils ne le prétendaient ? Peut-être attendaient-ils que nous les convainquions que je n'étais pas uniquement la femme qui m=permettrait à leur fils de passer cette période de transition faisant suite à la mort de leur belle-fille et pensaient-ils qu'il précipitait un peu les choses ? Mon estomac se noua un peu plus. Et le fait que Jack ne connaisse pas mon vrai prénom n'allait pas vraiment les rassurer.
Afficher en entier"Libby Rabvena, on fait des cachotteries ? me demanda Paloma à mon retour dans la salle de repos après une épilation du maillot particulièrement éprouvante.
Je tremblais encore en espérant ne pas en rêver la nuit quand les mots de Paloma m'avaient stoppée net sur le seuil. C'était ma chef : la gérante de Si Pur, l'institut de beauté sélect pour celles qui aimaient se faire purifier de la tête aux pieds.
A ses côtés, telle une armée de soldats en uniforme blanc, impeccables jusqu'au bout des ongles, teint hâlé et parfaitement hydraté, se tenaient Inés, Sandra, Amy et Vera, les autres esthéticiennes qui, comme moi, n'avaient qu'un but dans la vie : transmettre la philosophie Si Pur. Devant leurs visages impatients, sans aucun imperfection, j'appréhendais le pire. Elles préparaient quelque chose, une surprise, peut-être. Je détestais les surprises. Je préférais toujours savoir à quoi m'attendre.
"Pas que je sache", dis-je prudemment.
Afficher en entierIl est si gentil que je ne veux pas le perturber en lui révélant à quel point j'ai mal. Il n'a pas envie de m'entendre geindre, et moi, je veux simplement dormir. Simplement fermer les yeux et m'endormir...
"Les gars vont bientôt commencer à vous dégager, Libby. Après on vous emmène directement à l'hôpital pou qu'ils s'occupent de vous. OK ? Mais il faut que vous restiez éveillée pendant qu'ils vous dégagent. Libby, vous m'entendez ? Vous comprenez ce que je dis ?
Afficher en entierIl faisait chaud dehors et l’air, chargé d’une promesse de pluie, était lourd. Prenant une grande inspiration, j’osai un dernier coup d’œil à ma voiture avant de descendre lentement la large allée du showroom jusqu’à la route principale et l’arrêt de bus. Je me trouvais prise entre indignation et tristesse : indignée par la manière dont Jack avait interrompu notre conversation sans hésiter, et attristée par mon impulsivité qui m’avait empêchée d’obtenir la voiture de mes rêves. Arg ! Il fallait tout recommencer depuis le début maintenant – après m’être tapé le bus, le train et encore le bus pour rentrer à la maison. Super, le jour de congé !
« Libby, Libby ! » appela une voix d’homme.
Inutile de me retourner pour savoir à qui elle appartenait. L’homme me barra le passage deux secondes plus tard, lunettes de soleil toujours sur le nez.
« Je suis vraiment désolé. Je n’ai simplement…
— … pas ressenti le besoin d’attendre que la femme insignifiante ait terminé parce que vous êtes tellement plus important que tout le monde que vous devez passer en premier ? »
Surpris, il en ôta ses lunettes.
« Je ne sais pas trop quoi dire, là.
— Peut-être parce qu’il n’y a rien à dire, Jack. »
Il eut l’air éberlué : manifestement, on ne se permettait pas souvent de lui répondre de la sorte.
« Peut-être que des excuses constitueraient une réponse appropriée, suggéra-t-il.
— Peut-être, fis-je avec un haussement d’épaules.
— Je suis désolé. J’ai été grossier. Je n’aurai jamais dû interrompre votre conversation, et je ne peux que vous demander de m’en excuser. »
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